1.5 million pour Emil Heineman : Le prix pour avoir été happé par une voiture

1.5 million pour Emil Heineman : Le prix pour avoir été happé par une voiture

Par André Soueidan le 2025-05-09

C'est l'histoire improbable d'une saison prometteuse stoppée net par un fait divers tragique.

Une collision avec une voiture. Une vraie. Pas une mise en échec, pas un contact le long de la bande. Un véhicule.

Et pourtant, Emil Heineman est aujourd'hui en voie de négocier un contrat d’environ 1.5 million par saison avec le Canadien de Montréal.

Le jeune Suédois, aujourd'hui âgé de 23 ans, deviendra agent libre avec restriction le 1er juillet prochain.

Il fait partie d'un petit groupe de joueurs dans cette situation, aux côtés de Jayden Struble et Jakub Dobes. Mais de tous les cas sur la table, c'est le sien qui intrigue le plus.

Pourquoi? Parce qu'Heineman, malgré une saison 2024-2025 freinée abruptement par l'accident, avait laissé entrevoir un réel potentiel. 

En 41 matchs avant sa blessure, il a inscrit 10 buts. Une production modeste, certes, mais pour une jeune recrue, tout semblait si prometteur avant l'accident.

Son instinct de buteur semblait en pleine éclosion. Et puis, le malheur est survenu.

Faucher par un véhicule alors qu'il était piéton, Heineman a vu sa montée stoppée.

Il n'a jamais vraiment retrouvé son rythme. La fin de saison a été un long tunnel sans réelle étincelle.

Mais aujourd'hui, le Championnat du monde arrive comme une planche de salut. Inséré au sein du troisième trio de la Suède aux côtés de Mikael Backlund et Elias Lindholm, Heineman a déjà récolté une mention d'aide, en plus d'un écran parfait sur le but de Lindholm.

Il a joué un peu plus de 12 minutes, mais il était visible. Actif. Inspiré.

Et à Montréal, on commence à se dire que ce gars-là vaut peut-être un contrat.

Mais combien? On sait que Jake Evans touche 2.8 millions. C'est trop.

Heineman n'a pas prouvé assez.

Il n'est pas encore un joueur stable de la LNH. Mais en même temps, on regarde Arber Xhekaj, payé 1.3 millions, et on se dit : Heineman est dans ces eaux-là.

Un contrat pont, probablement sur deux ans, à 1.4 ou 1.5 millions annuellement, serait logique.

Ce serait une manière de récompenser son retour, de le motiver à consolider son statut dans le bottom-6 du CH, tout en gardant la masse salariale sous contrôle.

Mais il y a un facteur qu'on ne peut pas ignorer : la perception.

Est-ce que le CH peut vraiment se permettre de donner 1.5 million à un joueur qui a inscrit 2 points en 2025?

1 but, 1 passe...

Est-ce que ce contrat ne risque pas d'être vu comme une manière d’éviter un arbitrage embarrassant? Ou pire, une prime de compassion mal calibrée?

Heineman a du talent. Il a une bonne vitesse, un tir sec, et il est responsable en zone neutre. Mais il devra livrer la marchandise.

Parce que dans un vestiaire où des gars comme Gallagher, Pezzetta et Anderson se battent pour chaque minute, le moindre dollar de trop devient une cible.

Et Kent Hughes le sait.

Le DG devra jouer serré. Il devra lire l'intériorité d'un joueur qu'on n'a pas encore vu à son plein potentiel.

Mais s'il y croit, s'il pense qu'Emil Heineman peut retrouver sa forme pré-accident, alors 1.5 million, c'est peut-être le bon prix.

Oui, le prix pour avoir été happé par une voiture.

Mais surtout, le prix pour ne pas se faire frapper par une offre hostile d’une autre équipe qui aurait vu, elle aussi, quelque chose qu'on commence à revoir.

Un héritier discret. Un ailier efficace. Et un pari qu'on pourrait très bien encaisser juillet prochain.

arce qu’au fond, Kent Hughes n’a pas le luxe d’échapper ce dossier.

Ce n’est pas un contrat qu’il a hérité, c’est un joueur qu’il a personnellement été chercher dans la transaction Tyler Toffoli, en 2022.

Ce n’est pas une expérience laissée par Marc Bergevin. C’est sa prise. Son choix. Son pari.

Et comme tout bon directeur général, il devra maintenant assumer ce qu’il a vu chez Emil Heineman.

L’explosivité. Le flair. Le potentiel d’un marqueur secondaire capable de dynamiter une quatrième ligne ou de combler temporairement un trou dans un top-9.

Alors oui, il va devoir le signer. Et il va devoir le signer juste assez cher pour lui montrer qu’il croit encore en lui, sans pour autant brûler de l’espace inutilement sur sa masse salariale.

Un équilibre délicat, mais stratégique.

Parce qu’un DG qui mise sur ses propres pions, ça se voit. Ça s’entend.

Et ça se juge à la signature.

Amen