Menaces physiques: André Roy doit s'excuser

Menaces physiques: André Roy doit s'excuser

Par David Garel le 2025-11-22

André Roy a dépassé la ligne : menacer physiquement un joueur en ondes n’a aucune place dans le paysage sportif.

Il existe des opinions tranchantes dans le monde  Il existe aussi la critique légitime, la frustration d’un ancien joueur qui a connu l’intensité du vestiaire, les coups reçus, les sacrifices physiques.

Mais il existe une autre catégorie, plus sombre, celle où la colère déborde et franchit les limites de ce qui devrait être acceptable publiquement.

André Roy vient de traverser cette ligne. Et ce qui choque, ce n’est pas simplement ce qu’il pense de Kirby Dach, mais comment il l’a dit.

Invité à l’émission Le Retour avec Martin Lemay, l’ancien dur à cuire a explosé contre l’attaquant du Canadien, blessé encore une fois après avoir bloqué un tir de Nikita Zadorov.

Beaucoup en ont fait une affaire de malchance. Roy, lui, s’est lancé dans un monologue brutal, accusant Dach de fragilité chronique, allant jusqu’à suggérer qu’il faudrait l’interpeller physiquement.

Les mots exacts sont impossibles à banaliser :

« À un moment donné, ça n’a pas de sens d’être blessé de même… Je le regarde, il se fait pousser, il tombe à terre, il se tient la face… Arrête de tout le temps te pogner la face pis ton genou pis ton épaule! C'est un sport de contacts! Moi, ça me fait capoter!

Je le pognerais à la gorge et j’y dirais : t’es 6’4” / 220 lbs, faut que t’arrêtes de tout le temps avoir mal! »

Dans une émission, en direct, avec des milliers de gens à l’écoute:

On peut être choqué par l’historique de blessures de Dach. On peut être déçu qu’un joueur de ce talent, payé pour être une pierre angulai de la reconstruction, enchaîne les absences.

On peut questionner son style de jeu, son implication, son engagement physique. Mais menacer de “le pogner par la gorge” à la radio, c’est une inacceptable.

On ne parle plus d’analyse hockey.

On ne parle plus d’opinion.

On parle d’appel à l’intimidation physique envers un joueur qui a déjà subi des opérations, des déchirures ligamentaires, un genou reconstruit, une saison gâchée, et qui se bat contre son propre corps depuis trois ans.

Dans une époque où la santé mentale des athlètes est enfin prise au sérieux, où l’on reconnaît que les blessures peuvent détruire des carrières et des identités, la sortie d’André Roy sonne comme un retour 20 ans en arrière.

Ce qui rend l’affaire encore plus troublante, c’est le pedigree d’André Roy. Ancien joueur respecté, ex-coéquipier de Martin St-Louis à Tampa Bay, un homme qui connaît la violence du métier, la douleur constante, les commotions, la chirurgie, le risque d’être oublié dès qu’on n’est plus utile.

Ce n’est pas un animateur qui cherche du buzz.

C’est quelqu’un qui a vécu ce que Dach vit.

Ce qui rend sa sortie encore plus cruelle.

« Désolé pour les fans de Dach… mais à un moment donné, c’en est quasiment gênant. »

« Je pense que ça va juste continuer. »

"C'est pas juste de la malchance, il est fait de même."

"J'ai pas un bon feeling de ce gars-là et je regarderais mes autres options."

"C'est de même que je pense."

"Ça n'a pas de sens!"

"Oui, c'est de la malchance, tu te fais blesser pis c'est plate, mais là, à un moment donné, ça n'a pas de sens d'être blessé de même!"

"Bloquer le tir de Zadorov, l'an passé c'était le genou, l'autre année c'est l'autre genou À un moment donné, il a tout le temps quelque chose!"

"Moi, ça me fait capoter!"

@leretourmartinlemay André Roy perd patience à l’endroit de Kirby Dach! Avez-vous jeté la serviette aussi? 🥲  Le Retour avec Martin Lemay tous les jours en semaine dès 14h54 en direct sur Youtube! #fyp #foryou #Canadiens #KirbyDach #LNH ♬ son original - Le Retour avec Martin Lemay

Aucune prise de recul sur la violence des propos.

Aucune empathie pour un joueur qui lutte pour sa santé.

Le problème n’est pas Kirby Dach. Le problème, c’est le discours.

Dans les médias sportifs, la ligne entre analyse et insultes s’effondre. La tentation est grande de tomber dans le théâtre, le choc, le spectaculaire verbal. André Roy est loin d’être le seul. Mais c’est lui, cette semaine, qui a été trop loin.

Ce n’est pas “politiquement incorrect”.

Ce n’est pas “dire les vraies affaires”.

C’est irresponsable.

Kirby Dach ne manque pas de courage.

Il manque de chance.

Et dans une ligue qui détruit des carrières en un quart de seconde, le dernier réflexe à avoir est de banaliser la souffrance physique en y répondant par l’agressivité.

André Roy avait le droit d’être exaspéré.

Il avait le droit de dire que le Canadien devrait envisager d’autres options.

Il avait le droit de penser que Dach ne sera jamais un joueur durable.

Mais il n’avait aucun droit, jamais, d’utiliser la menace physique comme argument, encore moins envers un joueur qui a passé plus de temps sur une table d’opération que sur une patinoire depuis trois ans.

Dans ce métier, la douleur est déjà partout.

On n’a pas besoin d’en rajouter devant un micro.