Bombe à retardement à Brossard : Kent Hughes prépare la sortie brutale de Patrik Laine

Bombe à retardement à Brossard : Kent Hughes prépare la sortie brutale de Patrik Laine

Par André Soueidan le 2025-09-28

C’est devenu un secret de Polichinelle à Brossard : Patrik Laine est un problème.

Et Kent Hughes le sait.

Malgré ses belles paroles, malgré ses promesses de renaissance, malgré ses quelques éclairs en avantage numérique, Laine est en train de perdre son équipe, son vestiaire, et peut-être même sa carrière.

Et pendant que Martin St-Louis tente de sauver la face, c’est Kent Hughes qui devra faire ce que tout le monde évite de dire à voix haute : le sortir du portrait. Brutalement. Définitivement.

Une ligne dysfonctionnelle… qui fait l’unanimité

Personne ne veut plus voir la ligne Laine-Dach-Demidov.

Pas les partisans.

Pas les journalistes.

Pas les experts à TVA Sports, RDS, ni même ceux de l’Antichambre.

Guy Carbonneau lui-même l’a dit hier soir : ça ne fonctionne pas.

Et surtout : il faut qu’on essaye Demidov avec Suzuki et Caufield.

« Moi j’y ai pensé. Pis si moi j’y ai pensé, Martin St-Louis aussi y a pensé. C’est sûr qu’ils y ont pensé. »

— Guy Carbonneau, L’Antichambre, 26 septembre 2025

Carbonneau vient de donner la permission. Il vient de valider une évidence que Martin St-Louis ne peut plus ignorer : il faut briser la ligne et réorganiser les trios.

Mais pour y arriver, il faut faire tomber la pièce la plus fragile du domino.

Patrik Laine.

Demidov mérite mieux

Ivan Demidov, à 19 ans, est le joueur le plus électrisant du camp. Il fait tout : il patine, il crée, il provoque. Il veut la rondelle, et il veut la garder.

Mais à côté de lui, Laine est une ombre.

Oui, il a marqué en avantage numérique. Mais dès que la glace devient réelle, dès qu’il faut transpirer, se battre, et jouer sur 200 pieds, Laine disparaît.

C’est une évidence qui saute aux yeux, même chez les recruteurs présents à Brossard : Demidov mérite d’être entouré de joueurs capables de le suivre.

Et dans ce portrait-là, Laine est un frein. Pas un moteur.

La vraie solution : Suzuki – Caufield – Demidov

On en a tous rêvé.

Carbonneau l’a dit.

Les partisans l’exigent.

Demidov avec Suzuki et Caufield.

C’est la première ligne parfaite. Du talent, de l’instinct, de la vitesse, de la créativité.

Mais pour que cette ligne prenne vie, il faut libérer une place sur le top-6. Et la vérité brutale, c’est que Laine doit dégager.

Bolduc - Dach – Slafkovsky : la nouvelle unité de choc

Avant sa première blessure au genou, Kirby Dach commençait à tracer une trajectoire prometteuse au centre avec une chimie notable aux côtés de Juraj Slafkovský.

Dès l’automne 2023, lors des matchs préparatoires, Dach évoluait comme pivot principal, et Slafkovský l’observait à sa droite comme partenaire naturel.

On notait déjà que Dach était l’un des joueurs les plus engagés physiquement et mentalement du camp, et St-Louis n’hésitait pas à le qualifier de « meilleur joueur » dans certaines séances. 

Cette combinaison prometteuse a été brutalement interrompue quand Dach s’est blessé tôt dans une saison, mais l’image reste : Dach-centre – Slafkovský à droite était une idée qu’on alimentait avec sérieux bien avant que le malheur n’arrive.

Tu leur ajoutes Zachary Bolduc, un joueur affamé qui a impressionné l'an dernier avec les Blues, et tu obtiens une ligne complète, rapide, physique et dangereuse.

Et surtout : une ligne qui respecte les valeurs de Martin St-Louis.

Effort. Responsabilité. Repli défensif. Engagement total.

Trois choses que Patrik Laine ne fait plus.

Veleno – Newhook – Kapanen : l’unité des mises en jeu

Joe Veleno vient de brouiller les cartes.

Hier contre les Leafs, il a terminé la rencontre avec 69 % d’efficacité au cercle des mises en jeu.

Un centre gaucher. Fiable. Compact. Engagé.

À ses côtés, Alex Newhook (également capable de jouer centre) et Oliver Kapanen, droitier naturel, offrent à Martin St-Louis une flexibilité précieuse.

Trois gars capables de pivoter, de couvrir, de prendre des mises en jeu dans toutes les zones.

Trois gars qui “buy-in” à 100 % à la culture du CH.

Gallagher – Evans – Anderson : le quatrième trio vétéran

C’est simple. On ne touche pas à ce trio.

