Rien ne va plus en Utah. Le Mammoth, présenté comme une future puissance de l’Ouest, vient d’encaisser une autre humiliation, cette fois à Calgary, dans un match où les Flames ont marqué après seize secondes avant de protéger ce maigre coussin jusqu’à la sirène finale.
Une autre soirée sans âme, sans mordant, sans conviction… et sans Logan Cooley, blessé de façon terrifiante la veille lorsque sa jambe s’est tordue contre le poteau après un accrochage de Quinn Hughes.
Les images ont glacé le sang du vestiaire, et le diagnostic n’est même pas encore clair : Cooley sera réévalué au retour en Utah. Pendant ce temps, le Mammoth viennent d’être blanchi pour la deuxième fois en cinq matchs, incapables de gagner une guerre devant le filet, incapables de générer la moindre offensive.
Pourtant, cette équipe est remplie de talent... mais ne semble plus vouloir jouer pour son coach.
Et dans cet effondrement collectif, un homme porte le blâme : André Tourigny.
Car ce n’est plus un simple mauvais moment. C’est une crise sportive. Les méias de Salt Lake City parlent même d'une crise identitaire.
Pour Martin St-Louis, c'est le karma qu'il attendait depuis longtemps.
Même dans l’entourage serré de Tourigny, on ne cache plus l’inquiétude.
Des gars comme Éric Bélanger, Steve Bégin et André Roy, pourtant très proches du coach québécois, commencent à admettre publiquement que le banc chauffe dangereusement sous ses pieds.
L'Utah devait être une équipe établie cette saison : rapides, jeunes, bourrés de talent, une reconcstruction terminée.
Or, ils n’arrivent même pas à passer le « dernier obstacle ». Ils jouent « fatigués », « hésitants », « trop périphérie », des mots que Tourigny lui-même a utilisés après la défaite à Calgary.
Et lorsqu’un entraîneur commence à expliquer publiquement que ses gars « ne veulent pas aller dans les yeux du gardien » et « manquent de dérangement », c’est rarement bon signe.
Les mots utilisés par le coach veulent dire que son équipe ne veut pas payer le prix. Et ça... ça fait mal comme jamais...
Guenther, Keller, Peterka, Schmaltz… Tous invisibles dans les moments importants.
Les gardiens? Catastrophiques.
La robustesse? Inexistante.
La structure? Voilà le plus gros problème: les joueurs sont tout perdus sur la glace. Mais le plus croustillant, dans tout ça, c’est ceci :
Tourigny est littéralement victime de sa propre arrogance des dernières années.
On l’oublie trop souvent, mais c’est Tourigny lui-même qui avait ouvert les hostilités à l’époque où Martin St-Louis venait d’être engagé.
Il avait levé le nez publiquement sur l’embauche du CH, répétant que Montréal avait fait un choix « ridicule », qu’il ne comprenait pas que St-Louis obtienne un poste d’entraîneur principal sans expérience derrière un banc professionnel.
Il y était allé jusqu’à affirmer, sur les ondes du 98,5 FM, que le meilleur coach hors LNH était Benoît Groulx et faisait comprendre à tout le monde que St-Louis était un imposteur parachuté dans la LNH:
« La responsabilité d’un coach n’est pas de savoir, mais plutôt de faire appliquer aux autres. Un joueur sait quoi faire. Cependant, un entraîneur doit transmettre la connaissance... »
Tourigny a toujours été méprisant envers St-Louis et a tjours affirmé que le coach du CH n'avait pas le CV pour devenir coach du CH.
« Le meilleur coach contre qui j’ai coaché de toute ma vie, c’est Ben Groulx. Je ne comprends pas pourquoi le CH ne lui a pas donné sa chance » avait-il clamé.
Tout le monde avait compris qu'il visait St-Louis et surtout le CH pour avoir engagé un coach du Bantam.
Puis est venu le dossier Arber Xhekaj, qui a révélé plus que n’importe quel discours.
Tourigny n’avait même plus besoin de nommer St-Louis pour l’attaquer.
Ses déclarations étaient des bombes.
« Je trouve qu’il y a de la robustesse en séries… Quand ils rentrent Xhekaj dans la formation à Montréal, la ville vire de bout en bout. »
« C’est difficile de demander à des joueurs comme Xhekaj d’être disciplinés, de ne pas prendre de punitions… mais ne pas prendre de punitions, à un moment donné, ça ne fait pas trop de sens! »
Ces phrases étaient des flèches cinglantes envers Martin. Son message était clair et net:
« Si St-Louis ne veut pas de Xhekaj, moi je le prends. »
Il sous-entendait que St-Louis dénature ses joueurs.
Et il insistait, une fois de plus, pour se positionner comme le coach « vrai », « instinctif », « robuste », en opposition au coach analytique, réfléchi, méthodique qu’est St-Louis.
Ce mépris n’est pas oublié.
Et aujourd’hui, il revient lui exploser au visage.
L’Utah manque exactement ce que Tourigny reprochait à Montréal
Tourigny se vante d’aimer le muscle… mais son équipe est peureuse. Il célèbre la robustesse… mais son vestiaire est rempli de joueurs qui évitent le contact.
Il exige du « dérangement »… mais ses stars refusent d’aller dans le trafic.
Il critique St-Louis pour sa structure défensive… alors que son propre système s’effondre dès que le match devient physique.
Utah est devenu tout ce qu’il reprochait au Canadien : une équipe molle, prévisible, facile à affronter, sans identité claire.
Et la défaite de 2-0 à Calgary, où le Mammoth n’a jamais touché l’intérieur de la glace. représente parfaitement la catastrophe au sein de son vestiaire.
La réalité est que ce club est dépendant à Logan Cooley. Et quand leur vedette est à l'écart du jeu, Tourigny n'est pas capable de s'adapter.
Et un club ordinaire, dirigé par un coach arrogant, dans un nouveau marché, avec des attentes monstrueuses… ça devient une bombe à retardement.
Et pendant ce temps, St-Louis gagne la guerre silencieuse C’est là que le karma frappe.
Pendant que Tourigny s’égare dans les critiques voilées, Martin St-Louis, lui, répond sur la glace. C’est lui qui a corrigé Tourigny en public quand le Mammoth est venu se faire écraser 6-2 au Centre Bell.
C’est lui qui a redonné confiance à Xhekaj.
Et c’est lui, surtout, qui n’a jamais eu besoin d’humilier un confrère en entrevue.
Les dirigeants de l’Utah n’attendront pas longtemps. Surtout que le propriétaire, Ryan Smith, avait clamé en début de saison qu'il voyait son équipe dans le top de la LNH.
Le Mammoth doit séduire un marché entier, vendre des billets, créer une identité… et ce n’est certainement pas une équipe moribonde qui va y parvenir.
Tourigny ne peut plus se permettre la moindre erreur.
Parce qu’il a passé des mois à donner des leçons à Martin St-Louis… et que c’est lui, maintenant, qui aurait désespérément besoin de leçons.
L’homme qui s’est longtemps cru au-dessus du coach montréalais se retrouve aujourd’hui au bord du précipice. Et cette fois, personne ne viendra le retenir.
Ça sent le congédiement à plein nez...
