On l’a dit, redit, répété sur toutes les tribunes : dès le retour de Kaiden Guhle, Arber Xhekaj allait prendre le chemin des gradins.
Que Jayden Struble était tout simplement meilleur. Que Martin St-Louis ne lui faisait plus confiance. Que sa place dans l’alignement du Canadien de Montréal était condamnée.
Et pendant ce temps, les rumeurs de transaction reprenaient de plus belle : direction Philadelphie ou Chicago cet été, selon plusieurs sources.
C’était écrit noir sur blanc. Le Shérif allait être exilé cet été. Mais samedi soir au Centre Bell, Arber Xhekaj a écrit sa propre histoire.
Alors que le CH était amorphe et endormi au point de se faire doucement endormir par l'Avalanche du Colorado, Keaton Middleton a tenté d’intimider Josh Anderson.
Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Xhekaj était là. Présent. Debout. Et il n’a pas hésité une seconde. D’un bond, il est intervenu. Il a regardé Middleton droit dans les yeux.
Et il lui a envoyé le message le plus clair de toute la soirée : « Pas ce soir. Pas chez nous. »
Le reste appartient à la légende.
Le géant du Colorado a à peine eu le temps de lever les bras qu’il se retrouvait sur le dos, sous les coups bien placés de Xhekaj.
Le Centre Bell s’est enflammé. Les joueurs sur le banc se sont levés comme un seul homme. Et l’élan de la rencontre a changé du tout au tout.
Ce combat – et surtout cette présence d’esprit, ce courage, cette fougue – a réanimé toute l’équipe. Une équipe qui, jusqu’à ce moment précis, semblait bien partie pour s’écraser sans résistance.
Et soudainement, les critiques ont disparu. Comme si, à cet instant, tout le monde s’était souvenu pourquoi le Shérif avait autant de partisans.
Pourquoi son chandail se vend si bien. Pourquoi les fans l’aiment autant. Parce que ce gars-là, c’est un catalyseur. Ce gars-là, c’est un homme qui refuse la soumission, qui refuse de disparaître dans l’ombre.
Ce gars-là, il veut faire gagner son équipe – pas en paroles, mais en actes.
Martin St-Louis l’a vu. Et il a fléchi. Il n’avait pas le choix. Le coach a compris qu’il n’a pas juste besoin de défenseurs qui relancent bien l’attaque, qui patinent comme le vent ou qui marquent quelques points à l’occasion.
Il a besoin de joueurs comme Xhekaj. Des joueurs qui changent l’émotion d’un match. Qui inspirent leurs coéquipiers. Qui créent un lien viscéral avec leurs partisans. Des joueurs qui font peur à l’adversaire, mais qui rassurent leur banc.
Les rumeurs envoyant Xhekaj à Philadelphie ou à Chicago peuvent aller se coucher. Daniel Brière peut se chercher un autre policier.
À Chicago, on peut bien chercher un peu de robustesse pour protéger Bedard, mais ce ne sera pas avec Xhekaj. Pas après ce qu’on a vu samedi soir. Pas après cette démonstration de leadership et de présence.
Jayden Struble joue bien, personne ne remet ça en question. Mais Arber Xhekaj apporte quelque chose qu’aucun autre défenseur du CH ne peut offrir. Pas même Kaiden Guhle.
Xhekaj, c’est un cœur. Un leader émotif. Un mur. Et surtout, une menace constante pour toute équipe adverse qui voudrait lever le ton.
Sa performance contre l’Avalanche a été bien plus qu’un simple combat. C’était une réponse à des semaines de doutes. Une réponse aux critiques. Une réponse à ceux qui l’avaient enterré trop vite.
Samedi soir, le Canadien a récolté un point précieux dans la course aux séries. Mais plus encore, il a retrouvé l’âme d’un de ses soldats.
Un soldat qui a rappelé à tout le monde – médias, fans, dirigeants – qu’il n’est pas question de le rayer de la carte aussi facilement.
Arber Xhekaj est de retour. Il n’a jamais vraiment quitté, mais cette fois, c’est officiel. Le Shérif est debout, et il est là pour rester.
Au final, le défenseur a conquis Martin St-Louis… à sa manière
Il y a quelques mois à peine, Arber Xhekaj semblait glisser doucement vers la périphérie du projet du Canadien de Montréal.
Cloué au banc à quelques reprises, laissé de côté dans certains matchs clés, Xhekaj n’était plus ce phénomène populaire et redouté qu’il avait été à ses débuts.
Sa robustesse, son surnom accrocheur de “Shérif”, ses campagnes publicitaires pour des burgers… tout cela avait contribué à forger un personnage médiatique, mais pas nécessairement un joueur qui collait à la vision stricte et disciplinée de Martin St-Louis.
Et le coach ne s’en était jamais caché.
Martin St-Louis n’aimait pas le surnom. Il n’aimait pas ce branding public autour d’un jeune joueur encore à la recherche de constance.
Il n’appréciait pas l’indiscipline sur la glace, les pénalités évitables, les mauvaises décisions dans sa propre zone. St-Louis, sans jamais l’humilier publiquement, a toujours été très clair : tant qu’Arber Xhekaj ne deviendrait pas un défenseur complet, responsable et discipliné, il ne serait pas une pièce importante du CH. C’était noir sur blanc.
Il y a eu des frictions. Il y a eu des moments de doute. Et certains se demandaient même si Xhekaj allait être échangé dès cet été, surtout avec la profondeur défensive de l’équipe et la popularité montante de Jayden Struble.
Des rumeurs d’intérêt de la part des Flyers de Philadelphie et des Blackhawks de Chicago circulaient déjà dans les coulisses.
Certains croyaient même que son personnage médiatique nuisait à sa crédibilité sur la glace. Il était vu par certains comme un “produit marketing” plus qu’un défenseur fiable.
Mais samedi soir contre l’Avalanche du Colorado, tout a basculé.
Hier soir, ce n’était pas une bagarre gratuite. C’était un geste réfléchi, pesé. Xhekaj a choisi son moment avec maturité.
Le Centre Bell a explosé. Le banc du Canadien aussi. Les mots de Renaud Lavoie à TVA Sports n’ont pas tardé à suivre : « C’est Arber Xhekaj qui ramène l’énergie, qui rallume le feu dans cette équipe. »
Mais le plus révélateur, c’est que Martin St-Louis a approuvé. Il n’a pas minimisé l’impact de Xhekaj. Il a reconnu sa contribution.
Il a, pour la première fois, semblé pleinement en paix avec ce que Xhekaj apporte — parce qu’il l’a fait à sa façon, mais selon les règles du coach.
Xhekaj n’a plus besoin de faire des campagnes publicitaires pour exister. Il n’a plus besoin qu’on le surnomme le “Shérif” pour prouver sa valeur.
Et là, enfin, St-Louis a peut-être cessé de le voir comme produit publicitaire, pour le considérer comme un soldat prêt à suivre la mission.
Il était temps.