Kent Hughes a encore frappé. Quelques instants avant que ne débute la deuxième ronde du repêchage 2025 de la LNH, le directeur général du Canadien de Montréal a posé un geste qui en dit long sur son plan : il a sacrifié ses 41e et 49e choix au total pour mettre la main sur le 34e choix (et le 189e choix) des Hurricanes de la Caroline.
Ce n’est pas une petite manœuvre. Ce n’est pas un simple ajustement. Le Canadien visait un joueur en particulier. Un joueur qu’il craignait de voir filer entre les doigts. Et ce joueur s’appelle Alexander Zharovsky.
Ce qui rend cette sélection encore plus savoureuse pour le Canadien, c’est qu’Alexander Zharovsky n’est pas seulement un espoir russe bourré de talent : c’est l’ami d’enfance d’Ivan Demidov.
Les deux prodiges se connaissent depuis l’âge de huit ans. Ils ont grandi ensemble, se sont entraînés ensemble, ont rêvé ensemble… et voilà que le destin les réunit à Montréal.
Lorsqu’il a appris la nouvelle, Demidov a aussitôt appelé Zharovsky.
« On va enfin pouvoir jouer ensemble », lui a-t-il lancé. Le Canadien n’a pas seulement repêché un joueur : il a ravivé une connexion profonde entre deux artistes du hockey.
Il aurait été si simple d’attendre. De croiser les doigts. De voir ce qui tombe. Mais les dirigeants du Canadien n’ont pas voulu laisser le hasard dicter leur avenir.
Le 34e choix représente une position stratégique, juste au début de la deuxième ronde, là où les premières surprises tombent, là où les clubs agressifs raflent la mise.
Donner le 41e et le 49e pour ce seul 34e choix peut sembler coûteux. Mais dans un repêchage où la profondeur après le 12e rang était vue comme limitée, il vaut parfois mieux un diamant brut bien ciblé que deux paris flous.
Car Hughes et son équipe ne l’ont pas caché : ils convoitaient Alexander Zharovsky, et ils ont rencontré le jeune Russe en personne, samedi dernier à 11h30.
Une rencontre préparée, attendue, planifiée. Le genre de face-à-face qu’on réserve aux cibles prioritaires. Et Zharovsky a impressionné.
Il mesure 6 pieds 1 pouce. Il pèse 168 livres. Il vient de connaître une saison étincelante dans la MHL avec 50 points en 45 matchs. Mais ce n’est pas tant les chiffres qui impressionnent que le style, le panache, l’instinct.
Zharovsky est un joueur qu’on remarque. Un ailier dynamique, fluide, capable de créer de la magie avec la rondelle.
« Un des joueurs les plus excitants que j’ai eu à observer », a déclaré un dépisteur de la LCH. Ce genre de commentaire n’est pas lancé à la légère.
Il combine vitesse, lecture de jeu et déstabilisation pure. Son intelligence offensive fait de lui une menace constante, même dans un espace restreint.
Certains croient même qu’il pourrait, à moyen terme, compléter Ivan Demidov sur un premier trio 100% russe à Montréal. Imaginez la scène : deux artistes, deux électrons libres, deux complices redoutables.
Plus impressionnant encore : Alexander Zharovsky veut arriver à Montréal le plus rapidement possible. Son entourage a déjà confirmé qu’il souhaite participer au camp de développement du Canadien, preuve qu’il prend son avenir à cœur et qu'il veut débarquer en Amérique du Nord le plus rapidement possible.
Son agent, Dan Milstein, le puissant représentant qui gère les intérêts de presque tous les grands espoirs russes de la LNH, est déjà à l’œuvre pour obtenir un visa et faciliter son arrivée au Québec.
Zharovsky ne veut pas attendre. Il veut envoyer un message clair : il se voit dans l’uniforme du Canadien, et il veut y être maintenant.
Ce choix du 34e rang n’est pas tombé du ciel. Les signaux étaient là. Le Canadien avait trop de choix, trop de munitions. Il allait bouger. Et il allait le faire tôt.
Avec sept choix dans les trois premières rondes, dont deux choix en première (16e et 17e), deux en deuxième (41e et 49e), et trois en troisième, Hughes avait la marge de manœuvre parfaite pour remonter.
Ce qu’il fallait, c’était un joueur qui justifie le coût. Et Zharovsky était ce joueur. Son profil unique, son lien naturel avec Demidov, son potentiel d’ascension rapide dans une LNH qui valorise de plus en plus les jeunes ailiers créatifs, tout plaidait pour lui.
Le repêchage 2025 semble marquer un tournant dans la stratégie russe du Canadien de Montréal. Après avoir mis la main sur Ivan Demidov l’an dernier, voilà qu’on cible Zharovsky.
N'oublions pas que Bogdan Konyushkov et le gardien Yegor Volokhin seront au camp de développement. Le défenseur droitier et le gardien sont des espoirs du CH à ne pas oublier.
La stratégie est claire : entourer Demidov de visages familiers. Créer une culture russe dans le vestiaire. Briser l’isolement. Offrir un environnement où les jeunes étoiles venues de Russie se sentent chez elles.
Zharovsky entre parfaitement dans ce moule. Non seulement par sa nationalité, mais surtout par sa compatibilité stylistique avec Demidov.
Tous deux voient le jeu avec une touche de créativité rare. Tous deux peuvent renverser le cours d’un match sur une seule séquence. Et tous deux aiment jouer vite, créer, improviser.
Pourquoi le 34e? Pourquoi ne pas attendre?
Il faut comprendre la réalité du repêchage. Dès que la première ronde est terminée, les téléphones se mettent à sonner. Les choix du début de la deuxième ronde deviennent très convoités, notamment par des équipes qui ont vu un espoir glisser entre les mailles.
Attendre au 41e rang aurait été un pari risqué.
Ce genre de montée dans le repêchage est souvent la signature d’un coup de cœur. Et clairement, Kent Hughes a eu un coup de cœur pour Zharovsky. La transaction avec la Caroline visait une seule chose : sécuriser cette cible, coûte que coûte.
Le profil complet de Zharovsky
Taille : 6 pieds 1 pouce
Poids : 168 livres
Ligue : MHL (Russie)
Stats 2024-25 : 50 points en 45 matchs
Style de jeu : Ailier créatif, patineur élite, lecture de jeu raffinée, capable de jouer sur l’avantage numérique.
Les experts le voyaient comme un choix entre le 30e et le 45e rang, en fonction de la frilosité des équipes face aux joueurs russes.
Montréal a ignoré ces peurs. Le CH a confiance en Nick Bobrov, son homme fort du repêchage. Et Bobrov connaît la Russie mieux que quiconque dans le circuit.
Avec l’acquisition de Noah Dobson, la mise en marché de plusieurs défenseurs comme Logan Mailloux et Mike Matheson, et désormais la transaction pour monter au 34e rang, le Canadien de 2025 prend une identité résolument offensive, jeune, et internationale.
Fini les choix conservateurs. Kent Hughes construit son noyau autour de Demidov, Slafkovsky, Hutson, Suzuki, Dach, et maintenant Dobson et potentiellement Zharovsky. Le tout, en visant l’attaque, la mobilité et la créativité.
Mais peu importe ce que l’avenir réserve, le Canadien a posé un geste de foi. Il a mis ses jetons sur la table. Il a fait un choix affirmé.
Et c’est dans ce genre de décision qu’on reconnaît les organisations prêtes à gagner.