À Montréal, on pensait que la seule tempête qu’Ivan Demidov aurait à affronter cet été, c’était celle de la météo.
Une bonne vieille averse québécoise en plein mois de juillet, le genre qui te donne envie de te réfugier dans un Tim Hortons et de repenser tes choix de vie. Mais non.
Ce qui gronde autour du jeune prodige du Canadien n’a rien à voir avec des nuages gris au-dessus de Brossard…
C’est rouge. Rouge vif. Rouge comme le chandail du CH. Rouge comme le Kremlin. Rouge comme une alerte qui résonne jusqu’au vestiaire de Martin St-Louis.
Car oui, le “gars tranquille” qu’on a vu débarquer timidement au Centre Bell l’an dernier, qui a joué deux petits matchs de saison régulière avant de goûter à la fièvre des séries pour deux rencontres supplémentaires, se retrouve maintenant au cœur d’un débat… qui dépasse largement la ligne bleue.
Et ce n’est pas nous qui le disons : c’est Pavel Datsyuk en personne, légende vivante, ex-maître des tours de passe-passe, et voix respectée de tout ce qui porte un casque et patine à reculons.
Datsyuk, lors d’une entrevue en Russie, a lancé une phrase qui résonne comme un slapshot dans le casque :
« Je souhaite qu’il y ait plus de joueurs comme Ivan Demidov. »
Dit comme ça, ça sonne gentil. Presque anodin. Mais lisez entre les lignes : dans un monde où les joueurs russes sont exclus de la scène internationale depuis 2021, où la politique et la guerre se sont invitées jusque dans les pools de hockey, affirmer publiquement qu’il faudrait plus de Demidov… c’est prendre position.
Parce que le message de Datsyuk, ce n’est pas juste “plus de bons joueurs talentueux”. Non.
C’est un rappel que les Russes ... les vrais, pas les pâles copies ... amènent quelque chose que l’Amérique du Nord n’arrive pas à produire.
Une créativité qui brise les systèmes, un flair qui fait lever les foules et serrer les dents des coachs.
Les Nord-Américains ont des joueurs complets, travaillants, disciplinés… mais combien sont capables de faire lever le Centre Bell sur un shift où il ne se passe “rien” avant que BOOM, le défenseur se retrouve assis sur la glace et le gardien à quatre pattes?
Les Russes, eux, l’ont toujours eu. Pavel Bure l’avait. Sergei Fedorov l’avait. Alex Kovalev (ah, Kovalev…), lui, l’avait à un point tel qu’il pouvait te faire perdre deux matchs de suite juste pour mieux te clouer au mur avec un triplé le samedi soir.
Ilya Kovalchuk, Ovechkin, Malkin, Panarin, Kaprizov, Kucherov… tous taillés dans un moule qui n’existe pas de ce côté-ci de l’Atlantique.
Et c’est ce moule-là, cette école-là, ce savoir-faire-là qui a façonné Ivan Demidov.
Sauf qu’en 2025, les portes sont fermées.
Depuis quatre ans, les Russes ne peuvent plus porter leurs couleurs en compétition internationale.
Fini le Mondial junior, fini la Coupe du monde, fini les tournois qui faisaient découvrir au grand public la prochaine superstar venue de Moscou ou de Saint-Pétersbourg.
Résultat : à Montréal, on a un joyau qu’on connaît à peine. Deux matchs en saison régulière l’an dernier, deux en séries, et déjà on devine que ce gars-là ne joue pas au hockey… il le réinvente.
Et là, Datsyuk débarque, balance sa petite bombe médiatique, et repart organiser son match des étoiles en Russie.
Laissant les journalistes nord-américains se demander : “Attends… il veut dire quoi exactement? Qu’il faut plus de Demidov… ou plus de Russes?”
Parce qu’ici, c’est pas juste du hockey, c’est de la géopolitique appliquée.
Et si le Canadien a réussi à mettre la main sur Demidov, c’est en grande partie parce que d’autres équipes avaient peur de se mouiller dans les eaux troubles des relations internationales.
Trop risqué, trop compliqué, trop de questions à gérer.
Résultat? Kent Hughes a flairé la bonne affaire. Et en août 2025, à l’aube de sa première vraie saison complète, Demidov arrive à Brossard comme un gars qui a quelque chose à prouver.
Les vidéos de lui cet été? Du pur bonbon. Déhanchements, mains rapides, vision périphérique… on voit déjà le cauchemar que ça va devenir pour les défenseurs de la LNH. Et si on se fie à l’historique des grandes vedettes russes, ce n’est que le début.
Rappelons-nous : Kovalev avait la réputation de s’en foutre jusqu’au moment où ça comptait.
Ovechkin, lui, a toujours été un mélange parfait de bulldozer et de sniper.
Panarin, c’est la finesse et l’imprévisibilité.
Kucherov? Le gars te fait passer pour un pylône alors que tu pensais avoir bien joué ton coup.
Demidov? Il a un peu de tout ça. Et surtout, il a ce petit côté “je m’en fous de vos règles” qui fait qu’il pourrait être à l’origine de la prochaine controverse… ou du prochain chef-d’œuvre.
Le problème ... ou la beauté de la chose, dépendant de quel côté de la clôture vous êtes ... c’est que ce profil-là dérange.
Les entraîneurs nord-américains aiment les systèmes. Les joueurs russes aiment les détruire.
Et quand tu as un coach comme Martin St-Louis, qui lui-même a bâti sa carrière en refusant d’entrer dans un moule, ça donne un duo explosif.
Mais attention : explosif ne veut pas dire simple à gérer. Les Kovalev, ça se manie comme de la nitroglycérine.
Et c’est là que le message de Datsyuk prend tout son sens.
Plus de joueurs comme Demidov, ça veut dire plus de joueurs qui vont bousculer les habitudes.
Plus de joueurs qui vont faire grincer des dents en haut de la galerie de presse.
Plus de joueurs qui vont forcer les équipes à s’adapter, à laisser un peu de place à la magie pure dans un sport où tout est analysé, décortiqué, calibré.
La tempête géopolitique? Elle est bien réelle.
Les partisans savent qu’avec la situation actuelle, voir débarquer un autre talent russe de ce calibre à Montréal relève du miracle.
Les relations entre la Russie et l’Occident ne s’améliorent pas.
Les visas, les assurances, les droits de transfert… tout est plus compliqué qu’avant.
Demidov, c’est un peu comme si tu avais réussi à te faufiler dans un magasin de luxe fermé au public pour ressortir avec la pièce la plus rare.
Et maintenant que tu l’as, tout le monde te regarde en se demandant si tu vas savoir quoi en faire.
La vérité? On ne le saura pas avant qu’il ait une saison complète dans le corps.
Mais une chose est certaine : en août 2025, à quelques semaines du camp d’entraînement, Ivan Demidov n’est plus seulement le “petit prodige russe du CH”.
Il est devenu, grâce à une simple phrase de Pavel Datsyuk, un symbole.
Symbole de ce que le hockey russe a de mieux à offrir.
Symbole de ce que le hockey nord-américain n’arrive pas à produire.
Et, accessoirement, symbole d’un débat qui dépasse de loin la simple question de savoir qui va jouer sur la première ligne du Canadien.
Alors oui, Montréal est en alerte rouge. Et pas juste parce qu’on attend la prochaine vague de chaleur.
Parce qu’un vent venu de Russie souffle sur le vestiaire du CH.
Et ce vent-là, mes amis, il ne ressemble à rien de ce qu’on a connu depuis très, très longtemps.
À suivre ... Продолжение следует