Jake Evans est un leader silencieux, Gallagher est le cœur battant du vestiaire, et Josh Anderson continue d’apporter sa vitesse et son physique.

Laine n’a pas de place ici non plus.

Donc, on fait quoi avec Laine?

Il ne reste que deux options :

Le garder comme 13e attaquant et le mettre dans les estrades.

Le sortir complètement du portrait.

Mais même en le gardant dans les estrades, il reste un problème.

Un joueur comme Laine, dans les gradins, c’est une distraction. Une bombe émotionnelle. Un malaise ambulant.

Il ne parlera pas, il boudra, il va tirer la face dans le vestiaire. Et tout le monde le verra.

Martin St-Louis ne peut pas gérer ça toute la saison. Il a assez de jeunes à encadrer. Il n’a pas à tenir la main d’un vétéran désabusé.

Kent Hughes doit agir. Maintenant.

Ce n’est pas juste une question de hockey. C’est une question de leadership organisationnel.

Tu ne peux pas demander à ton coach de faire des choix difficiles, puis lui laisser la grenade dégoupillée dans les mains.

Patrik Laine doit partir.

Si Martin St-Louis décide de ne pas faire jouer Laine, il va falloir que Kent Hughes intervienne. Parce que sinon, tu imposes un stress inutile à ton entraîneur. 

Ceux qui rêvent d’un scénario à la Alexander Semin se trompent d’époque.

Oui, en 2015, le Canadien avait expédié Semin au ballotage inconditionnel, résilié son contrat, et basta.

Il était parti avec son million en poche et plus personne n’en parlait.

Mais la situation de Patrik Laine n’a rien à voir. On ne parle pas d’un contrat jetable, mais d’un pacte monstrueux de plusieurs dizaines de millions garantis. Et ça, dans la LNH de 2025, c’est du béton armé.

Première option : le ballotage.

Oui, tu peux y envoyer Laine demain matin, mais personne n’osera ramasser son contrat.

Résultat? Il t’attend sagement à Laval (en théorie), mais sa masse salariale reste collée à ton plafond dans sa quasi-totalité. Tu gagnes quoi? Des miettes.

Deuxième option : le rachat.

Mais la fenêtre est fermée depuis juillet.

Prochaine occasion? L’été 2026. Ça sert à rien ...

Troisième option : la transaction toxique.

Tu l’échanges, mais seulement en y ajoutant un choix de première ronde, un espoir de qualité, et probablement en retenant une partie du salaire.

C’est du suicide de gestion, mais c’est la seule manière réaliste de s’en débarrasser avant 2026.

Voilà la réalité crue : soit tu assumes Laine comme une bombe à retardement dans ton vestiaire, soit tu payes cher pour qu’un autre DG allume la mèche.

Dans tous les cas, c’est Kent Hughes et le Canadien qui sortent perdants.

Avec le recul, on comprend beaucoup mieux pourquoi les Blue Jackets ont largué Patrik Laine presque gratuitement.

À l’époque, Kent Hughes avait l’air d’un magicien : tu te débarrasses d’un Jordan Harris qui n’avait jamais su s’imposer à Montréal, tu cèdes un choix de deuxième ronde, et en échange tu récupères un marqueur de 40 buts… sur papier.

C’était emballant, euphorisant même.

Les partisans parlaient de « vol » et d’un Hughes qui venait de gagner le gros lot.

Mais la vérité, c’est que Columbus ne cherchait pas à maximiser un retour : ils cherchaient à se libérer d’un fardeau.

Et ce fardeau, c’est maintenant Montréal qui le porte. Un joueur fragile physiquement, imprévisible mentalement, et grevé d’un contrat qu’aucun DG ne veut toucher.

Alors, Hughes devra agir. Il n’a plus le luxe d’attendre un miracle, ni de se bercer dans l’illusion qu’un but en avantage numérique suffit à justifier un salaire et une place dans la hiérarchie.

Il devra soit l’envoyer au ballottage, soit l’écarter sous prétexte médical, soit trouver une transaction tordue qui permet de limiter les dégâts.

Peu importe le chemin, il doit sortir Laine de l’équation, et vite.

Parce qu’en ce moment, son entraîneur se bat contre un poison qu’il n’a jamais demandé, et que plus le temps passe, plus ce poison risque d’infecter tout ce que le Canadien tente de bâtir.

La vérité crue, c’est que l’organisation doit choisir entre protéger son projet à long terme ou continuer à s’enliser dans l’illusion Laine.

Et dans une ligue où la marge d’erreur est minime, où chaque geste façonne le vestiaire, Kent Hughes ne peut pas se permettre de sacrifier sa crédibilité ni celle de son coach.

Le CH a trop souffert d’attendre trop longtemps avant de tourner la page sur certains dossiers.

Cette fois, la décision s’impose d’elle-même : pour sauver son vestiaire, Hughes doit trancher. Et il doit le faire maintenant.

À suivre