10 millions de dollars: Kent Hughes pris la main dans le sac

10 millions de dollars: Kent Hughes pris la main dans le sac

Par David Garel le 2025-04-09

Ivan Demidov est officiellement sur le point d’arriver à Montréal. L’icône tant attendue, le prodige russe, va enfin porter le chandail bleu-blanc-rouge.

Une nouvelle qui secoue la LNH, qui enflamme la métropole, mais qui soulève aussi une question lourde de sous-entendus : comment ça se fait qu’il est déjà libéré de son contrat?

La réponse officielle?

«Parce que Rotenberg voulait lui permettre d'affronter Ovechkin pour le rayonnement du hockey russe.»

Sérieusement?

C’est littéralement l’histoire qu’on tente de faire gober au public en ce moment. Un mensonge ridicule. Un conte de propagande monté de toutes pièces pour ne pas ébranler le "vernis légal" qui entoure la convention KHL-LNH.

Et les médias traditionnels – toujours à la solde du Canadien – font semblant d’y croire. Ou plutôt, font semblant de ne pas savoir.

Mais la vérité, dans les coulisses, tout le monde la connaît.

Le Canadien de Montréal a payé. Et pas un petit montant. Entre 5 et 10 millions de dollars auraient été versés – discrètement – au SKA de Saint-Pétersbourg pour que le joueur russe soit libéré prématurément.

Un montant qui circule dans le milieu depuis des semaines. Évidemment, on ne peut pas l’écrire noir sur blanc dans les communiqués officiels. C’est illégal.

Non seulement pour des raisons sportives (puisqu’il n’y a pas d’entente de transfert), mais aussi pour des raisons politiques (les sanctions contre la Russie).

Mais quand on regarde la situation dans son ensemble, ça saute aux yeux.

Roman Rotenberg a passé toute l’année à punir Ivan Demidov. Temps de jeu réduit. Retiré de l’alignement. Rabaissé au poste de 13e attaquant. Tentatives répétées de le convaincre de signer une prolongation à Saint-Pétersbourg. Même la menace d’un retour en MHL – la ligue junior russe – planait sur sa tête.

Et soudainement, comme par magie, le SKA devient coopératif? Comme si on voulait faire une fleur à la LNH, à Kent Hughes, et à Jeff Gorton? Pour le plaisir du spectacle? Pour promouvoir la confrontation Demidov–Ovechkin?

Faut arrêter.

C’est une opération secrète, orchestrée en douce par le CH. Une manœuvre clandestine, mais brillante, qui permet à Montréal de ramener son joyau juste à temps pour les séries éliminatoires sans brûler la première année de son contrat.

Parce que, soyons clairs : Kent Hughes n’aurait jamais risqué de perdre une année de contrôle sur Demidov pour trois matchs de saison régulière. 

L’agent Dan Milstein l’a bien précisé : tant que le visa n’est pas finalisé, tant que les formalités ne sont pas complétées, il n’y aura pas de commentaire.

Une manière polie de dire : on vous dira la vérité… quand vous ne pourrez plus rien y changer.

Actuellement, Demidov n’est plus en Russie. Il est en escale à Istanbul, en Turquie. Il attend la délivrance finale de son visa canadien.

On prévoit qu’il rejoindra l’équipe d’ici samedi à Toronto, au plus tard lundi pour le match contre les Blackhawks. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que ce n’est pas un simple voyage d’affaires.

C’est une fuite organisée. Une évacuation contrôlée, une opération logistique encadrée dans les moindres détails pour ne pas éveiller les soupçons.

Et on nous demande maintenant de croire que tout ça est arrivé grâce à une idée romantique de confrontation avec Ovechkin? Comme si Rotenberg avait eu une illumination soudaine sur l’image du hockey russe?

Non.

Le SKA a pris l’argent. Et il s’est tu.

Parce que son pouvoir s’effondre. Parce que sa crédibilité en Russie est en chute libre. 

Et il sait surtout que Demidov n’allait jamais rester. Plutôt que de le renvoyer en MHL et d’exploser un scandale médiatique mondial, il a choisi le chèque, la discrétion et la façade de grandeur.

Avec cette opération, Kent Hughes sort grand gagnant. Il garde la première année du contrat de Demidov intacte. Il protège sa masse salariale.

Il ajoute un joueur de calibre élite à son alignement en pleine course aux séries. Et surtout, il réussit là où la majorité des DG a échoué (à part Daniel Brière) : faire sortir un joueur russe de la KHL avant l’échéance officielle.

