Il y a des chiffres qui donnent la nausée.
Et il y a des chiffres qui donnent envie de tout faire sauter. Pour Pierre Karl Péladeau, le grand patron de Québecor, les révélations-chocs de la Fédération canadienne des contribuables (FCC) sur les salaires à six chiffres versés à Radio-Canada ne sont pas qu’un scandale : c’est une insulte à l’intelligence collective du peuple québécois.
Oui, vous avez bien lu : 1831 employés de Radio-Canada reçoivent plus de 100 000 $ par année, pour une facture totale de 240 millions de dollars.
Une hausse de 318 % en moins de dix ans, pendant que des chaînes privées comme TVA meurent à petit feu, étouffées par la concurrence déloyale… et par le silence des autorités.
C’est une gifle en pleine face. Une gifle financée par nos impôts.
Quand PKP crie à l’injustice… et qu’il a raison... il faut lui lever notre chapeau...
Pendant des années, Pierre Karl Péladeau a dénoncé l’inéquité flagrante entre le public et le privé. Il a hurlé contre TOU.TV Extra.
Il a dénoncé les contrats de surenchère à Los Angeles, où Radio-Canada se permet de dépasser Bell, Corus ou Québecor pour acheter des séries américaines. On a voulu le faire passer pour un paranoïaque. Un homme d’affaires frustré. Un pleurnicheur.
Mais aujourd’hui, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Et ils crient au scandale.
240 millions de dollars. Pour payer des salaires dorés. Pour récompenser des cadres et des employés protégés de toute concurrence. Pendant que des artisans de TVA Sports pleurent dans leur char parce qu’ils savent que leur job ne passera pas l’automne.
Une honte bâtie avec nos taxes.
Rappelons que Radio-Canada reçoit cette année plus de 1,4 milliard de dollars de fonds publics. Ce n’est plus une chaîne : c’est une armée. Une machine à contenir le marché, à dicter les tendances, à tuer la concurrence.
Et maintenant, on découvre que les hauts salariés y sont légion. Pire encore : le gouvernement fédéral refuse de divulguer la liste complète des salaires.
Alors que les gouvernements provinciaux publient les fameuses « listes à 100 000 $ », Ottawa, lui, joue à l’autruche.
On comprend pourquoi : les Canadiens n’ont pas le droit de savoir combien ils paient les vedettes et les dirigeants de Radio-Canada.
On nous demande de faire confiance. Mais la confiance, ça ne se décrète pas. Ça se mérite. Et en ce moment, il n’y a que du mépris.
Une obsession payante… pour personne...
Le plus ironique dans cette histoire? Radio-Canada a tout fait pour se défendre d’être biaisée. Et voilà qu’en pleine tourmente, elle vient de tirer dans son propre pied : après le scandale des segments commandités dénoncé par La Presse, elle a dû supprimer la pratique des entrevues publicitaires déguisées. Un aveu d’échec.
Plusieurs segments d’entrevues dans des émissions de la société d’État, notamment dans Bonsoir bonsoir!, étaient en réalité des publicités commanditées déguisées, réalisées à l’insu du public.
Le cas le plus éclatant? Celui de Marie-Claude Barrette, animatrice. Mais plutôt que de simplement parler de sa carrière, elle a glissé, sans aucune mention explicite, une promotion détaillée pour Karine Joncas, une marque de cosmétiques… qui commanditait en parallèle son propre site web personnel.
Autrement dit, Radio-Canada a offert une tribune publique, payée par nos taxes, pour qu’une ancienne animatrice de TVA vienne faire de la pub cachée pour une marque de produits de beauté avec qui elle avait un lien financier direct. Aucun avertissement au téléspectateur. Aucun bandeau. Aucune transparence.
Et Marie-Claude Barrette n’était pas la seule.
L’enquête a dévoilé que cette pratique était systémique. Que d’autres invités ont eux aussi profité d’ondes publiques pour vanter des produits ou des marques sans jamais mentionner qu’il s’agissait de contenu commandité. La frontière entre information et promotion avait été effacée. Volontairement.
Devant l’indignation généralisée, Radio-Canada a d’abord nié, puis tenté de justifier, puis finalement s’est excusée.
Dans un message publié sur ses plateformes, la société d’État a reconnu que certaines pratiques « ne respectaient pas ses normes internes » et qu’elles seraient « suspendues le temps de revoir les procédures ».
