C’est fait. Mason McTavish, le centre tant convoité, le joueur que plusieurs voyaient déjà vêtu du chandail tricolore, vient de céder sous la pression.
Après des semaines de bras de fer, après des menaces à peine voilées et un « bullying » organisationnel qui a choqué le clan du joueur, les Ducks d’Anaheim ont imposé leur loi.
Résultat : 6 ans, 7 millions par saison. Un contrat qui fait grincer des dents à travers la LNH et qui laisse un goût amer à Montréal.
Pourquoi? Parce qu’il est tout simplement sous-payé. McTavish vaut plus. Tout le monde le sait. Même Dylan Cozens avait obtenu 7,1 millions à Buffalo il y a déjà deux ans, dans un contexte où le plafond salarial était plus bas.
McTavish, lui, accepte 7 millions pour six ans, moins payé par saison que Juraj Slafkovsky à Montréal, alors qu’il joue un rôle beaucoup plus central dans sa formation vu qu'il est un centre de premier plan. (il faut toutefois dire que Slafkovsky a signé pour 8 ans et que le CH a acheté deux années d'autonomie complète).
Les Ducks se frottent les mains. Ils viennent de sécuriser un joueur de centre numéro un en devenir pour une fraction de sa valeur réelle.
Pour le Canadien de Montréal, c’est un double coup dur. Non seulement Kent Hughes perd l’occasion de mettre la main sur le centre parfait pour stabiliser son alignement derrière Nick Suzuki, mais il doit aussi avaler l’humiliation publique d’avoir refusé d’envoyer David Reinbacher dans l’échange cet été.
Car oui, le nerf de la guerre était là. Anaheim aurait accepté d’envoyer McTavish à Montréal si Reinbacher faisait partie du retour.
Hughes a tenu son bout. Il a refusé de sacrifier son 5e choix au total de 2023, malgré ses difficultés évidentes. Et aujourd’hui, c’est ce refus qui fait mal. McTavish est hors du marché, les Ducks gagnent, et Reinbacher, lui, se cherche encore dans une pré-saison cauchemardesque où il multiplie les erreurs... et se fracture la main après...
Les partisans, déjà ulcérés de voir Reinbacher passer avant Matvei Michkov au repêchage, sont furieux.
« On aurait pu avoir McTavish! », scandent-ils sur les réseaux sociaux, où le nom de Reinbacher est tendance numéro un au Québec. Une frustration collective qui tourne à la commotion.
Maintenant que le dossier McTavish est clos, Kent Hughes n’a pas le choix : il doit se tourner vers le marché des transactions. Et les options existent, mais elles sont complexes.
Jared McCann (Seattle) : un buteur naturel, polyvalent, capable de jouer au centre et à l’aile. Mais le Kraken sait ce qu’ils ont et n’accepteront rien de moins qu’un gros retour incluant le choix de 1ère ronde 2026 comme élément centrall.
Pavel Zacha (Boston) : un profil intéressant, surtout avec les rumeurs persistantes que les Bruins pourraient devoir bouger pour viser Gavin McKenna. Mais là encore, ce sera coûteux. Rappelons que Boston a refusé un package deal incluant Joshua Roy, Owen Beck et Jayden Struble.
Ryan O’Reilly (Nashville) : vétéran, champion, mais à 34 ans, il n’est plus le centre qu’il était. Peut-il vraiment tenir un top-6 compétitif sur plusieurs saisons? Jayden Struble et Owen Beck intéressent Nashville.
Bo Horvat (Islanders) : déjà mentionné par Chris Johnston comme cible potentielle. Solide, fiable, mais attaché à un contrat lourd de 8,5 millions jusqu’en 2031. Un pari risqué pour Montréal.
La bonne nouvelle, c’est que toutes ces options n'exigent pas de toucher à des éléments que Hughes n’a pas voulu sacrifier pour McTavish. Reinbacher ou Michael Hage… ces noms sont régulièrement réclamés dans les discussions pour des superstars. Jusqu’ici, Hughes a refusé.
