5 millions de dollars: Martin St-Louis avoue tout

5 millions de dollars: Martin St-Louis avoue tout

Par David Garel le 2025-09-17

On ne l’avait jamais vu comme ça. Jamais.

Pas une once d’arrogance. Pas une posture défensive. Aucun jargon stratégique, aucun détour émotionnel, aucune leçon de vie, pas de "game dans la game".

Juste un homme, seul devant les caméras, qui assume tout. Et qui tremble un peu sous le poids d’une pression qu’il ne peut plus balayer d’un revers de la main.

« Je prends le blâme pour notre mauvais début de saison la saison dernière. »

Voilà les mots que Martin St-Louis a choisis, en ouverture de son point de presse à Brossard. 

Le coach du Canadien de Montréal, celui qu’on qualifie depuis trois ans d’inspirant, de philosophe du vestiaire, de génie intuitif, a marché sur des œufs.

Et pour la première fois, il a laissé entrevoir ce que beaucoup soupçonnaient : il sent la pression.

Ce n’est pas dans les habitudes de Martin St-Louis de s’excuser. Depuis son arrivée à Montréal, il a toujours défendu ses décisions avec aplomb. Il a souvent blâmé « le processus », la jeunesse du groupe, le manque de constance, l’apprentissage.

Mais jamais lui-même.

Or cette semaine, il a tout changé. Il a reconnu son erreur majeure de 2024, quand il a protégé ses vétérans durant les matchs préparatoires, au point de ne pas leur donner les répétitions nécessaires.

« Je pense que ce qui nous a déroutés, c’est un peu plus un niveau émotionnel, avec toutes les blessures… Et nous étions prudents de qui on faisait jouer. Je pense que je n’ai pas assez donné de vrais répètes à certains de nos gars… »

Il aurait pu accuser la malchance. Les blessures. Le calendrier. Le stress du marché. Mais non : il s’est regardé dans le miroir.

Et il a vu un homme fatigué. Un entraîneur seul dans sa maison, séparé de sa femme, éloigné de ses fils, isolé dans la ville la plus exigeante du hockey mondial.

Si Martin St-Louis se met autant de pression, ce n’est pas un hasard. Son nouveau contrat, qui le paie 5 M$ par année jusqu’en 2027, a changé la donne. Il n’est plus « l’ancien joueur devenu coach par magie ». Il est un entraîneur de la LNH payé au prix fort, et les attentes sont gigantesques.

Geoff Molson, son propre patron, n’a pas aidé. Au tournoi de golf du CH, le propriétaire a lancé ce qui ressemblait à une mise en demeure :

« Si on ne fait pas mieux que l’an dernier, il faudra se regarder dans le miroir. »

St-Louis a entendu le message. Il n’a rien dit, mais tout son corps a réagi. Et quand il s’est avancé devant les journalistes, ce n’était plus le même homme. C’était un survivant.

Et puis, il y a eu cette phrase la saison dernière.

Banale pour certains. Dévastatrice pour ceux qui savent.

« Quand ma femme est stressée, il n’y a pas beaucoup d’enthousiasme dans la maison. »

Ce n’est pas qu’une blague. C’est un appel à l’aide. Un cri d’un homme qui n’a plus de maison.

Clairement, on oublie souvent les sacrifices de St-Louis pour demeurer coach du CH. Heather Caragol, sa conjointe, restera au Connecticut jusqu'en 2027. Elle veut attendre que le cadet de la famille, Mason, rentre à l'université. Martin vit seul, dans un condo impersonnel, loin de ceux qui faisaient battre son cœur.

Et ça se voit.

Il est motivé comme jamais, mais il vieillit à vue d'oeil.

On sent le vestiaire plus fort… mais on sent un coach qui doute.

Ce qui rend la situation encore plus dramatique, c’est que le Canadien n’a jamais été aussi prêt.

Ivan Demidov est une révélation.

Noah Dobson renforce la défense.

Kirby Dach est revenu en pleine forme.

Zachary Bolduc pousse pour un rôle clé.

Et pourtant, Martin St-Louis semble moins sûr de lui que jamais. Il dit vouloir donner une « continuité », mais enchaîne les hésitations. Il parle d’urgence, mais tempère tout avec des mots prudents.

« Ce n’est pas toujours les joueurs. Il faut faire notre job aussi. »

« Ce n’est pas un gros défi ou un petit défi… c’est juste un défi. »

Des phrases floues. Des réponses d’un homme qui n’ose plus trancher.

Tout au long de sa conférence, Martin a parlé d’« augmenter les pourcentages », d’« empiler les bonnes journées », de « garder le focus sur les répétitions réelles ». Des concepts flous. Des formulations abstraites. Un discours défensif, embrouillé.

On aurait dit un homme qui cherche à se convaincre lui-même.

Et puis, il l’a admis :

« Il y a des moments stressants, et l’enthousiasme baisse. »

Le chaos émotionnel est réel.

Depuis quelques semaines, plusieurs controverses se pointent le bout du nez.

L’utilisation de Patrik Laine et de Zachary Bolduc (qui obtiendra sa chance avec Dach et Demidov?)

Le flou total autour d’Adam Engström et David Reinbacher.

Et bien sûr, la gestion du cas Demidov, exclu ou non de la première unité de powerplay?

Marty doit parfois se sentir bien seul avec cette nouvelle pression de gagner.

Seul à Montréal… jusqu’en 2027...

Non, la solitude de Martin St-Louis n’est pas temporaire.

Sa femme ne le rejoindra pas à Montréal avant l’automne 2027, au mieux. Mason est inscrit à Dartmouth College pour 2027-2028, et Heather refuse de le quitter avant son entrée au collège.

D’ici là, Martin vivra encore deux saisons seul, sous une pression médiatique constante, avec un avenir incertain.

Car son contrat, lui, se termine… en juillet 2027.

Juste au moment où sa femme pourrait enfin revenir.

Dans ce contexte, le début de saison 2025-2026 sera crucial. Un départ lent, un autre automne en bas de classement, et la machine à rumeurs s’emballera.

On le sait tous : Montréal ne pardonne pas.

Et cette fois, Martin ne pourra pas compter sur la patience de Geoff Molson, ni sur la clémence de la presse.

Il devra livrer. Ou partir.

Martin St-Louis nous avait habitués à l’image d’un leader inébranlable. Un ancien joueur devenu coach par conviction, par passion, par foi en l’humain.

Mais aujourd’hui, il est un homme seul. Un homme stressé. Un homme humble. Face au plus grand défi de sa vie.

Et cette humilité, aussi noble soit-elle, est aussi un aveu : il sent la pression.

Le miroir dont parlait Geoff Molson n’a jamais été aussi menaçant pour Marty.

Bienvenue dans la saison la plus dangereuse de sa carrière de coach.

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