La saison 2025-2026 du Canadien de Montréal n’est même pas commencée que déjà, une ombre plane sur le Centre Bell.
Pas celle de la reconstruction interminable qu’on a subie pendant des années. Pas celle des défaites « utiles » qu’on nous servait comme des victoires morales. Non. Cette fois, c’est une ombre bien plus lourde : celle de la pression absolue sur les épaules de Martin St-Louis.
Parce qu’après l’été spectaculaire de Kent Hughes et Jeff Gorton, qui ont transformé le CH d’un club en transition en une véritable équipe aspirante, il n’y a plus d’excuses.
Les séries éliminatoires ne sont plus une possibilité, elles sont une obligation. Et pour Martin St-Louis, cette saison sera la plus dangereuse de sa carrière : s’il réussit, il sera consacré comme entraîneur de l’année, un Jack Adams presque garanti. Mais s’il échoue? Ce sera le congédiement, brutal et définitif.
Car le reconstruction est officiellement terminée.
On n’en est plus au « mix », ce fameux mot qu’on entendait chaque année au tournoi de golf du Canadien pour éviter de parler franchement de séries.
En septembre 2025, le discours a changé. Renaud Lavoie l’a dit sans détour : la reconstruction, « eh bien, elle n’existe plus ».
Et il a raison. Quand Kent Hughes sacrifie deux choix de première ronde pour aller chercher Noah Dobson, on n’est plus dans une logique de patience.
Quand Zachary Bolduc débarque à Montréal pour muscler le top 9, quand Ivan Demidov entame sa première saison complète, quand le contrat de Carey Price est enfin en voie d’être transigé pour libérer la masse salariale, on n’est plus dans l’attente. Le Canadien joue pour gagner. Maintenant.
C’est excitant pour les partisans. Mais pour Martin St-Louis, c’est terrifiant. Parce que quand la direction appuie sur l’accélérateur, l’entraîneur n’a plus le droit de rater la marche.
Réjean Tremblay l’a écrit noir sur blanc :
« Participer aux séries éliminatoires est obligatoire. » Point. Pas de nuances, pas de conditions. Pour la première fois depuis longtemps, les fans ne veulent pas seulement du progrès, ils veulent des résultats.
Et Tremblay va encore plus loin : selon lui, la Coupe Stanley est attendue à Montréal dès 2027. Pas dans dix ans, pas dans un futur lointain. Dans deux saisons.
Cette prédiction, amplifiée par l’IA elle-même, alors que ChatGpt projette le CH champion en 2027, ajoute un poids colossal sur les épaules de l’entraîneur.
Parce que si le scénario se réalise, il doit être celui qui mène l’équipe jusque-là. Mais s’il rate son coup, il ne sera plus l’homme de la situation.
Surtout que son contrat de 5 M$ par année se termine... en 2027...
L’équation est cruelle. Si le CH performe au-delà des attentes, Martin St-Louis sera célébré. On dira qu’il a su transformer une jeune équipe prometteuse en véritable machine.
On lui décernera le Jack Adams, symbole de la consécration pour un entraîneur qui n’avait au départ aucune expérience derrière un banc de la LNH.
Mais si l’équipe s’écrase? Si elle commence la saison avec un dossier de 2-8 en octobre? Les médias et les partisans ne pardonneront pas.
On ne dira plus qu’il est le coach-poète qui inspire ses joueurs. On dira qu’il est dépassé. Et Jeff Gorton, qui a désormais donné les munitions nécessaires à son entraîneur, n’aura plus d’arguments pour le protéger.
Martin St-Louis se trouve dans une zone noir ou blanc : ou bien il réussit, ou bien il tombe. Pas de terrain gris.
Les acquisitions de Dobson et Bolduc changent tout. Dobson, défenseur élite, vient combler un vide béant sur le côté droit.
Bolduc ajoute une dimension offensive bienvenue. Et avec Demidov, Slafkovsky, Suzuki et Caufield, l’attaque du CH peut enfin rivaliser avec les meilleures.
Ce n’est pas seulement Montréal qui voit la différence. Comme l’a souligné Alexandre Carrier, les équipes adverses « nous attendront différemment ».
Le CH ne sera plus pris de haut. Chaque soir, les adversaires viendront préparés, prêts à affronter une équipe qui aspire aux grands honneurs.
Cela signifie que Martin St-Louis devra préparer ses joueurs à un nouveau rôle : celui de l’équipe à battre. Et ça, ce n’est pas un rôle facile à assumer.
À la pression sportive s’ajoute un fardeau personnel. Depuis l’accident grave de son fils Mason en 2024, Heather St-Louis est restée au Connecticut. Elle ne rejoindra son mari à Montréal qu’en 2027, quand Mason entrera au collège Dartmouth.
Cela veut dire que Martin vit seul à Montréal, éloigné de sa femme et de ses enfants, depuis plus de trois ans déjà.
Ce vide pèse lourd. Lui-même l’a avoué publiquement.
Mais sa femme n’est pas à Montréal. C’est lui qui est stressé, isolé, avec toute la pression du monde entier sur les épaules.
Dans un contexte où chaque décision est scrutée, cette solitude pourrait lui coûter cher.
La saison dernière, Martin St-Louis pouvait encore se permettre des expérimentations. Laisser Juraj Slafkovsky sur le premier trio malgré ses erreurs défensives. Écarter Ivan Demidov de la fusillade malgré la pression du public. Tolérer les crises de Patrik Laine après une rétrogradation sur la quatrième ligne.
Cette année, il n’a plus ce luxe. Chaque erreur de gestion sera interprétée comme un signe de faiblesse. Chaque choix discutable sera amplifié par les attentes gigantesques qui entourent le CH.
Dans ce contexte, le vestiaire pourrait rapidement lui échapper. Et un vestiaire perdu, à Montréal, c’est un aller simple vers la sortie.
Tout converge vers 2027. La prédiction de Réjean Tremblay. Celle de l’IA. La fin du contrat de 5 M$ par année de Martin St-Louis.
Tout est aligné pour que cette année-là soit le moment de vérité. Mais pour que cette prophétie devienne réalité, Martin doit survivre jusque-là. Et ça signifie livrer dès maintenant.
Il n’a pas deux ans pour se tromper. Il n’a pas une saison de transition. Il doit gagner. Tout de suite.
La saison 2025-2026 sera celle de la vérité pour Martin St-Louis. Il est à la tête d’une équipe plus talentueuse que jamais, portée par un marché qui rêve déjà de la Coupe Stanley. Mais il est aussi seul, fragilisé par l’absence de sa femme, et prisonnier d’une équation implacable : Jack Adams ou congédiement.
Dans un tel contexte, chaque match sera une épreuve. Chaque décision, un test. Chaque défaite, une menace.
Le Centre Bell peut devenir l’arène de sa consécration… ou de sa chute. Et tout commence le 8 octobre, à Toronto.
Martin St-Louis joue sa carrière, sa réputation et, peut-être, son avenir à Montréal. Le compte à rebours est lancé.