Alignement du tournoi des recrues: un nom sur toutes les lèvres

Alignement du tournoi des recrues: un nom sur toutes les lèvres

Par Nicolas Pérusse le 2025-09-08

Philippe Mešár. Ce nom qui résonnait autrefois comme un pari audacieux du Canadien n’évoque plus aujourd’hui qu’une erreur de parcours.

À 21 ans, le Slovaque semble déjà condamné par l’organisation montréalaise. La direction n’y croit plus, Martin St-Louis n’a pas trouvé de rôle pour lui, et même les partisans voient clair : Mešár n’a simplement pas le profil pour percer dans la LNH.

Ce n’est pas un constat cruel. C’est un constat froid. Le Canadien a misé sur lui au 26e rang du repêchage 2022, convaincu qu’il pouvait devenir plus qu’un simple figurant.

Trois ans plus tard, le dossier est réglé : Mešár n’a pas assez de talent offensif pour s’imposer dans un top 6, et pas assez de physique pour se réinventer dans un rôle de profondeur. Il est coincé entre deux mondes, incapable de trouver sa chaise.

L’organisation a pourtant tout essayé. On lui a donné des minutes à Kitchener dans l’OHL, on lui a offert une première saison complète à Laval, on l’a même entouré d’autres jeunes comme Owen Beck et Sean Farrell, eux aussi sur la corde raide.

Résultat : rien ne colle. Ses statistiques ne crèvent pas l’écran, son jeu défensif ne progresse pas, et sa capacité à jouer dans le trafic reste un gros point d’interrogation. Dans une ligue où il faut être élite offensivement ou indispensable défensivement, Mešár n’est ni l’un ni l’autre.

Ce qui rend son cas encore plus douloureux pour le Canadien, c’est qu’il symbolise un mauvais calcul de Kent Hughes et Jeff Gorton.

Au moment de l’appeler au repêchage, le duo voulait rassurer Slafkovsky, le premier choix overall. On a présenté Mešár comme « l’ami » de Juraj. Comme un choix de confort, un pari affectif.

On a préféré miser sur la chimie personnelle plutôt que sur la logique de profondeur. Résultat : pendant que Mešár s’enlise, d’autres joueurs disponibles, comme Jiri Kulich, progressent et démontrent justement ce profil de centre de gros gabarit qui manque tant au Canadien.

Le contraste est cruel. Slafkovsky, après des débuts difficiles, a explosé. Il est devenu la pièce centrale de l’avenir du CH. À ses côtés, Mešár devait suivre la vague, grandir dans l’ombre de son ami et s’imposer comme un complément naturel.

Mais la vague l’a submergé. Slafkovsky est une étoile montante, Mešár un nom qui glisse déjà vers l’oubli.

Même Martin St-Louis, qui a su transformer des carrières improbables, semble avoir baissé les bras. L’entraîneur a trouvé une façon de relancer Josh Anderson, de réinventer un Kirby Dach au centre, de donner des responsabilités à Arber Xhekaj.

Mais pour Mešár, rien. Il n’y a pas d’étincelle à raviver, pas de profil unique à exploiter. Son jeu est trop neutre, trop fragile, trop effacé pour inspirer un projet de relance.

Et le temps joue contre lui. Sous contrat d’entrée jusqu’en 2027, il lui reste deux saisons pour prouver qu’il mérite une prolongation. Mais à Laval, la compétition est féroce. Joshua Roy pousse fort, Owen Beck se bat pour une place de centre, et Farrell tente lui aussi de sauver son avenir. Dans cette jungle, Mešár est déjà relégué derrière plusieurs noms plus convaincants.

La patience n’existe pas dans une organisation qui veut bâtir autour de Nick Suzuki, Cole Caufield, Slafkovsky et Demidov. Chaque place est précieuse. Chaque saison perdue est une saison de trop.

Et quand on regarde le profil de Mešár, on ne voit pas comment il pourrait combler un besoin criant du Canadien. Pas assez de punch offensif pour compléter le premier trio.

Pas assez de robustesse pour enflammer le quatrième. Pas assez de polyvalence pour se glisser entre les deux.

On en revient toujours à la même conclusion : Mešár n’a pas le profil. Ce n’est pas une question d’effort, ni de volonté. C’est une question d’ADN hockey. Certains joueurs sont faits pour s’adapter et survivre. D’autres restent prisonniers d’un style qui ne colle jamais au niveau supérieur.

Malheureusement pour lui, Mešár semble faire partie de la deuxième catégorie.

Alors oui, l’histoire retiendra que Kent Hughes et Jeff Gorton ont commis une erreur. Celle de croire qu’un choix de premier tour pouvait être utilisé pour satisfaire un contexte émotionnel plutôt qu’un besoin réel.

Celle de passer à côté d’un Kulich, qui représentait tout ce qui manque encore à Montréal : du poids, du centre, de la présence physique.

Les partisans le voient déjà : Mešár ne sera pas la surprise qui viendra renforcer la profondeur du CH. Il sera au mieux un joueur de Ligue américaine respectable, au pire un espoir oublié qui retournera en Europe.

Mais dans tous les cas, il ne sera pas une solution pour Montréal.

Et quand une organisation doit faire des choix, elle finit par trancher. Dans le cas de Filip Mešár, le verdict est déjà tombé.

Son avenir à Montréal n’existe pas.