Jeremy Filosa sort de son silence. Et son message laisse un goût amer.
Derrière les excuses soigneusement rédigées et les propos calibrés, une vérité dérangeante se profile : Jeremy Filosa ne parle pas librement.
Ce communiqué, visiblement encadré par la direction du 98,5 FM, ressemble davantage à une déclaration imposée qu’à une prise de parole authentique d’un journaliste chevronné.
Voici son message:
Bonjour à tous, et plus spécifiquement à tous les auditeurs du 98,5 FM. Comme vous l’avez remarqué, je manque à l’appel en ondes depuis déjà quelques mois.
La raison est simple, le 17 octobre dernier, alors que j’étais en ondes, j’ai parlé d’un sujet qui était nettement à l’extérieur de mon champ d’expertise.
Je reconnais aujourd’hui que mon énoncé n’avait pas fait l’objet d’une véritable vérification. Je comprends que, ce faisant, j’ai possiblement induit des auditeurs en erreur, ce qui n’était pas du tout mon objectif.
Lors des dernières semaines, j’ai eu la chance de réviser les obligations déontologiques qui sont propres au travail journalistique.
Parmi celles-ci, lorsqu'un journaliste émet une opinion, qu’elle soit dans son champ d’expertise ou non, l'exactitude des faits est fondamentale à son travail, et essentielle à la confiance du public.
Je voudrais prendre le temps de m’excuser auprès de notre auditoire et auprès de mes collègues et patrons, qui ont été placés dans une situation déplaisante.
Depuis 25 ans, je prends à cœur mon métier, et j’ai toujours eu le souci de faire un travail professionnel. Normalement je devrais recommencer à faire du micro d’ici la fin du mois de janvier, un travail que j’adore et que j’ai l’intention de continuer à pratiquer pendant plusieurs années.
J’ai déjà hâte de pouvoir recommencer à vous parler de sports. Ça se fera au retour des vacances en janvier. Sur ce, je voudrais tous vous souhaiter un joyeux temps des fêtes, et à bientôt.
Dès les premiers mots, on sent que Jeremy Filosa ne s’adresse pas à ses auditeurs avec la même passion et la même énergie qui le caractérisaient depuis 25 ans.
Ses excuses semblent forcées, presque récitées, comme si elles avaient été dictées par un supérieur.
« J’ai parlé d’un sujet qui était nettement à l’extérieur de mon champ d’expertise » : Une affirmation qui ne correspond pas à l’esprit d’un journaliste comme Filosa, reconnu pour sa curiosité et son courage intellectuel.
Depuis quand un journaliste doit-il rester enfermé dans son champ d’expertise pour émettre une opinion ?
« Mon énoncé n’avait pas fait l’objet d’une véritable vérification » : Une phrase troublante, qui sous-entend une faute grave, alors que le débat autour de l’alunissage de 1969 reste, pour beaucoup, une simple opinion personnelle, pas une désinformation délibérée.
Ce communiqué, loin de restaurer la confiance du public, renforce plutôt l’idée que Filosa a été contraint de s’humilier publiquement pour sauver sa place au sein d’une entreprise qui l’a manifestement abandonné.
La situation de Jeremy Filosa met en lumière un problème bien plus profond au 98,5 FM. Voici un journaliste avec 25 ans de carrière, qui a consacré sa vie à informer et divertir les auditeurs, mais qui se voit aujourd’hui réduit au silence et contraint de se justifier pour une simple opinion.
On lui impose de suivre une formation en déontologie, comme s’il était un stagiaire inexpérimenté, alors que son parcours parle pour lui.
Il est écarté des ondes pendant des mois, un traitement qui ressemble à un congé disciplinaire déguisé.
Pire encore, son retour est annoncé pour janvier, mais dans des conditions qui restent floues, laissant planer le doute sur l’avenir de sa carrière.
Le 98,5 FM, par ce geste, ne protège pas la déontologie journalistique, mais brise un homme en le forçant à s’excuser pour un faux pas mineur.
Où est la justice dans tout cela ?
Le silence imposé à Jeremy Filosa est une stratégie évidente pour l’humilier et lui faire perdre sa crédibilité. Pourquoi ?
Parce que Cogeco ne veut pas assumer les coûts d’un congédiement en bonne et due forme. Rappelons que Filosa est un employé syndiqué avec 19 ans d’ancienneté, et un licenciement lui vaudrait une énorme indemnité.
En le forçant à s’excuser publiquement et en le maintenant hors des ondes, Cogeco espère probablement que Filosa finira par démissionner de lui-même.
Une stratégie cruelle et inhumaine, particulièrement à l’approche des fêtes, pour un père de famille qui n’a d’autre choix que de se plier à ces humiliations pour conserver son emploi.
Cette affaire va bien au-delà de Jeremy Filosa. Elle met en lumière une tendance inquiétante dans les médias traditionnels : la suppression de la liberté d’expression au profit d’un conformisme imposé par des dirigeants plus préoccupés par leur image que par l’intégrité journalistique.
Pourquoi Filosa doit-il s’excuser publiquement pour une opinion personnelle, alors que d’autres chroniqueurs, bien moins rigoureux, continuent d’exprimer leurs idées sans crainte de représailles ?
Pourquoi la direction du 98,5 FM accepte-t-elle que des conflits d’ego, comme ceux de Patrick Lagacé ou Philippe Cantin qui tirent les ficelles chez Cogeco, dominent l’environnement de travail, mais s’acharne-t-elle sur un journaliste respecté pour une erreur mineure ?
Si Québecor veut se positionner comme une alternative sérieuse aux médias traditionnels en déclin, il est temps pour Pierre Karl Péladeau d’agir.
Recruter Jeremy Filosa serait non seulement un geste stratégique, mais aussi une déclaration claire : chez Québecor, la liberté d’expression est encore une valeur fondamentale.
Péladeau pourrait offrir à Filosa une tribune où il pourra s’exprimer sans craindre les représailles d’une direction plus soucieuse de plaire que de protéger ses employés.
En accueillant Filosa, Québecor enverrait également un message aux auditeurs : vos voix comptent, et nous sommes là pour les écouter.
Le message publié par Jeremy Filosa n’est pas celui d’un homme libre. C’est celui d’un journaliste contraint de s’auto-flageller pour préserver ce qui reste de sa carrière.
Mais le public n’est pas naïf.. Les auditeurs savent reconnaître un talent authentique, et ils ne resteront pas silencieux face à une injustice aussi flagrante.
Jeremy Filosa ne devrait pas avoir à s’excuser pour avoir exprimé une opinion. Ce qu’il mérite, c’est une tribune où il peut continuer à poser les questions difficiles, à stimuler le débat public et à informer avec passion.
Si le 98,5 FMn’est pas prêt à lui offrir cela, alors il est peut-être temps pour Filosa de trouver un endroit qui le fera.
La liberté d’expression et le respect des journalistes ne sont pas des luxes.
Ils sont essentiels à la démocratie et à la crédibilité des médias. Et en ce moment, ces valeurs sont en train de disparaître au 98,5 FM.