Ce qui devait être un simple buzz de fans s’est transformé, en l’espace de quelques heures, en un véritable scandale international entre Montréal, la KHL et un agent réputé de la LNH.
Au cœur de la tempête : la page HFTV, dirigée par Alex et Cédrik, deux jeunes créateurs de contenu passionnés, qui ont gagné en notoriété ces dernières saisons grâce à leur présence à l'extérieur du Centre Bell avec les fans et à leurs échanges directs avec les partisans.
Leurs vidéos accumulent des dizaines de milliers de vues, leurs “scoops” se partagent à la vitesse du feu… et leur crédibilité semblait grandissante, surtout depuis que leur informateur avait prédit, au printemps dernier, l’arrivée d’Ivan Demidov à Montréal et ils avaient visé juste.
Mais cette fois, le “scoop” de leur informateur a été enfoyé sous l'autobus.
Selon ce qu’ils ont affirmé cette semaine via la même personne qui avait prédit l'arrivée prévoce de Demidov à Montréal, Alexander Zharovsky, l’autre espoir russe du Canadien, repêché au 34ᵉ rang et actuellement vedette à Oufa dans la KHL, voudrait rejoindre le Canadien de Montréal dès ce printemps, après la saison en Russie.
@hftvsports The secret insider who privately told us that Demidov was coming in early April (first was Marco D’Amico) has some news on Alexander Zharovsky 👀 #gohabsgo #montreal #nhl ♬ original sound - HFTV
Le ton de leur publication ne laissait place à aucun doute :
“Notre source nous confirme que Zharovsky souhaite venir au Canada rapidement, possiblement après les Jeux olympiques.”
Une annonce qui, en quelques heures, a été reprise par plusieurs pages de partisans et forums de discussion, enflant la rumeur d’un transfert imminent.
Sauf que cette fois, la réalité a frappé fort et directement de la bouche du super-agent Dan Milstein, représentant à la fois d’Ivan Demidov et d’Alexander Zharovsky.
L’homme, connu pour sa franchise et son tempérament explosif, a démenti catégoriquement la nouvelle, qualifiant le tout de pure invention à des fins de promotion personnelle. Sa déclaration est cinglante :
« Aucun initié. Aucune vérité. Juste de la fausse nouvelle et de l’autopromotion. Alexander Zharovsky est sous contrat dans la KHL jusqu’en 2027. »
Une mise au point brutale, mais nécessaire. Et elle n’a pas seulement calmé les ardeurs de quelques créateurs de contenu ; elle a mis le feu aux poudres en Russie.
À Oufa, au siège du Salavat Yulaev, le message a été reçu comme une gifle. L’organisation, déjà méfiante envers la LNH depuis le départ précipité de Demidov et les manœuvres de certaines équipes nord-américaines, a très mal pris cette rumeur venue de Montréal.
Un membre du personnel a même confié à un média russe local que l’équipe considérait ce genre de fausse information comme « un manque de respect total pour la KHL et pour les contrats russes ».
Dans un contexte géopolitique déjà tendu entre les circuits russes et la LNH, le moindre bruit de transfert prend des allures de provocation.
Et il faut dire que le cas Zharovsky est très différent de celui de Demidov. Le premier est encore lié à Oufa pour deux saisons complètes, tandis que le second terminait déjà son entente au printemps dernier, ce qui avait rendu son transfert possible, et même logique.
HFTV a beau rappeler que les Flyers de Philadelphie avaient réussi à amener Matvei Michkov plus tôt que prévu, le parallèle ne tient pas.
Michkov appartenait au SKA, une organisation russe qui entretient des liens particuliers avec la LNH ; Oufa, elle, est beaucoup plus conservatrice et farouchement attachée à ses jeunes talents.
L’affaire Zharovsky est devenue un cas d’école de désinformation sportive, où la frontière entre passion et professionnalisme s’effondre à la vitesse d’un clic.
Dan Milstein, lui, n’a pas cherché à ménager personne. En privé comme en public, il a fait comprendre que ce type de rumeur pouvait nuire directement au joueur.
À 18 ans, Zharovsky tente simplement de progresser dans une ligue impitoyable, sous la supervision de son entraîneur Viktor Kozlov, un homme qui déteste le “hype” médiatique. On se souvient de ses propos à TVA Sports :
« Il reçoit tellement d’attention qu’il pense que ce qu’il fait est suffisant. Je veux qu’il reste concentré. »
Autant dire que le coach du prodige n’avait pas besoin d’un cirque médiatique importé de Montréal pour compliquer son travail.
Et à ce titre, le timing du “scoop” de HFTV est désastreux. Zharovsky venait tout juste de connaître une séquence difficile, sanctionné pour indiscipline avant de rebondir avec une semaine incroyable qui l'a mené au titre de recrue de la semaine dans la KHL.
Le jeune Russe tente d’apprendre l'éthique de travail, l’équilibre, la maturité, des mots qui reviennent constamment dans le discours de Kozlov.
En voyant une rumeur prétendant qu’il quitterait la KHL dans quelques mois, le club a immédiatement resserré la surveillance médiatique autour de lui. Déjà que Zharovsky ne donne pas beaucoup d'entrevues, il sera encore plus "protégé" à l'avenir.
À Montréal, le débat enfle. Certains défendent HFTV, estimant que la plateforme ne fait “que relayer ce qu’elle entend”.
D’autres, plus lucides, dénoncent une dérive inquiétante : celle d’un journalisme amateur alimenté par l’algorithme, sans vérification ni nuance.
Car au fond, la logique de ces “scoops” n’a rien de mystérieux : chaque publication de ce genre génère des milliers d’interactions, des abonnements, de la visibilité… et du pouvoir d’influence.
Mais on peut les comprendre d'avoir fait confiance à leur informateur depuis que Demidov avait bel et bien débarqué à Montréal comme HFTV l’avait annoncé.
Tout le monde le savait déjà dans les coulisses. L’organisation du CH l’avait planifié, l’agent l’avait laissé filtrer, et le calendrier de la KHL le permettait. Ici, rien de tout cela. Zharovsky est sous contrat, surveillé, et encadré. L’idée qu’il puisse “se pointer” à Montréal après les JO relève du fantasme pur.
Et pour le Canadien de Montréal, cette situation n’est pas sans conséquence. Selon plusieurs observateurs, l’équipe de communication du CH aurait déjà demandé à ses partenaires de ne plus commenter les rumeurs non corroborées par les agents ou les équipes européennes.
Un rappel nécessaire, surtout dans un marché où le moindre mot sur un espoir russe se transforme en tempête médiatique.
En définitive, cette affaire Zharovsky est une leçon. Une leçon sur les dangers des informations dans le hockey moderne, où une page Instagram peut, en un post, déclencher une réaction en chaîne jusque dans les bureaux d’un club de KHL.
Une leçon aussi sur le fossé culturel entre le spectacle nord-américain et la rigidité russe. Disons que dans la KHL, quand il est question d'un départ d'un Russe vers la LNH, la colère monte vite.
L'agent de Demidov et Zharovsky est en furie. On peut le comprendre. C'est lui qui a dû s'expliquer face au dirigeants de la KHL.
Et quand on sait le type de personnes qui gère cette ligue, disons qu'on aurait peur pour la sécurité de notre client... et la nôtre aussi...
