Appartement de Logan Mailloux: Zachary Bolduc répond

Appartement de Logan Mailloux: Zachary Bolduc répond

Par David Garel le 2025-10-07

La rivalité entre Zachary Bolduc et Logan Mailloux est née... quelque part entre Montréal, Saint-Louis et New York, là où Kent Hughes a appuyé sur les mauvais boutons, peut-être même sur tous les mauvais boutons.

Depuis ce jour fatidique où le Canadien de Montréal a décidé d’échanger Logan Mailloux aux Blues de Saint-Louis contre Zachary Bolduc, deux trajectoires s’affrontent, deux visions du hockey s’opposent, et une guerre froide entre deux jeunes Québécois s’est enclenchée… pour la vie.

Mailloux ne l’a jamais dit ouvertement. Il ne le dira jamais. Mais tout ce que le CH n’a jamais vu ou jamais voulu voir en lui, les Blues l’ont adopté en quelques jours.

Mailloux a imposé sa force brute, sa confiance, sa mobilité durant tout le camp d'entraînement.

Contre Ottawa, plus de 22. Deux mentions d’aide. Mais surtout : une attitude. Un calme. Une présence. Et une intelligence défensive nouvelle, totalement absente à Laval l’an dernier.

À la suite de la victoire éclatante de 7-1 contre les Sénateurs, Jim Montgomery, l’entraîneur des Blues, a lancé une bombe.

« Mailloux a été très bon. Il a fait beaucoup de bons jeux en défense et en attaque. Ça se voit que c’est un excellent joueur de hockey, et il va nous aider dans le futur. »

Une phrase, une seule, qui a suffi à le placer au cœur de la défensive du club. Il a gagné son pari : les Blues lui ont dit de se trouver un appartement à Saint-Louis.

Et cet appartement n’a rien à voir avec celui qu’il occupait à Laval. Car Mailloux, dans son ancienne vie, aimait les soirées. Aimait les after-partys. Aimait l’adrénaline. Il traînait même son garde du corps personnel pour aller aux fêtes.

À Laval, tout le monde savait que le défenseur avait transformé son condo en repère festif, parfois dérangeant pour les voisins.

À Saint-Louis, c’est le calme. L’ordre. Le professionnalisme. Mailloux s’est rangé. Il vit seul. Il veut performer. Il veut prouver que le Canadien a commis une erreur historique.

Et pendant ce temps, à Montréal, Zachary Bolduc se prépare à son premier match de saison dans l’uniforme du club de son enfance.

« Je pense que je vais être dans la gestion des émotions, a-t-il confié mardi matin. C’est déjà excitant de commencer une saison, et pour moi, ça l’est encore plus avec une nouvelle équipe, et avec un nouveau groupe de joueurs.»

Ce premier match, face aux Maple Leafs de Toronto, il ne l’oubliera jamais. C’est là que débute son pari personnel.

Car Bolduc a entendu les critiques. Il a lu les publications sur les réseaux sociaux.. Il a vu les manchettes à Saint-Louis qui disaient : les Blues ont volé le Canadien. Il sait qu’on l’a traité de joueur « terne » au camp. Il sait que son nom est constamment comparé à celui de Mailloux. Il veut répondre.

Et il le fera sur la première unité de l’avantage numérique du Canadien. Une marque de confiance énorme. Une réponse directe à ceux qui doutent.

« On voulait ajouter du papier sablé, et il est capable de faire ça, a expliqué Martin St-Louis. Il a une vitesse, une pesanteur et une attitude… il doit jouer là-dedans. On sait qu’il a un très bon lancer, et il va nous aider en avantage numérique. »

Bolduc, lui, assume. Il assume la pression. Il assume son rôle. Il assume l’étiquette.

« Absolument, je pense qu’on peut faire les séries. Les gars ici savent ce que ça prend. Le Canadien de l’an dernier, c’était une équipe avec du caractère. On peut bâtir là-dessus. »

Mais la réalité, c’est que Bolduc revient d’un camp d’entraînement moyen, ponctué d’une blessure au bas du corps qui a ralenti sa progression.

Et dans un vestiaire ultra compétitif, ce genre de faux départ peut coûter cher. Pendant que Bolduc reprenait le rythme, Mailloux lui, pulvérisait la hiérarchie à Saint-Louis.

Il s’est hissé sur la deuxième unité du jeu de puissance, au sein d’un groupe dirigé par Justin Faulk et composé de Kyrou, Holloway, Neighbours. Un environnement offensif parfait pour un défenseur créatif, explosif, puissant.

Hugues Marcil, de LNH.com, n’a pas hésité à lancer sa propre prédiction :

« Le défenseur, acquis des Canadiens de Montréal en retour de l’ailier Zachary Bolduc, va se tailler une place sur la deuxième vague du jeu de puissance et il va frôler le plateau des 40 points avec plus de 10 buts. »

Ce genre de déclaration circule comme un poison dans l’entourage du Canadien. Elle fait mal. Car elle renvoie à la vraie question : pourquoi avoir échangé Logan Mailloux maintenant ?

Et surtout, pourquoi avoir protégé David Reinbacher ? Les Ducks d’Anaheim voulaient le cinquième choix. Ils offraient Mason McTavish en retour. Kent Hughes a dit non. Il a tenu à Reinbacher.

Puis, quelques semaines plus tard, il a envoyé Mailloux à Saint-Louis… avant de se vider les poches pour obtenir Noah Dobson, contre les choix 16 et 17.

Et aujourd’hui ? Dobson connaît un camp en demi-teinte, trop mou, trop risqué. Mais ne le jugeons pas avant de le voir

Mais Reinbacher est blessé... Et Mailloux est une étoile montante à Saint-Louis.

Le triangle infernal Montréal-New York-Saint-Louis pourrait bien devenir le cauchemar de Kent Hughes. Parce que pendant que Mailloux brille, Zachary Bolduc marche sur une corde raide. Il est bon, oui. Il a du talent, c’est vrai. Il est intelligent, lucide, modeste. Mais il sait qu’il sera comparé à Mailloux chaque semaine, chaque match, chaque point.

Et les deux jeunes le savent. Ils ont été liés à vie par cette transaction. Ils sont devenus rivaux à jamais, même s’ils ne se le disent pas en face.

Montréal regarde Bolduc comme un sauveur local. Saint-Louis voit Mailloux comme un joyau brut qui a été rejeté trop tôt. Et chaque bonne performance de l’un met de la pression sur l’autre. Chaque erreur de l’un réhabilite l’autre.

Mailloux ne fait plus de vagues hors-glace. Il s’est rangé. Il ne parle plus de lune ou de métaphores. Il joue. Il exécute. Il frappe. Il anticipe. Il rassure.

Bolduc, lui, parle au cœur, avec des mots vrais :

« Je me souviens très bien de nos samedis à la maison, devant la télé, quand c’était le Canadien contre Toronto. J’ai grandi avec cette rivalité-là, alors j’ai bien hâte… et je sais que tout le monde ici a hâte aussi ! »

Et dans les gradins, ce soir-là, ils seront des milliers à ne pas regarder seulement Toronto-Montréal.

Ils regarderont Mailloux vs Bolduc, deux chemins qui ne se croiseront plus… mais qui seront jugés en parallèle jusqu’à la fin de leur carrière.