Bagarre sur la glace: les frères Xhekaj avertis par Martin St-Louis

Bagarre sur la glace: les frères Xhekaj avertis par Martin St-Louis

Par David Garel le 2025-09-23

Il aura fallu attendre le camp d’entraînement 2025 pour que Martin St-Louis accepte de réunir Arber et Florian Xhekaj sur la même glace, dans le même alignement, sous les couleurs du Canadien de Montréal.

Un moment symbolique, attendu, presque émouvant. Mais aussi terriblement révélateur du revirement de philosophie de l’entraîneur-chef.

Car il ne faut pas oublier qu’en 2024, tout avait été fait pour que les deux frères ne jouent pas ensemble.

Et ce n’était pas un hasard.

Le choix délibéré de 2024 était clair comme de l'eau de roche : casser le mythe Xhekaj

Ce n’est pas une rumeur. Ce n’est pas une interprétation. Renaud Lavoie lui-même, en ondes à BPM Sports, l’a confirmé: en septembre 2024, le Canadien avait délibérément séparé les deux frères.

« Le CH a tout fait pour que les deux gars ne se retrouvent pas dans la même formation. »

Pourquoi? Parce que Martin St-Louis voulait briser la dynamique familiale. Il voulait voir ce que Florian Xhekaj avait dans le ventre sans l’ombre protectrice de son grand frère. Et surtout, il ne voulait pas transformer le camp d’entraînement en festival de coups de poing fraternel.

Le message était clair : la robustesse ne serait pas valorisée.

Et l’extrait vidéo d’Arber Xhekaj déclarant « personne ne va toucher à mon frère puisqu’il sera là » n’a fait que confirmer ce que St-Louis redoutait : le Shérif est un protecteur avant d’être un défenseur.

Ce genre de rôle, St-Louis n’en voulait pas.

Mais voilà que le discours a changé.

Un an plus tard, Martin St-Louis ouvre la porte à la robustesse, à la friction, au jeu plus méchant. Pourquoi? Parce qu’il a compris. Parce qu’il n’a plus le choix.

Le CH veut maintenant se bâtir une identité qui allie finesse et intensité.

Et dans cette optique, les frères Xhekaj deviennent utiles. Même indispensables.

Florian a montré, l’an passé à Laval, qu’il n’a pas besoin d’un garde du corps. Il se bat, il frappe, il marque. Et il a même été considéré pour un rappel durant les séries face aux Capitals.

« Ce n’était pas dans les plans de faire ça à ma première présence. J’ai freiné devant le filet et j’ai vu des gants tomber. J’ai trouvé ça plaisant… », avait-il lancé à TVA Sports, sourire aux lèvres, après un combat éclatant contre Chas Sharpe, un goon des Maple Leafs, lors du camp des recrues.

Pendant ce temps, Arber observait des gradins, crampé comme jamais. Et le coach du CH n'a pas apprécié. Il a voulu envoyer le message aux deux frères que la LNH n'était pas une ligue "Slap Shot".

Mais ce week-end, ils seront ensemble. Pour la première fois. Et c’est Martin St-Louis qui l’a permis.

Mais attention. Ce n’est pas un chèque en blanc.

Selon plusieurs sources, Martin St-Louis a donné des instructions très strictes aux deux frères : pas question de transformer le match en foire de la Ligue nord-américaine.

« Il veut du jeu physique, oui. Il veut du méchant. Mais il ne veut pas que ça vire en cirque », a résumé un proche du vestiaire.

Pas de provocation gratuite. Pas de règlement de compte. Pas de théâtre.

Et Martin St-Louis l’a confirmé en conférence de presse. Il veut des joueurs robustes, mais pas des poulets sans tête.Son expression, bien sentie, résume son inconfort :

« Ce n’est pas de courir partout comme un poulet sans tête. C’est quand c’est ton tour et tu as une opportunité. »

Il veut que ses joueurs soient physiques, mais de façon chirurgicale, intégrée dans un plan collectif. Frapper pour détruire un jeu, pas pour se défouler. Il l’a dit :

« Il faut être durs à jouer physiquement aussi… quand tu amènes de la robustesse au joueur qui a bougé la rondelle et qu’on l’élimine, c’est rare qu’il va y retoucher bientôt. »

Et là encore, il n’y a pas de zone grise : si tu ne fais pas ça, tu redeviens inutile.

Le message est clair : « je vous donne une chance, mais décevez-moi et ce sera fini. »

Difficile toutefois de ne pas voir un certain double discours chez Martin St-Louis.

Pendant des mois, il a marginalisé Arber Xhekaj. Il a refusé de l’utiliser dans les moments importants. Il a réclamé qu’il change son style de jeu. Il l’a même sommé de mettre fin à certaines de ses activités marketing, dont son partenariat avec La Belle et la Bœuf.

Et voilà que maintenant, il lui réouvre la porte. Parce que la LNH est toujours une ligue où les équipes gagnantes ont des gars qui font peur.

Parce qu’après s’être fait brasser par les Capitals en séries, Martin St-Louis a compris que la vitesse ne suffit pas.

Mais ce changement de cap est fragile. Et Arber le sait. Florian doit vite le savoir... sinon il sera envoyé dans la niche de Marty...

La moindre erreur. La moindre pénalité évitable. Le moindre coup de trop…

Et ce sera le retour à la niche.

Le match de ce soir contre les Flyers n’est pas banal. C’est un test.

Un test pour les frères Xhekaj. Un test pour St-Louis. Et un test pour le CH tout entier.

S’ils réussissent à livrer un match intense, robuste, sans déraper… la hiérarchie interne pourrait basculer.

Florian pourrait grimper dans la rotation offensive.

Arber pourrait reprendre sa place dans la brigade défensive en écartant Jayden Struble.

Et surtout, Martin St-Louis pourrait enfin accepter que la robustesse, bien dosée, est compatible avec sa philosophie.

Mais l’avertissement est réel

La scène est belle. Les deux frères sur la même glace, avec le logo du CH sur le chandail. Mais l’épée de Damoclès est bien présente.

Martin St-Louis a changé. Mais pas tant que ça.

Il reste un entraîneur intellectuel, obsédé par la structure, méfiant face à l’émotion.

Il tolère les coups d’épaule. Il tolère les mises en échec. Mais il ne tolérera pas que le Centre Bell redevienne un ring.

Et si Florian ou Arber l’oublient ce soir… ce sera peut-être la dernière fois qu’on les verra ensemble à Montréal.

Le message est clair : Martin St-Louis les a sortis de la niche. Mais ce n’est pas pour leur donner les clés de la maison. C’est pour voir s’ils peuvent s’intégrer à sa vision, sans perdre ce qui fait d’eux des Xhekaj.

La suite appartient aux frères.

Et à leurs poings.