Il a pris un risque énorme, mais maîtrisé. Et il s’en sort sans une égratignure.

Et pendant ce temps, les journalistes complices font semblant de rien.

Les mêmes qui riaient des blogus pour avoir osé parler de cette possibilité.

Les mêmes qui, sur les ondes du 98.5, qualifiaient ces rumeurs de « sites poubelles ».

Les mêmes qui n’ont toujours pas eu le courage de reconnaître qu’ils se sont fait doubler. Que pendant qu’ils lisaient des communiqués de presse, le Canadien montait une opération digne d’un roman de John le Carré.

Demidov arrive. La bombe est tombée.

Il sera au Centre Bell dès lundi. Pour des millions de dollars...et non à cause d'Alex Ovechkin...

Il y a bien des façons d’habiller une décision monétaire en geste généreux. Et c’est exactement ce que Roman Rotenberg a tenté de faire en libérant Ivan Demidov sous le prétexte que ce dernier allait pouvoir affronter Alex Ovechkin en séries éliminatoires de la LNH.

Ce que Rotenberg n’avait pas prévu, c’est que personne à Montréal n’allait gober cette version.

Derrière le rideau du "storytelling russe" se cache une vérité beaucoup plus crue : Demidov a souffert en silence toute la saison, humilié, ignoré, utilisé sporadiquement, laissé dans les gradins, puis relégué à des rôles humiliants comme 13e attaquant.

Et pourtant, jamais une plainte. Jamais une sortie médiatique. Pas même un geste de frustration. Et c’est exactement ça qui a tout changé.

Roman Rotenberg, dont le régime de terreur au SKA est bien documenté, n’a pas eu le choix. Il savait que s’il retenait Demidov jusqu’au 31 mai malgré son attitude irréprochable, l’opinion publique allait finir par se retourner contre lui, même en Russie.

Le stratège du régime Poutine a compris qu’il n’avait rien à gagner à briser un joueur comme Demidov, qui représente encore un espoir d’image pour le hockey russe. Alors il a retourné la situation à son avantage : en le libérant sous un faux prétexte glorieux, celui d’un duel avec Ovechkin, Rotenberg se donne l’air du sauveur du sport. Mais la vérité? C’est Demidov qui a gagné. À la dure. À la loyale. À la Demidov.

Le vétéran journaliste russe Alexey Shevchenko l’a confirmé dans des échanges : Demidov n’a jamais haussé le ton. On lui disait de jouer en MHL? Il y allait.

En VHL? Il s’exécutait. Il ne recevait que 13 minutes de glace par soir? Il travaillait plus fort encore. Il aurait pu éclater, claquer la porte. Il a préféré serrer les dents et tout endurer. Et au final, c’est ce courage exceptionnel qui a forcé Rotenberg à flancher.

Quand on regarde Ivan Demidov aujourd’hui, en route vers Montréal, on ne voit pas juste un joueur spectaculaire, un futur magicien offensif.

On voit un modèle de professionnalisme à 19 ans. Un jeune homme qui aurait pu tout foutre en l’air, mais qui a préféré faire confiance au temps et à son travail.

Et quand viendra le moment de prendre la parole à Montréal – car ce moment viendra – ne soyez pas surpris si Demidov pousse habilement le récit : un jeune prodige qui a fait honneur au hockey russe, qui a respecté ses engagements, qui a choisi la dignité au lieu du conflit, et qui a été récompensé.

Dans un monde où les tensions géopolitiques minent l’image des athlètes russes, ce message sera stratégique. Calculé. Et percutant.

Alors oui, la version officielle est ridicule. Non, Demidov n’a pas été libéré pour affronter Ovechkin et « faire rayonner le hockey russe ».

Il a été libéré parce qu’il a résisté à la pression, parce qu’il a forcé le respect. Et ça, c’est une victoire bien plus grande que n’importe quelle campagne de relations publiques.

Rien n’était gagné d’avance. Rien n’a été donné. Et pourtant, Ivan Demidov a franchi toutes les étapes. Le gamin humilié est devenu un homme. Le joueur écarté est maintenant l’espoir d’un peuple. Et c’est Montréal qui va en profiter.

Avec Ivan Demidov, ce n’est pas juste un talent qui arrive. C’est un message : même dans l’ombre, la lumière finit toujours par revenir.

Surtout avec une enveloppe brune en-dessous de la table...