8 millions de dollars en fumée: l'agent de Kaiden Guhle a tout perdu

8 millions de dollars en fumée: l'agent de Kaiden Guhle a tout perdu

Par David Garel le 2025-08-19

Le contrat de Kaiden Guhle négocié à l'été 2024 restera marqué d’une cicatrice pour le défenseur et surtout pour son agent, Allain Roy.

Ce qui devait être une négociation visant à sécuriser l’avenir d’un pilier défensif du Canadien de Montréal s’est transformé en un cauchemar de relations publiques et en une démonstration de force brutale de la part de Kent Hughes.

Le directeur général du CH a réussi un véritable vol à ciel ouvert : un défenseur de première paire enfermé jusqu’en 2031 à 5,5 millions par saison. Et le plus troublant, c’est que l’agent lui-même l’avoue désormais.

Tout a basculé quand Allain Roy, invité à TVA Sports par le journaliste Nicolas Cloutier, a fini par mettre cartes sur table.

Les coulisses des négociations étaient claires : le clan Guhle voulait frapper fort, avec un contrat massif de huit ans et plus de 8 millions de dollars par année. Une entente qui, dans les standards actuels de la LNH, aurait déjà été vue comme une aubaine.

Les mots de l’agent claquent comme une gifle :

« Si on s’était rendus à huit ans, pour nous, ç’aurait été dans cette région-là. Mais ça, c’était hors de question pour l’équipe. Kent Hughes ne voulait pas se rendre là. C’est pour ça qu’on a atterri au milieu avec six ans. » 

Et Roy d’ajouter, dans une phrase qui restera gravée :

« À sept ou huit ans, on voulait quelque chose dans ces eaux-là, 8 millions $ et plus… »

Voilà la bombe. Oui, Guhle valait 8 millions. Oui, son agent l’a demandé. Et oui, Kent Hughes a tout simplement rejeté l’idée du revers de la main.

Le rejet public, la gifle de Kent Hughes...

C’est rare dans la LNH qu’un directeur général joue aussi dur. Hughes n’a pas seulement refusé : il a rejeté, catégoriquement, fermement, sans discussion. L’argument avancé par Roy lui-même est révélateur :

« Kent ne voulait pas aller à cinq ans, parce que les Canadiens achetaient seulement une année d’autonomie complète. Ils voulaient au moins deux années.

À cinq ans, ç’aurait été un coup de circuit pour nous. Il aurait pu devenir joueur autonome sans compensation à 27 ans. »

Le message est clair comme de l'eau de roche : Hughes voulait garder le contrôle, acheter le maximum d’années d’autonomie possible, mais à un prix réduit. Et il a gagné.

L’agent a tout simplement été pris au piège

Ce qui choque dans ce dossier, ce n’est pas seulement la stratégie de Hughes, mais l’aveu public d’Allain Roy. Rarement un agent aura exposé aussi clairement sa défaite, reconnaissant presque qu’il a mal joué ses cartes.

« J’ai vu Guhle dans le junior pratiquer un style plus offensif. Il évoluait en avantage numérique et à cinq contre cinq, il se joignait au jeu plus souvent. Je pense que, quand tu arrives dans la LNH, tu pratiques un style plus défensif pour avoir du temps de jeu. »

Ces propos, loin de défendre agressivement la valeur de son client, viennent presque justifier pourquoi le Canadien a refusé de payer le prix fort. Comme si l’agent cherchait déjà à expliquer, à se dédouaner.

Et plus encore : Roy reconnaît que Lane Hutson et d’autres jeunes viendront gruger les minutes offensives de Guhle.

« De l’autre côté, tu as aussi Lane Hutson et d’autres gars qui s’en viennent. Je pense qu’ils vont s’accaparer beaucoup de minutes offensives. »

Voilà le cœur du malaise : l’agent admet que son client sera limité offensivement, donc limité dans sa production statistique, donc limité dans sa valeur marchande. C’est l’équivalent d’un avocat qui, en plein procès, dit au juge :

« Mon client n’est pas si compétent que ça, finalement. »

Analysons froidement. Kaiden Guhle joue déjà 22 à 23 minutes par soir. Il est confronté aux meilleurs attaquants du monde, il encaisse les coups, il bloque les tirs, il absorbe tout ce qu’une première paire défensive doit encaisser dans la LNH. Et malgré cela, son salaire annuel jusqu’en 2031 plafonne à 5,5 millions.

