Bombe médiatique au Québec: TVA s'effondre

Bombe médiatique au Québec: TVA s'effondre

Par David Garel le 2025-03-21

Scandale à TVA.

Le réseau exige la somme de 300 000 $ pour organiser son traditionnel Face-à-Face des chefs lors de la prochaine campagne électorale fédérale.

La facture serait répartie également entre les quatre principales formations : le Parti libéral du Canada, le Parti conservateur, le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois, chacun devant verser 75 000 $ pour que leur chef participe au débat.

Sans cette participation financière, TVA menace carrément d’annuler le débat.

L’argument avancé par Louis-Philippe Neveu, producteur exécutif du Face-à-Face et maintenant patron de tout TVA : la situation financière précaire du Groupe TVA et l’incapacité à absorber seul les coûts liés à la production de l’événement.

Le studio MELS, les pigistes, l’équipement technique et la logistique seraient devenus des charges « insurmontables » sans contribution directe des partis.

L’heure est grave. Et l’indignation gronde.

C’est un geste qui dépasse l’entendement. Un geste qui en dit long sur l’état de panique généralisée qui règne dans les couloirs de TVA.

Un geste qui symbolise, à lui seul, la débâcle d’un empire médiatique jadis respecté : demander aux partis politiques 300 000 dollars pour organiser le débat des chefs est une honte nationale.

Voilà la plus récente gifle en provenance du bunker de Québecor, où l’on semble maintenant prêt à tout, même à monnayer la démocratie, pour garder une chaîne en vie.

Car ne nous y trompons pas : derrière cette décision "cheap" se cache une vérité bien plus sombre. TVA n’a plus d’argent. TVA est à sec. TVA est au bord du précipice.

Comment une entreprise comme Québecor, dont TVA Sports a déjà englouti plus de 300 millions de dollars de pertes depuis sa création, peut-elle encore oser tendre la main pour récolter « des peanuts » sous prétexte d’un manque de fonds, alors qu’elle distribue des salaires exorbitants à certains de ses animateurs les moins performants?

On parle d'un débat qui a toujours été gratuit et essentiel à la vie démocratique québécoise. Mais TVA lance un cri du cœur désespéré.

Une tentative maladroite de colmater une brèche devenue un gouffre. Un signal d’alarme, bien plus inquiétant que tout ce que Québecor a voulu nous faire croire ces dernières années.

300 millions de pertes. 300 000 $ de trop.

Ce n’est pas anodin. TVA Sports a perdu environ 300 millions de dollars depuis sa création en 2011. C’est une hémorragie constante.

Une accumulation d’erreurs stratégiques, de salaires faramineux et d’une vision d’affaires dépassée. On a voulu jouer dans la cour des grands en payant 720 millions de dollars pour les droits de la LNH, mais sans jamais bâtir une fondation solide.

Résultat : une saignée financière continue, une perte d’abonnés catastrophique, et une chaîne qui, aujourd’hui, n’a même plus les moyens de présenter un débat des chefs sans quémander des fonds à même les poches des partis politiques.

Et pendant qu’on demande 300 000 $ pour faire tenir debout un débat, on continue de payer des animateurs comme Jean-Charles Lajoie plus de 300 000 $ par année… pour une émission qui attire à peine 20 000 téléspectateurs.

C’est là que cela ne fait tout simplement pas de sens. C’est là que le malaise devient intenable. Cette somme de 300 000 $, qui suscite l’indignation, représente en fait une fraction de ce que TVA gaspille année après année dans des productions qui ne lèvent pas, qui ne captivent plus, qui font fuir l’auditoire.

Le Face-à-Face électoral est supposé être un service public, une tradition démocratique, pas une opération de sauvetage budgétaire pour une chaîne moribonde.

Louis-Philippe Neveu est un pompier… ou le pyromane?

Oui, c’est le grand patron de TVA Sports, Louis-Philippe Neveu, qui a eu l’audace de formuler cette demande. L’homme qui, depuis peu, a pris encore plus de galons au sein de Québecor en devenant le boss de TVA tout court.

Et c’est cet homme qui pense, en pleine crise de confiance envers les médias, que c’est une bonne idée d’exiger une somme aussi astronomique pour tenir un débat télévisé. C’est comme si l’urgence de sauver son navire personnel – TVA Sports – avait fini par contaminer toute la flotte.

Neveu est ambitieux. Il pousse fort pour que TVA Sports conserve les droits de la LNH en 2026. Il veut sauver ce qui peut encore l’être.

Mais à quel prix? Est-ce en imposant une facture aux partis politiques qu’on redonnera à TVA sa crédibilité? Est-ce en marchandant l’accès au débat politique le plus important de l’année qu’on regagnera la confiance du public?

Si TVA avait tenu à se repositionner comme un média sérieux, rigoureux, responsable, c’est raté.

Ce geste ne fait que confirmer ce que beaucoup soupçonnaient déjà : TVA est en train de devenir une coquille vide.

Un média en déclin, mené par des gestionnaires qui n’ont plus aucune idée de comment redresser la barre autrement qu’en ponctionnant tout ce qui passe à leur portée.

La réalité est brutale. TVA ne fait plus d’argent. TVA n’est plus un média rentable. Les compressions se multiplient, les départs se succèdent, les studios ferment.

