L’énigme Vincent Lecavalier vient enfin d’être résolue.
Depuis qu’il a été nommé conseiller spécial auprès du directeur général Kent Hughes, beaucoup se demandaient ce qu’il faisait exactement pour mériter son salaire du Canadien de Montréal, tout en profitant du soleil de la Floride.
Et bien, il semble que la réponse soit un peu plus personnelle qu’on l’imaginait. Lors d’une récente entrevue accordée au Journal de Montréal, Hughes a fait une révélation surprenante : il doit sa carrière d’agent à Lecavalier, rien de moins.
En effet, à une époque où Hughes était à un tournant difficile de sa carrière, c’est Lecavalier qui l’a sauvé en devenant son client.
Au début des années 2000, Kent Hughes se trouve à un tournant décisif de sa carrière. Diplômé en droit de Boston College et ayant gravi les échelons dans le milieu des agences sportives, il commence à se demander si ce chemin est vraiment le sien.
Après avoir perdu Alex Tanguay comme client, le moral de Hughes est à son plus bas. Il a "choké" ses négociations avec Pierre Lacroix, DG de l'Avalanche du Colorado, n'arrivant pas à en venir à une entente, si bien que Tanguay l'a quitté pour Robert Sauvé.
Hughes est à deux doigts de quitter le milieu des agents sportifs pour se consacrer à la pratique du droit et redevenir avocat.
C’est à ce moment Vincent Lecavalier le sauve.
Hughes décide de tenter sa chance en approchant la superstar du Lightning de Tampa Bay. Pendant un moment, rien ne se passe. Lecavalier ne donne pas de réponse, et Hughes, de plus en plus découragé, envisage de mettre fin à sa carrière d'agent pour de bon.
Mais un jour, le téléphone sonne : c'est Lecavalier, qui accepte finalement de devenir son client. Cet instant marque un tournant décisif pour Hughes, qui voit sa carrière lancée pour de bon.
Lecavalier devient son premier grand client dans le monde du hockey professionnel, et grâce à cette association, et surtout grâce à l'un des contrats les plus faramineux à l'époque (11 ans et 85 millions de dollars), Hughes acquiert une réputation solide dans le milieu des agents.
Sans cette signature, Hughes admet lui-même qu’il n’aurait jamais eu l’opportunité de percer dans ce milieu compétitif, encore moins de devenir directeur général dans la LNH.
Sans Lecavalier, Hughes admet qu’il aurait abandonné sa carrière d’agent pour retourner à la pratique du droit.
On connaît la suite. Lecavalier a été racheté sept ans avant la fin de son contrat par le Lightning de Tampa Bay. Kent Hughes a ensuite convaincu les Flyers de lui accorder un contrat de 5 ans pour 22,5 M$, alors que l'attaquant était fini à la corde.
Selon plusieurs experts, Lecavalier fut le joueur le plus surpayé de l'histoire de la LNH, empochant 135 millions de dollars, merci à Kent Hughes.
Bref, le Québécois a été le point tournant qui lui a permis de se lancer et de devenir l’agent reconnu qu’il est aujourd’hui, représentant des joueurs vedettes comme Patrice Bergeron et Kris Letang avant de prendre les rênes du Canadien.
En remerciement, Hughes a trouvé une manière subtile de rendre la pareille à celui qui l’a mis sur la voie du succès.
Mais aujourd’hui, la véritable contribution de Lecavalier au sein du Canadien est remise en question. Il réside toujours en Floride, où il entraîne son fils au hockey et accompagne ses filles dans des tournois de golf.
Il avoue lui-même que ses tâches pour le CH sont plutôt vagues. Même s'il porte le titre de « conseiller spécial aux opérations hockey », il semble que la majorité de son travail se fasse depuis chez lui, et qu’il soit davantage sollicité à distance pour quelques tâches occasionnelles, comme observer des joueurs ou donner son avis lors du repêchage.
Officiellement, ses tâches incluent de donner son avis sur des joueurs en vue d'échanges potentiels ou d’assister à la préparation du repêchage.
Mais comme il le fait principalement à distance, il doit regarder des vidéos, au lieu d'observer les joueurs en personne.
Une sorte de "dépisteur youtube". Ça ne fait pas sérieux.
Même les journalistes traditionnels commencent à s’interroger. Selon eux, les rôles de Lecavalier sont flous et peu définis.
Oui, il offre son expertise lorsqu’on lui demande, mais la réalité est qu’il passe probablement plus de temps sur les terrains de golf que dans les bureaux du Canadien.
Ce n’est plus un secret : l’ancien numéro 4 du Lightning profite d’un emploi tranquille qui ressemble davantage à une récompense pour services rendus qu’à une véritable mission au sein de l’organisation.
Au final, le mystère Lecavalier n’est peut-être pas si mystérieux. Il est le symbole d’un pacte entre amis de longue date, une démonstration du pouvoir des relations personnelles dans le monde du sport professionnel.
Voilà une façon polie de dire que le Country Club du Canadien de Montréal est profond. Très profond.
Et pendant que Vincent continue de profiter du soleil, on peut se demander combien de temps encore Geoff Molson tolérera que l’argent du club soit dépensé pour un poste dont l’utilité réelle reste à prouver.
Le Canadien de Montréal est devenu un environnement où les amitiés et les alliances forgées au fil des ans ouvrent des portes et créent des opportunités parfois difficiles à justifier aux yeux du public.
Lecavalier n’a pas besoin de se casser la tête, ni de s’investir pleinement dans les opérations du Canadien, car sa place est sécurisée.
Hughes lui offre une reconnaissance sous forme de remerciement pour l’avoir aidé à devenir l’un des agents les plus influents de la LNH. (son agence valait plus de 290 millions de dollars quand il est devenu DG du CH).
Chez le Canadien de Montréal, on prend soin des anciens amis, même si leur rôle est flou. Étrange quand nous sommes dans une société où chaque dollar compte pour la compétitivité d’une équipe et les performances d'une entreprise.
Un DG multimillionnaire qui donne un chausson à son "chum" multimillionnaire. Rien de trop beau dans le Country Club de Montréal.