Hughes a sécurisé un défenseur top-2 au prix d’un défenseur #4. C’est plus qu’une bonne affaire : c’est une fraude légale, un vol qualifié.

Ce qui rend l’affaire encore plus choquante, c’est la maladresse de Roy après coup. En dévoilant les négociations, il a confirmé publiquement son propre échec. Hughes, lui, n’a rien dit. Pas besoin. Le silence du DG est éloquent : il a gagné.

Mais l’agent? Il s’est effondré devant les caméras, admettant à demi-mot qu’il avait mal géré. Et c’est là que le malaise devient insupportable.

Parce qu’un agent, dans la LNH, est censé protéger son joueur, lui arracher chaque million, chaque clause, chaque bonus. Or, cette fois-ci, il a offert son client sur un plateau d’argent, et il en parle comme si c’était normal.

Le verdict des partisans est sans appel : Guhle s’est fait voler.

Les réseaux sociaux ont tranché. Pour les fans, Hughes a livré une « classe de maître ». La majorité croit que 8 millions par saison aurait été un contrat insensé, surtout avec l’historique de blessures de Guhle.

Mais en arrière-plan, il y a un goût amer : si Guhle explose dans les prochaines années, ce contrat sera vu comme un une blague vivante.

Le malaise est donc double :

Les partisans se réjouissent de l’économie réalisée.

Mais tout le monde sait que Guhle vaut déjà plus que ce qu’il touche.

Roy a tenté de se consoler en disant :

« Ça donne une bonne chance à Kaiden de pouvoir signer un gros contrat. Vingt-huit ou 29 ans, c’est un bon âge pour un défenseur de la Ligue nationale de hockey.

Il va avoir beaucoup plus de valeur à ce moment-ci. Ça lui donne de la sécurité, mais aussi une bonne occasion dans le futur. »

Mais ce raisonnement est louche. Parce qu’à 28 ou 29 ans, après avoir « mangé » des minutes lourdes à chaque soir, après avoir encaissé les chocs et les blessures, Guhle ne sera peut-être plus dans sa pleine force.

Le moment pour frapper fort, c’était maintenant.

Au final, ce dossier dépasse Guhle lui-même. C’est tout le système des agents qui prend un coup. Comment un représentant censé défendre son joueur peut-il admettre publiquement s’être fait rejeter, s’être fait balayer de la table des négociations?

Le Canadien a peut-être gagné un contrat en or, mais le clan Guhle sort humilié. Et pour Allain Roy, c’est une tache qui ne s’effacera pas.

Dans l’histoire de la LNH, certains contrats sont vus comme des cadeaux du ciel. Celui de Nathan MacKinnon à 6,3 millions dans ses jeunes années, ou celui de Patrice Bergeron à rabais à Boston. Mais celui de Kaiden Guhle entre déjà dans la catégorie des hold-ups légendaires.

Ce n’est pas une transaction, ce n’est pas un repêchage chanceux. C’est une négociation, pure et simple, où Kent Hughes a littéralement mis son adversaire à genoux. Et le pire? L’agent l’avoue.

Kaiden Guhle, en 2025, a de quoi être fier et déçu à la fois. Fier, parce qu’il a la sécurité. Déçu, parce qu’il vaut déjà plus que ce qu’il touche.

Mais le véritable perdant dans cette saga, c’est Allain Roy. En révélant les demandes refusées et en admettant les limites de son client, il a offert au public une scène surréaliste : un agent qui reconnaît avoir perdu.

Kent Hughes, lui, jubile en silence. Le Canadien possède désormais un défenseur de première paire pour le prix d’un défenseur de soutien. Et dans une ligue où chaque million compte, c’est peut-être le plus grand coup de maître de sa carrière.

Un vol qualifié, à ciel ouvert. Le cambriolage de la décennie...