Altercation entre Martin St-Louis et Patrik Laine: le coach intimidé

Altercation entre Martin St-Louis et Patrik Laine: le coach intimidé

Par David Garel le 2025-04-15

Ce n’était censé être qu’une formalité. Un match contre des Blackhawks démolis, une place en séries à portée de main, un Centre Bell en feu.

Et surtout, l’éclosion tant attendue d’Ivan Demidov, le prodige russe, le sauveur, le phénomène qui fait exploser les ventes de chandails, les files d’attente devant les écrans, les chroniques sportives et les espoirs d’un peuple.

Mais au lieu d’un envol, ce fut une frustration collective. Au lieu d’un triomphe, un sabotage tactique. Et au centre de ce gâchis : un Martin St-Louis méconnaissable, qui ne contrôle plus rien… sauf son ego.

Depuis son arrivée dans l’uniforme du CH, Ivan Demidov a tout fait ce qu’on pouvait attendre de lui — et même plus.

Une passe lumineuse sur sa deuxième présence. Un but d’anthologie sur son premier tir. Des feintes dignes d’un joueur de 27 ans, pas d’un gamin de 19 ans débarqué d’un autre continent.

Et pourtant, malgré la magie, malgré les chants de la foule, malgré l’évidence… il n’a toujours pas sa place sur le premier trio.

Il est encore cantonné sur la deuxième vague de l’avantage numérique. Et surtout — surtout — il a été gardé sur le banc en tirs de barrage, ce qui a sans doute coûté au CH sa qualification directe en séries.

Pourquoi? Pourquoi un tel déni de l’évidence?

La réponse est triste, mais claire : Martin St-Louis a peur. Peur de briser sa hiérarchie. Peur de froisser ses vétérans.

Peur de donner les clés de l’offensive à un “kid” russe alors que des joueurs comme Juraj Slafkovsky, Cole Caufield et surtout Patrik Laine campent déjà les rôles de vedettes auto-proclamées.

Ce n’est pas un hasard si, dès que St-Louis a décidé — à contre-cœur — d’envoyer Demidov sur le trio avec Alex Newhook et Joel Armia, la chimie s’est mise à opérer.

Mais dès que Patrik Laine a fait une crise de colère — oui, une vraie crise de vestiaire — pour récupérer sa place, tout s’est effondré. La ligne ne fonctionnait plus. L’énergie est tombée. Et Demidov, lui, a vu son rôle réduit à un figurant.

Cette scène, bien que gardée sous silence publiquement, a fuité comme tant d’autres ces dernières semaines. Plusieurs sources proches de l’équipe ont confirmé que Patrik Laine n’a pas apprécié être relégué loin de l’action.

Il l’a fait savoir avec virulence à l’entraîneur-chef. Il voulait la place d’Armia, la rondelle sur son bâton, les feux sur lui.

Le ton a monté lorsque St-Louis a annoncé son alignement pour l’entraînement : Laine rétrogradé. Encore. Cette fois, le Finlandais n’a pas encaissé en silence.

Il a contesté. Il a haussé le ton. Il a exigé une explication. St-Louis, lui, a gardé son cap. Il n’a pas cédé. Les deux hommes se sont rapprochés physiquement, la voix de Laine résonnait jusqu’à l’extérieur du vestiaire, forçant les attachés de presse à s’agiter.

C’est là qu’on en est. Le vestiaire se fissure, l’autorité de St-Louis est contestée, et ses décisions polarisent même à l’interne.

Pendant ce temps, Demidov, calme comme jamais, patinait seul sur la glace, comme s’il n’était que le symbole silencieux de tout ce chaos.

Et St-Louis, fidèle à ses tendances, a cédé. Encore. Comme il l’avait fait avec Slafkovsky plus tôt cette saison. Le pattern est clair : plus tu cries fort, plus tu joues. Moins tu déranges, plus tu restes dans l’ombre.

Pendant ce temps, Demidov, pourtant irréprochable, continue d’être utilisé comme un espoir de fond de banque. On dit qu’on ne veut pas lui mettre trop de pression, qu’on veut l’intégrer graduellement.