Mais le mal était fait.
La directrice générale de Radio-Canada a dû monter au front. On a promis des correctifs. On a formé un comité. On a juré que cela ne se reproduirait plus.
Mais dans les faits? Le public a perdu confiance. Et surtout, cette affaire a offert à Pierre Karl Péladeau le cadeau parfait pour relancer sa guerre idéologique contre Radio-Canada.
Pour lui, ce scandale prouve que Radio-Canada ne respecte plus son mandat. Qu’elle se comporte comme une chaîne privée, mais avec les moyens d’un État. Qu’elle pratique une concurrence déloyale, en payant des salaires à six chiffres à des gens qui, au fond, font du marketing déguisé sous prétexte d’entrevue.
Pourquoi continue-t-on à financer à coups de milliards une machine qui trahit ses propres principes? Pourquoi nos taxes servent-elles à faire la promotion de marques privées, sans transparence, sans avis clair, sans garde-fou?
Le scandale Barrette, ce n’est pas juste un incident. C’est le révélateur d’un système pourri, d’une société d’État qui a perdu ses repères et qui, par-dessus tout, a oublié qu’elle devait rendre des comptes à la population.
Il faut bien le dire : Pierre Karl Péladeau vient de remporter une victoire symbolique majeure. Radio-Canada a reculé. Elle a abandonné une pratique douteuse. Elle a fait profil bas. Elle a cédé à la pression.
Mais est-ce une victoire pour TVA Sports? Pour les employés de Québecor? Pour les artisans qui n’ont plus de ressources?
Non. Et c’est là le paradoxe.
Pendant que PKP pourfend Radio-Canada à coups de déclarations enflammées, ses propres troupes tombent au combat. TVA Sports est menacée de fermeture. Il l’a dit lui-même :
« Il ne faudrait pas s’étonner que TVA Sports cesse ses activités. »
Alors oui, il voit rouge. Mais sa colère ne suffit plus à sauver ses employés.
Un modèle qui s’effondre… et un autre qui s’engraisse.
Ce que ces salaires révèlent, au fond, c’est l’existence de deux systèmes médiatiques au Québec. D’un côté, le public : subventionné, surprotégé, surpayé. De l’autre, le privé : laissé pour compte, en restructuration permanente, étranglé par des règles absurdes.
Comment expliquer qu’en 2024, Radio-Canada puisse se permettre 1831 salaires à six chiffres, pendant que TVA licencie à tour de bras?
Comment tolérer que des plateformes comme TOU.TV surenchérissent contre les chaînes privées, alors qu’elles sont financées par l’État?
C’est indécent. C’est absurde. Et c’est injustifiable.
Le Québec en a assez
Les Québécois sont en train de se réveiller. On a ravivé une fracture culturelle profonde. Une fracture entre le Québec d’en haut, celui des structures subventionnées, et le Québec d’en bas, celui des artisans qui veulent simplement travailler et transmettre leur passion.
Et maintenant, on découvre que notre argent paie des salaires extravagants à une machine que personne ne contrôle. Qu’on subventionne une structure qui tue la concurrence.
Est-ce cela, la mission d’un diffuseur public?
Depuis des mois, Pierre Karl Péladeau répète que Radio-Canada doit être démantelée. On l’a traité d’extrémiste. On a trouvé ça cruel. Mais aujourd’hui, il n’est plus seul.
La FCC demande des comptes. Les citoyens demandent de la transparence. Les chiffres parlent.
Et ils disent une seule chose : le système est pourri.
Radio-Canada est devenue un empire ingérable. Un monstre qui avale tout. Un symbole d’un État paternaliste, déconnecté de sa population, incapable de justifier ses dépenses.
À une époque où chaque sou compte, où les hôpitaux manquent de ressources, où les écoles s’effondrent, comment peut-on continuer à financer une armée de 1831 salariés à six chiffres pour diffuser des entrevues commanditées et des séries américaines?
Il est temps d’agir
Ce texte n’est pas une attaque contre les journalistes. Ni contre la mission culturelle. C’est un cri du cœur contre un système devenu toxique.
Et ce cri, aujourd’hui, c’est Pierre Karl Péladeau qui le hurle le plus fort.
Il voit rouge. Mais pour une fois, il n’est pas seul.
Le Québec le regarde. Et cette fois, il commence à écouter.