16 millions de dollars: Jeff Gorton et Kent Hughes frappent un coup de circuit

16 millions de dollars: Jeff Gorton et Kent Hughes frappent un coup de circuit

Par David Garel le 2025-09-15

L’enthousiasme était puissant au tournoi de golf des Canadiens. Les sourires étaient francs, les poignées de main fermes, et l’optimisme coulait à flot dans les allées verdoyantes du club Laval-sur-le-Lac.

Il faut dire que les partisans ont enfin une raison de rêver. L’équipe a participé aux séries en avril, le retour de Kirby Dach change la donne, et les arrivées de Noah Dobson et Zachary Bolduc ont galvanisé l’organisation.

Mais dans les coulisses, c’est une autre bataille tout aussi cruciale qui s’est amorcée : celle de la prolongation de contratde Jeff Gorton et Kent Hughes.

Et là, on ne parle pas de quelques petits ajustements salariaux. On parle d’un chèque historique. On parle de 15 à 16 millions de dollars annuels. On parle de redéfinir les standards de l’élite dirigeante dans la LNH.

Ce que Renaud Lavoie a révélé, ce n’est pas tant une surprise qu’une confirmation. Oui, le CH veut prolonger ses deux cerveaux.

Mais la vraie information est ailleurs : les Islanders de New York ont offert les clés de leur organisation à Jeff Gorton. Double poste : président et directeur général, avec les pleins pouvoirs. Salaire à la hauteur. Le rêve.

Et pourtant, Geoff Molson a dit non. Il a bloqué toute discussion. Parce qu’il sait que Gorton est le pilier de son projet. Le cerveau derrière la transformation. L’homme fort. Le président de facto, même sans le titre.

Les Islanders ont finalement nommé Mathieu Darche.

Mais refuser une telle offre sans rien offrir en retour? Oubliez-ça. Gorton a accepté de rester, mais il ne restera pas éternellement sans reconnaissance. Son contrat se termine en 2026. Si on veut le garder, il faut sortir le chéquier. Et vite.

Le chiffre circule avec insistance dans les bureaux du CH : 10 millions de dollars par saison pour Jeff Gorton. Le dirigeant le mieux payé de l’histoire de la LNH. Presque le double de Kyle Dubas, le dirigeant le mieux payé de la LNH, et près du triple de Julien BriseBois à Tampa Bay, considéré par plusieurs comme la référence dans le circuit.

Et honnêtement? Ce ne serait pas volé.

Gorton est un stratège respecté, convoité par plusieurs équipes (les Blue Jackets ont aussi essuyé un refus de la part de Molson avant de nommer Don Waddell) et il a redonné au CH une crédibilité perdue. Il a aussi instauré une structure à deux têtes qui fonctionne, malgré les frictions.

Le problème? L’autre tête du monstre, Kent Hughes, est spectaculairement sous-payée.

Il faut le dire clairement : le salaire actuel de Kent Hughes est une insulte. En 2022, il hérite d’un club ruiné. En 2025, le CH fait les séries, deux ans en avance sur son échéancier. Et pendant ce temps, il touche 1,7 million.

Comparons :

Kyle Dubas (Pittsburgh) : 5,7 M$

Julien BriseBois (Tampa) : 3,5 M$

Doug Armstrong (St-Louis) : 3,0 M$

Don Sweeney (Boston) : 2,9 M$

Ken Holland (Los Angeles) : 2,5 M$

Daniel Brière (Philadelphie) : 2,0 M$

Steve Yzerman (Détroit) : 1,8 M$

Barry Trotz (Nashville) : 1,7 M$

Kent Hughes (Montréal) : 1,7 M$

Même Marc Bergevin, avec ses erreurs à répétition, touchait plus de 3 millions. Même Martin St-Louis, son entraîneur, gagnera 5 millions cette saison.

Le DG du CH est donc le moins bien payé de toute la structure… tout en ayant livré des résultats concrets. C’est indécent.

Les négociations sont donc simples : Gorton veut 10 M$, Hughes veut 5 M$ minimum. Certains pensent qu'il voudrait le salaire de Kyle Dubas (5,7 M$ par année).

Ensemble, on parle d’un duo supérieur à 15 millions par année proche du 16 millions. Du jamais vu dans la LNH.

Mais à quoi bon bâtir une super-équipe sur la glace si l’on néglige ceux qui la construisent? Ce duo a amené Noah Dobson, Zachary Bolduc, Lane Hutson, Ivan Demidov, David Reinbacher, Michael Hage, Jacob Fowler… La relève est là. Le talent est là. L’espoir est là.

Ce serait donc suicidaire de laisser filer l’un des deux. Et pourtant, le risque est bien réel.

Le scénario cauchemar, c’est l’été 2026. Les deux contrats arrivent à échéance. Et si Gorton sent que le CH hésite à le traiter comme un président, il pourrait partir ailleurs. Si Hughes sent qu’il n’a pas les pleins pouvoirs, il pourrait l’imiter.

Rappelons qu’il existe des tensions philosophiques entre les deux hommes. Gorton aime la robustesse, le « grit ». Hughes penche vers les stats avancées et la fluidité. Le cas Arber Xhekaj a représenté cette divergence.

Et si l’un quitte, l’autre pourrait suivre. Car l’équilibre est fragile. Ils se complètent, se challengent, mais ne sont pas interchangeables. Perdre l’un, c’est mettre l’avenir en péril.

La décision appartient maintenant à Geoff Molson. Et pour une fois, elle ne concerne pas le cap salarial, les droits télé ou les budgets marketing. Elle concerne l’essence même de sa franchise.

Le CH est à un carrefour. Pour continuer d’avancer, il doit verrouiller son duo. Et pour ce faire, il doit être prêt à créer un précédent salarial.

Fini le temps où l’on économisait sur la direction. Fini le temps où l’on acceptait que l’entraîneur gagne plus que le DG. Fini le temps où l’on offrait des miettes à des bâtisseurs.

Gorton et Hughes valent leur pesant d’or. Et si Molson ne veut pas voir son projet exploser à l’été 2026, il doit agir maintenant.

15 à 16 millions. C’est une somme astronomique. Mais dans une ligue où un joueur de soutien gagne 3 millions, payer les deux architectes de ta franchise à leur juste valeur n’est plus un luxe. C’est une nécessité.

Parce qu’en 2026, ce ne sont pas des agents libres qui cogneront à la porte. Ce seront des offres pour Gorton et Hughes. Et si Montréal n’a pas sécurisé son avenir, il risque de tout perdre.

Et dans ce cas, on ne parlera plus du "monstre à deux têtes". On parlera d’un cauchemar à deux sorties.

Molson n’a plus le choix. Il doit payer.

Maintenant.