Alexis Lafrenière et sa famille vivent quelque chose d'horrible: nous sommes sans mot

Alexis Lafrenière et sa famille vivent quelque chose d'horrible: nous sommes sans mot

Par David Garel le 2025-03-23

Alexis Lafrenière vit en ce moment ce qu'aucun jeune joueur de la LNH ne devrait avoir à endurer.

Et ce n'est pas exagéré de parler d'un cauchemar à ciel ouvert. L'attaquant des Rangers de New York, pourtant reconnu pour sa discipline, son humilité et sa ténacité, est aujourd'hui la cible d'une campagne médiatique toxique, d'un acharnement sans bornes qui révèle bien plus sur la culture de certains marchés de hockey que sur ses performances réelles.

Et pourtant, tout avait bien commencé. Une prolongation de contrat de sept ans, à hauteur de 52,15 millions $ (7,45 M$ par année(, un nouveau départ aux côtés de Panarin et Trocheck sur le premier trio, une première moitié de saison prometteuse... mais voilà qu'en l'espace de quelques semaines, le rêve s'est transformé en descente aux enfers.

La cause? Un mélange toxique de contre-performance passagère, de contexte politique explosif, et surtout d'un journalisme déraillé, symbolisé par un Larry Brooks déchaîné, qui s'acharne jour après jour sur un jeune homme de 23 ans avec la rage d'un inquisiteur.

Le dernier prétexte pour déchirer Lafrenière sur la place publique? Un simple retard (ou oubli?) à retirer son casque pendant l'hymne national américain.

Un geste anodin qui, dans un contexte normal, serait passé inaperçu. Mais voilà qu'à l'heure où les tensions entre le Canada et les États-Unis sont exacerbées par une guerre tarifaire réactivée par Donald Trump, ce geste est devenu une affaire d'État.

Des internautes ont rapidement dénoncé l'"insulte à l'hymne", des chroniqueurs de médias ultra-nationalistes ont emboîté le pas, et même certains journalistes sportifs ont glissé vers des terrains explosifs : attaques contre l'éducation du joueur, insinuations sur ses valeurs, voire mises en cause de sa famille. On n'est plus dans le journalisme sportif. On nage dans la diffamation déguisée.

Et pendant ce temps, le principal intéressé tente de faire son travail. Certes, il n'a pas marqué depuis 19 matchs. Oui, il traverse une période difficile, comme tous les joueurs de la LNH en connaissent.

Mais faut-il rappeler qu'il est toujours jeune? Qu'il a déjà connu une saison de 57 points l'année dernière? Qu'il évolue sous une pression monstrueuse dans un marché qui cherche systématiquement un bouc émissaire?

Ce qui se passe en ce moment à New York est indéfendable. On assiste à un lynchage médiatique, où chaque geste est déformé, chaque silence est interprété, chaque regard devient suspect.

C'est une machine à broyer les carrières, une machine qui, si elle n'est pas dénoncée, finira par étouffer le talent qu'elle prétend critiquer.

Et ce qui choque encore davantage, c'est le double standard évident. À Montréal, Juraj Slafkovsky, lui aussi sous contrat à long terme, a pratiquement la même saison sur le plan statistique.

Avec 43 points en 66 matchs (16 buts) et son contrat de 8 ans et 7,6 M$ par année, il est tout juste au-dessus de Lafrenière (15 buts, 25 passes pour 40 points en 71 matchs). Reste que le différentiel de -14 du Québécois fait mal (Slaf est à -1).

Mais à Montréal, malgré l'intensité des médias, il n'y a pas de Larry Brooks. Slafkovsky n'est pas traqué, ses parents ne sont pas insultés, ses moindres faits et gestes ne font pas les manchettes nationales.

Alexis Lafrenière est victime d'une machine new-yorkaise infernale qui se nourrit de sang frais, et cette fois, c'est lui qui est dans le viseur. Ce n'est plus du journalisme. C'est une chasse à l'homme.