On externalise tout, on licencie à tour de bras, et malgré cela, on continue de dépenser sans compter pour maintenir à flot des émissions qui ne génèrent aucun intérêt.

Les patrons de TVA savent que les jours sont comptés. Ils le sentent. Ils espèrent un miracle, un revirement, un sauveur.

Mais ce sauveur ne viendra pas.

Car même les téléspectateurs ont tourné le dos. Même les plus fidèles partisans du Canadien de Montréal ont commencé à syntoniser Sportsnet au lieu de TVA Sports.

Les jeunes n’écoutent plus la télé. Les cotes d’écoute s’effondrent. Et chaque match de hockey qui n’atteint pas les 500 000 spectateurs devient une pierre de plus dans le tombeau.

C’est dans ce contexte qu’on tente, désespérément, d’aller chercher 300 000 $ des partis politiques. Ce n’est pas un choix éditorial. Ce n’est pas un projet réfléchi. C’est un geste de panique. Un cri de détresse. Un ego d’honneur d’un empire en ruines.

Et ce qui est le plus insultant dans tout ça, c’est qu’on pense encore que le public va gober cette explication.

On tente de nous faire croire que cette somme est nécessaire à cause des coûts de production. On nous parle de pigistes, de location de studio, de régie temporaire.

Mais personne n’est naïf. Le public sait que cette facture, c’est le reflet de la mauvaise gestion des dernières années.

De cette arrogance à vouloir rivaliser avec les grands, sans jamais bâtir une base solide. De ces dépenses somptuaires pour des chroniqueurs qui ne livrent pas.

De cette obsession à maintenir TVA Sports en vie, alors que tout indique que la chaîne n’a plus sa place dans le paysage médiatique actuel.

Quand une chaîne qui a perdu 300 millions de dollars en 13 ans vient demander 300 000 $ pour organiser un débat politique, ce n’est pas un appel à la solidarité. C’est un aveu d’échec.

Et maintenant?

Les partis politiques sont furieux. Le public est outré. Et Louis-Philippe Neveu, lui, tente de calmer la tempête en plaidant la pauvreté.

Il dit que TVA ne fera aucun profit. Il explique que c’est pour le bien de la démocratie. Il supplie presque.

Mais la vérité, c’est que TVA ne devrait pas avoir à quémander de l’argent pour remplir son mandat de diffuseur. Si la chaîne ne peut plus assumer ce rôle, alors qu’elle cède sa place. D’autres le feront. D’autres ont encore les moyens. D’autres ont encore la crédibilité.

La démocratie ne peut pas devenir une marchandise.

Et si TVA Sports doit tomber pour qu’on se le rappelle, alors qu’il en soit ainsi.

Ce 300 000 $ demandé n’est pas qu’une somme. C’est un symbole. Le symbole d’un empire qui s’écroule. D’un système médiatique qui se meurt. D’une direction qui ne sait plus quoi faire pour justifier son existence.

TVA est en train de creuser sa propre tombe. Et ce débat des chefs pourrait bien en être la dernière pelletée.

Le paradoxe, c’est que cette tentative d’extorquer les partis politiques pourrait signer la fin d’un des derniers remparts de crédibilité de la chaîne.

Un débat électoral, c’est sacré. C’est une vitrine démocratique. C’est un moment où tous les citoyens, peu importe leur allégeance, se réunissent pour écouter, comparer, comprendre.

Le vendre au plus offrant? C’est une honte. Une trahison.

Et le public ne l’oubliera pas. Les partis non plus, eux qui sont en furie.

La réaction du monde politique ne s’est pas fait attendre. Rarement aura-t-on vu une telle levée de boucliers à travers tous les partis, qu’ils soient de gauche, de droite, ou souverainistes.

Car cette fois, ce n’est pas une question idéologique : c’est une question de principe.

L’idée même de devoir payer pour débattre a choqué jusqu’au cœur des équipes de campagne.

« C’est une première aberrante dans l’histoire politique moderne », s’est insurgé un stratège politique, sous le couvert de l’anonymat.

« On veut maintenant que les partis politiques paient pour parler au peuple. Est-ce que la démocratie est devenue un produit de luxe? »

 Ce n’est pas censé être le rôle d’un média de transformer un débat électoral en événement payant. 

TVA se comporte comme un promoteur privé qui vendrait des billets pour un gala de boxe. C’est inacceptable. On parle d'un précédent dangereux, dénonçant une manœuvre qui met en péril l’accès équitable à la démocratie pour tous les partis.

Et pendant ce temps, Louis-Philippe Neveu, visiblement acculé au pied du mur, s’accroche à la seule ligne de défense qu’il lui reste :

« TVA ne fera aucun profit avec cette somme. Elle couvre à peine une partie des coûts de production. »

Autrement dit, même avec 300 000 $, le débat ne sera pas entièrement payé. Et on ose encore parler de mission démocratique?

On est en train de confondre service public et téléréalité.

Ce qui devait être un moment fort de notre vie démocratique est désormais entaché par une question sordide d’argent.

Une crise de confiance entre les médias et le politique, qui laisse un goût amer à tous les citoyens. Et pendant que les partis politiques fulminent, TVA et Québecor, eux, récoltent une indignation nationale qu’ils ne sont pas prêts d’effacer.

Ce Face-à-Face, qu’on le veuille ou non, entre déjà dans l’histoire. Mais pour toutes les mauvaises raisons...