Des excuses commodes. Des justifications pour ne pas bouleverser l’ordre établi. Mais la vérité est ailleurs : Demidov fait peur. Il est trop bon, trop vite. Et cela menace des places bien ancrées.

Martin St-Louis semble paralysé. Incapable de prendre la décision courageuse, celle qui s’impose pourtant avec évidence : installer Demidov sur le premier trio, à la droite de Suzuki et Caufield.

Le Canadien a le pire avantage numérique de la LNH en avril, et le coach s’obstine à laisser Demidov sur la deuxième unité. C’est du sabotage. C’est de l’orgueil mal placé.

Ce mardi matin à Brossard, ce n’était pas un simple entraînement du Canadien de Montréal. C’était de la déception pure et simple.

Une ambiance lourde, glaciale. Les gradins étaient remplis de partisans venus voir de leurs propres yeux celui qu’ils appellent déjà Demigod, mais c’est Martin St-Louis qu’ils ont vu… et c’est lui qui a reçu les regards noirs.

Ce n’est pas exagéré de dire que le coach était à deux doigts de se faire huer dans son propre centre d’entraînement.

Certains murmuraient dans les estrades : « Pourquoi il est encore sur la 2e unité de power play? »

Le ton a changé. Ce n’est plus l’idole inattaquable. C’est un entraîneur isolé, dos au mur, qui sent pour la première fois que la province qui l’a adulé est en train de se retourner contre lui.

Il n’a pas simplement déçu les fans, il a trahi une promesse qu'il a répété constamment: celle de faire jouer les meilleurs. Et ce matin, au Complexe CN, cette promesse flottait en miettes au-dessus de la glace.

Car à ce stade, ce n’est plus une erreur de gestion. C’est une lutte d’ego.

Martin St-Louis voit dans chaque question des médias, dans chaque demande du public, une tentative d’imposer une décision.

Et comme un enfant têtu, il refuse. Non pas pour protéger Demidov. Mais pour prouver qu’il a le dernier mot. Que personne ne dicte sa ligne. Que le vestiaire lui appartient encore.

Mais ce vestiaire, il est en train de le perdre. Lentement. Sûrement.

Demidov, de son côté, ne dit rien. Il joue, il sourit, il en met plein la vue. Mais il comprend. Il voit. Il sent l’injustice.

Son entourage aussi. Son agent. Les fans. Les médias. Même certains coéquipiers, qui l’ont vu dominer sur la glace et se faire mettre sur le banc quand ça comptait le plus.

La frustration est généralisée. Le Centre Bell est en colère. Même à Brossard aujourd'hui, les gens étaient en furie parce que Demidov était toujours sur la 2e unité d'avantage numérique.

Après la défaite contre les Blackhawks, des insultes fusaient dans les estrades. Des partisans en colère ont crié à St-Louis qu’il avait saboté le match.

Ce fut la même chose à Brossard aujourd"hui. Et les fans n’ont pas tort. C’est St-Louis qui a refusé d’envoyer Demidov en fusillade.

C’est lui qui a effectué un changement douteux en désavantage numérique menant au deuxième but. C’est lui qui s’est obstiné avec son alignement, ignorant le moment, le momentum et la magie.

Ce n’est plus une coïncidence. C’est un symptôme.

Celui d’un entraîneur qui ne fait plus confiance à ses instincts. Qui suranalyse. Qui se braque. Qui pense à lui avant de penser à l’équipe.

Car dans le fond, tout le monde lui disait quoi faire. Les experts. Les analystes. Le public. Même les joueurs. Tout le monde voulait Demidov avec les meilleurs. Tout le monde voulait le voir en fusillade. Tout le monde savait qu’il était prêt.

Mais St-Louis a dit non. Par orgueil.

Et c’est ce qui a coûté le match.

Dans le hockey, comme dans la vie, l’ego est le pire des ennemis. Et c’est lui, rien d’autre, qui a fait tomber le CH lundi soir. Pas Chicago. Pas Nazar. Pas le poteau de Suzuki. L’ego de Martin St-Louis.

Et si le Canadien rate les séries, ce ne sera pas à cause de ses jeunes. Ni à cause de ses blessés. Ce sera à cause de celui qui devait les guider… et qui a préféré les étouffer.