Le DG veut bouger... mais à ses conditions...
Car ce qui vient de se passer avec McTavish rappelle étrangement le dossier Kaiden Guhle à l’été 2024. Guhle voulait 7 à 8 millions sur 8 ans. Il a fini par céder à 5,5 millions. Son agent, Allain Roy, a fini par admettre publiquement s’être fait « rejeter » par le Canadien.
Ce que les Ducks ont fait à McTavish, c’est exactement ça : imposer un contrat de contrôle, en utilisant la peur et la pression.
Un « vol légal », comme disent certains. Et encore une fois, le joueur sort perdant. McTavish aurait dû toucher 7,5 ou 8 millions minimum. Il touchera 7. Exactement la recette appliquée par Hughes contre Guhle. Mais cette fois, c’est Montréal qui est de l’autre côté de la table… et qui voit un rival triompher avec les mêmes méthodes.
Ne l’oublions pas : toute cette saga a laissé des traces chez McTavish. Pendant des semaines, il a été laissé à la maison. Pas de camp. Pas d’entente. Pas d’assurance.
Il a dû s’entraîner avec les 67 d’Ottawa, comme un junior, pendant que ses coéquipiers se préparaient en Californie. Un traitement humiliant pour un joueur qui devait être l’étoile montante de la franchise.
On a parlé de « bullying » parce que les Ducks ont clairement cherché à le briser. Et ça a marché. McTavish signe à rabais, mais il signe. Une victoire froide et brutale pour Pat Verbeek et son équipe de direction.
Kent Hughes, lui, se retrouve avec des miettes. Il avait l’occasion d’aller chercher McTavish. Il a refusé de lâcher Reinbacher. Résultat? Il n’a ni McTavish, ni un Reinbacher en pleine confiance.
Et il ne faut pas oublier que les besoins du CH au centre sont criants. Kirby Dach va choker sa vie. Alex Newhook n’est pas un centre naturel. Oliver Kapanen et Owen Beck ne seront jamais des 2e centres. Le vide est béant.
Dans ce contexte, voir McTavish s’échapper est plus qu’une déception : c’est un désastre stratégique.
Au-delà de l’aspect purement hockey, ce dossier change aussi la perception. Les Ducks sortent renforcés. Ils montrent qu’ils peuvent faire plier un de leurs meilleurs jeunes, qu’ils imposent leur volonté, qu’ils dictent la loi. Montréal, en revanche, paraît hésitant, frileux, incapable de transformer ses intentions en gestes concrets.
Et sur le marché, cette perception compte. Les agents le savent. Les autres DG le savent. Hughes peut répéter qu’il veut protéger ses jeunes, mais tant qu’il ne bougera pas pour combler ce trou au centre, il donnera l’image d’un DG qui refuse de payer le prix fort.
Avec Barkov blessé toute l’année en Floride, avec Pittsburgh qui doit décider du sort de Sidney Crosby, avec Boston et les Islanders qui sont assis sur des centres convoités, la guerre ne fait que commencer. Et le Canadien vient de perdre la première bataille.
McTavish devait être le plan A. Il ne l’est plus. Les Ducks ont gagné. Montréal, lui, doit maintenant trouver un autre chemin. Jared McCann? Pavel Zacha? Bo Horvat? Peut-être même Sidney Crosby si le rêve québécois prend vie.
Une chose est sûre : le refus d’inclure Reinbacher dans la transaction est désormais vu comme une erreur stratégique majeure. L’histoire retiendra peut-être que Montréal a laissé filer McTavish… pour protéger un défenseur qui, jusqu’ici, n’a montré ni swag, ni confiance, ni domination... et qui est fragile comme de la porcelaine.
Une erreur d’évaluation? Peut-être. Mais une erreur qui pourrait coûter très cher...