Et sa famille? Imaginez ce que vivent ses parents. Voir leur fils, qu'ils ont accompagné avec fierté depuis ses années junior, se faire déchirer publiquement, accusé à demi-mot de ne pas avoir transmis les "bonnes valeurs". C'est horrible. Inhumain. Injustifiable.

New York, en ce moment, n'est pas un bon endroit pour Alexis Lafrenière. Si les Rangers veulent le protéger, ils devront le sortir de ce contexte. Ou ils devront sortir les griffes contre les abus médiatiques dont il est victime.

Parce que si on laisse faire, on risque de briser un joueur. Pas juste sur la glace. Dans sa dignité, dans son âme, dans sa confiance.

Et ça, aucun contrat, aussi lucratif soit-il, ne pourra jamais le compenser.

On ira même plus loin. 

Le traitement que subit Alexis Lafrenière dans la Grosse Pomme rappelle celui qu’a connu Scott Gomez à Montréal — un joueur devenu littéralement un punching bag médiatique, moqué, ridiculisé, vidé de toute confiance.

C’est exactement ce que Larry Brooks est en train de reproduire avec Lafrenière.

Dans ses textes récents, Brooks ne se contente pas de critiquer la performance du joueur — il le piétine sans la moindre retenue.

Il parle du contrat de 52,15 millions $ sur 7 ans comme d’un désastre, un acte irréfléchi de la direction, une erreur qu’il faut corriger au plus vite tant que “d’autres équipes croient encore au potentiel de Lafrenière”.

Il écrit noir sur blanc que les Rangers doivent se débarrasser de lui avant qu’il ne devienne une tache permanente sur leur masse salariale.

Il va jusqu’à remettre en question son QI hockey, son engagement, son impact réel dans les matchs importants. Il insinue que le joueur a profité de ses compagnons de trio, mais n’apporte rien lui-même, qu’il est invisible, inefficace, et pire : qu’il ralentit Panarin et Trocheck. Dans l’univers Brooks, Lafrenière est un passager, un fardeau, une erreur de repêchage.

Et ça fait boule de neige. Les fans des Rangers, influencés par ce narratif constant, se retournent contre lui. À chaque match sans but, chaque présence anonyme, c’est une avalanche de messages sur X, Reddit et les tribunes sportives new-yorkaises : “Bust”, “Surpayé”, "Envoyez-le sur le banc", “Échangez-le pour rien”.

C’est cruel. C’est déshumanisant. Et pour un joueur de 23 ans, qui a toujours représenté sa province et son pays avec dignité, qui travaille fort, qui veut bien faire… c’est tout simplement dévastateur de se faire traiter ainsi chez les ennemis américains.

C’est là qu’on voit à quel point les attentes démesurées, combinées à l’impitoyabilité des marchés comme New York, peuvent détruire un espoir, non pas parce qu’il est mauvais, mais parce qu’il n’est pas encore une superstar.

Ou tout simplement...parce qu'il est Canadien...

Lafrenière n’est pas un clown. Ce n’est pas un flop. C’est un jeune joueur dans une ligue cruelle. Et il mérite mieux que ça.

Sa famille ne mérite pas ça. Il n’y a personne, absolument personne, qui devrait avoir à voir son fils, son frère, être traîné dans la boue jour après jour comme ça.

On parle ici de parents qui l’ont soutenu depuis ses premiers coups de patin à Saint-Eustache, de sa sœur qui le regarde avec fierté malgré la tempête, et qui doivent maintenant vivre avec l’angoisse quotidienne d’ouvrir leur téléphone ou de regarder la télévision et de voir Alexis réduit à un agneau sacrifié.

C’est une violence psychologique qui dépasse le sport. Ce n’est plus une question de performance sur la glace — c’est un manque d’humanité.

Lafrenière est riche comme Crésus, mais c’est aussi un être humain, un fils, un frère, et sa famille ne devrait jamais avoir à porter ce cauchemar sur leurs épaules.