Pauvre Brendan Gallagher.
Il y a des moments dans une carrière où l’humiliation dépasse la simple performance sportive. Hier soir, pendant la diffusion du match du Canadien, un moment s’est produit à Cogeco qui a choqué plus d’un auditeur : le vétéran Brendan Gallagher a été ouvertement tourné en dérision à la radio par les descripteurs du match.
Ce n’était plus de l’analyse, c’était du bashing gratuit. Et venant d’une station officielle du CH, c’est inacceptable.
Stéphane Leroux, qui remplaçait Martin McGuire au micro, s’est mis à rire de Brendan Gallagher. Pas de manière subtile. Pas en analysant froidement son déclin. Non.
Il s’est moqué de lui, en direct, en le décrivant comme un joueur plié en deux, à bout de souffle, qui pompait l’huile, qui semblait déjà en détresse après quelques présences.
Et son complice à l’antenne, Dany Dubé, a enfoncé le clou. Les deux y sont allés de commentaires qui ressemblaient plus à une "roast session" qu’à une diffusion sportive professionnelle.
Pendant que Gallagher tentait bien que mal à suivre le rythme sur la glace… à bout de souffle, visiblement en peine, eux rigolaient.
Quand la dignité fout le camp
Oui, Gallagher est en fin de parcours. Oui, il n’avance plus. Oui, son impact est nul. Mais il mérite mieux. Ce n’est pas un joueur arrogant, ni un gars qui se traîne les pieds. C’est un guerrier, usé par les guerres, par les blessures, par les coups, par les kilomètres. Gallagher ne triche pas. Il se vide encore pour l’équipe.
Mais ce que Cogeco a fait hier, c’est franchir une ligne. Le vétéran n’a jamais été un joueur flamboyant, mais il a toujours été respecté.
Même ceux qui réclament son départ, ou un rachat de contrat, ou un retrait progressif de l’alignement, le font avec retenue. Parce que tout le monde dans cette ville reconnaît ce qu’il a sacrifié pour le CH.Tout le monde… sauf, visiblement, certains à Cogeco.
Et ce malaise, il se traduit dans les gradins et dans les salons. Il y a un respect fondamental qui vient d’être brisé. Que les fans soit tannés de voir un vétéran fini bouffer du temps de glace aux Demidov et Bolduc de ce monde, on peut comprendre.
Mais que les chroniqueurs se moquent de lui en direct... cela brise le coeur.
Que le diffuseur officiel du Canadien se mette à rire d’un joueur encore sous contrat, sur les ondes, dans une dynamique de remplaçant (Leroux devrait se garder une petite gêne en tant que non-partant) un peu trop à l’aise dans sa chaise temporaire, c’est d’une maladresse inouïe.
Et ça en dit long sur l’impunité de certaines voix du micro.
Tout le monde le voit. Gallagher est fini. Il n’a plus la vitesse, il n’a plus le punch, il n’a plus l’énergie. Il ne génère plus rien offensivement.
Son seul but en 26 matchs est une hone et le reflet cruel d’un déclin brutal. Et même s’il connaît son système mieux que personne, même s’il veut bien faire, il est constamment un pas en arrière.
Contre le Colorado, ça a été une boucherie. Le CH s’est fait démolir 7-2, et Gallagher était invisible… ou presque.
Chaque fois qu’il était à l’écran, c’était pour le voir plier le dos, se traîner jusqu’au banc, souffler comme s’il venait de courir un marathon.
Ce fut encore pire contre les Sénateurs d'Ottawa mardi. Et hier soir, ce fut la cerise sur le sundae. On parle d’un joueur qui a disputé à peine 13 minutes, mais dont le visage traduisait la souffrance et l’essoufflement après chaque présence. Il y a quelque chose d’inconfortable à voir un tel guerrier dépérir sous nos yeux, semaine après semaine.
Et pendant que lui souffre, on rit à la radio.
Il reste à Gallagher une seule année de contrat après celle-ci. Un cap hit de 6,5 M$, un salaire réel de 4 M$. Pas anodin. E
t pourtant, il y a quelque chose de profondément tragique dans cette situation : le CH ne le rachètera pas par respect pour l’homme. Mais en même temps, comment justifier ce poids financier et ce trou dans la formation l’an prochain?
Il faut que Gallagher prenne une décision. Par dignité, par respect pour lui-même, peut-être qu’il doit envisager de ranger les patins.
Peut-être qu’il doit s’asseoir avec Kent Hughes et Martin St-Louis, et dire : « Je ne veux pas être un fardeau. Donnez-moi une autre mission. Donnez-moi un rôle dans l’organisation. Mais sur la glace, je ne suis plus capable. »
Ce serait le geste ultime de loyauté. Et de lucidité.
Parce que là, même les médias traditionnels se mettent à rire de lui. Et ça, c’est un signal d’alarme comme il ne s’en est jamais vu à Montréal pour un joueur en poste.
