Alerte transaction: Cayden Primeau échangé

Alerte transaction: Cayden Primeau échangé

Par David Garel le 2025-06-30

C’est la fin d’un long et laborieux chapitre.

Cayden Primeau, ce nom qu’on a porté à bout de bras, protégé contre vents et marées, défendu contre la logique du ballottage et des performances inconstantes, quitte enfin Montréal. Et le retour? Un choix de septième ronde… en 2026.

Après des années de gestion compliquée, après avoir enduré un ménage à trois digne d’une télé-réalité malsaine, après avoir sacrifié des départs, perturbé le développement de Samuel Montembeault et ralenti l’ascension de Jakob Dobes, le CH récupère un simple choix de 7e tour.

C’est mieux que rien, diront certains. Mais c’est justement ça, le problème : on en est rendus à se convaincre que mieux que rien, c’est acceptable.

Parce qu’il faut se souvenir de tout ce que cette saga a coûté.

Le Canadien a bloqué Primeau à Montréal toute une saison pour ne pas le perdre au ballottage. Il a déstabilisé sa hiérarchie devant le filet.

Il a empêché Montembeault de s’épanouir pleinement. Il a forcé Jake Allen à devenir mentor malgré lui. Et surtout, il a mis une pression invivable sur Primeau, incapable de performer dans une telle instabilité.

Tout ça… pour finir par le donner aux Hurricanes de la Caroline, en retour d’un ticket de loterie qui n’arrivera même pas avant deux ans.

Et qu’on ne vienne pas nous dire que c’est « mieux que zéro ». Non. Quand tu investis sept ans dans un gardien, quand tu tiens tête au reste de la ligue pour le conserver, quand tu bloques ton propre bassin d’espoirs, tu as le devoir de mieux le vendre. Ou alors, tu admettais avant que ça ne marcherait pas.

Mais là? On a joué à l’autruche. On a fermé les yeux. Et à la fin, on paye pour notre entêtement.

Et pourtant, ce scénario tragiquement banal n’est que la suite logique d’une relation toxique qui aura éclaté au grand jour dès décembre dernier, quand Primeau a enfin osé dire tout haut ce que plusieurs savaient depuis longtemps.

À l’hiver 2024, la relation entre Primeau et Martin St-Louis s’est transformée en fiasco social. Match après match, le jeune gardien était laissé dans l’ombre. Même dans les séquences de deux matchs en deux soirs, il réchauffait le banc pendant que Montembeault multipliait les départs.

Le moment clé? Une série aller-retour contre les Red Wings de Detroit, alors que Primeau, déjà laissé dans l’incertitude depuis des semaines, a découvert son rôle de réserviste… en même temps que les journalistes. St-Louis avait été interrogé la veille :

« Ça se peut, mon idée n’est pas encore faite. »

Mais l’idée était faite depuis longtemps. Et Primeau n’a pas caché sa colère.

« C’est plus facile d’avoir du rythme quand tu joues. Rien ne remplace vraiment un match. »

La frustration était évidente. La déconnexion entre le gardien et l’entraîneur-chef, brutale. Primeau, qui espérait enfin progresser dans un cadre structuré, se retrouvait plongé dans l’opacité la plus totale.

St-Louis, de son côté, n’a jamais offert de véritable explication. Pas d’aveu. Pas de vision. Et surtout, pas d’empathie.

Il est facile de dire que Primeau n’a pas livré la marchandise à Montréal. Mais ce serait oublier la réalité de son parcours.

Appelé trop tôt, ballotté entre Laval et Montréal en pleine pandémie, utilisé comme bouche-trou plutôt que comme projet de développement sérieux, Primeau n’a jamais eu les bases pour s’épanouir dans cette organisation.

Il aura disputé seulement 45 matchs en LNH depuis 2019. Trop peu pour se développer. Trop peu pour apprendre. Mais assez pour accumuler les doutes. Et encore aujourd’hui, certains osent dire qu’il n’a jamais mérité sa chance.

En vérité, Cayden Primeau a été abandonné. Par l’organisation. Par son entraîneur. Par les partisans. On lui a fait croire qu’il faisait partie des plans, pour mieux le maintenir dans un filet invisible, sans communication, sans perspective.

Un cadeau empoisonné pour la Caroline? Non. Une revanche imminente.

Les Hurricanes de la Caroline sont l’une des seules équipes à avoir vu, en Primeau, une opportunité de marché. Ils n’ont pas oublié ses performances dans la AHL. Et ils savent que l’avenir du poste de gardien numéro un est incertain chez eux.

Les Hurricanes de la Caroline avaient identifié Cayden Primeau depuis plusieurs semaines. La situation de Frederik Andersen, 35 ans, est préoccupante.

Le vétéran n’a disputé que 22 matchs cette saison et 16 il y a deux ans. Il souffre de multiples blessures chroniques. Son contrat, qui expire à l’été 2026, à 2,75 M$, ne sera  pas renouvelé.

Et à long terme, la Caroline veut bâtir autour de Piotr Kochetkov, 26 ans, qui a montré de belles choses, mais qui a besoin d’un partenaire stable pour progresser.

Primeau représente exactement ce que cherche la direction des Hurricanes : un projet à relancer, jeune, avec de l’expérience professionnelle, et prêt à se battre pour un poste.

On le savait : Caroline surveillait Primeau. Et cette transaction ne tombe pas du ciel.

Depuis janvier, l’équipe de dépisteurs des Hurricanes s’était déplacée à Laval à plusieurs reprises. Le nom de Primeau circulait à Raleigh dans les coulisses. 

Un choix de 7e ronde pour un gardien qui pourrait renaître dans un système défensif parmi les plus solides de la ligue. Un vol potentiel. Un pari intelligent.

Et pour Primeau, une délivrance.

La beauté du sport, c’est qu’il offre souvent une seconde chance. Une revanche. Un nouveau souffle. Et pour Primeau, cette transaction vers la Caroline marque le début d’un chapitre crucial.

Fini les silences pesants de Martin St-Louis. Fini les bancs froids. Fini le traitement du troisième gardien « juste au cas ».

Il débarque dans une équipe qui le veut. Qui lui donne une vraie chance. Et surtout, une équipe qui lui permettra, peut-être, de faire taire ses détracteurs.

Imaginez seulement le scénario. Un match Hurricanes – Canadiens. À Raleigh ou à Montréal. Primeau devant le filet. Et Martin St-Louis de l’autre côté. Le genre de rencontre qu’on encercle au crayon rouge dans le calendrier.

Primeau était un choix de 7e tour. Il repart pour un 7e tour. La boucle est bouclée. Mais elle laisse un goût amer.

Ce gardien formé à l’interne, qui a grandi dans le système, qui a toujours représenté le CH avec classe malgré l’instabilité… s’en va aujourd’hui pour une bouchée de pain.

Et tout ça parce que l’organisation a été incapable d’offrir une vision cohérente de son développement.

Kent Hughes a peut-être gagné du temps en conservant ses droits. Mais il a perdu beaucoup en retour. La perception. La crédibilité. Et peut-être, à long terme, un gardien qui, dans un bon contexte, pourrait devenir tout ce que le CH n’a jamais su en faire.

Caroline, elle, n’a rien à perdre. Montréal, tout à regretter.