On aurait pu parler d’Alex Newhook, de sa cheville tordue comme une branche d'arbre qui casse, de son cri de douleur, de son poing frappant la glace dans un geste qui voulait tout dire.
On aurait pu parler du 7-0, du Centre Bell glacé, des huées, de Dobes et Montembeault qui s'effondrent devant nos yeux.. Mais non. Ce qui dérange, ce qui provoque l’indignation, ce n’est pas le score. C’est ce qu’il révèle. C’est le temps de jeu de Brendan Gallagher.
Gallagher, 33 ans, usé, ralenti, brisé par les années et les blessures, continue de patiner à vide pendant qu’Ivan Demidov, le prodige le plus talentueux depuis Guy Lafleur, joue moins que le vétéran fini à la corde.
Gallagher a joué 15 minutes et 28 secondes contre les Stars. Demidov? 15 minutes 16 secondes. Zachary Bolduc? Moins de 15 minutes. Malgré une dégelée de 5-0 où tu es supposé donner du temps de jeu à tes bouc-émissaires.
Et ce n’est pas un accident. C’est un choix. C’est une décision consciente de Martin St-Louis.
Comment justifier ça?
On peut bien encenser Gallagher pour ses efforts, son cœur, sa voix dans le vestiaire. Mais tout ça ne change rien à la réalité sur la glace : il pompe l’huile.
Il n’a plus d’accélération. Il n'a jamais été le plus rapide sur la glace, mais là, il n'avance plus. Il ne crée rien, il n'est même plus rendu arrogant.
Il se bat pour des rondelles qu’il perd. Il fonce au filet mais n’arrive plus à rien une fois rendu. Il est le portrait du déclin.
Et pourtant, on lui donne toujours les mêmes responsabilités, toujours les mêmes minutes, comme si on ne voulait pas voir l’évidence. Comme si le développement et la culture de méritocratie avait une clause de non-application pour les intouchables du vestiaire.
Pour les chouchous de Marty.
Martin St-Louis s’est fait élire, dans l’esprit du public, comme le coach du renouveau. Le coach des jeunes. Le coach du développement.
Celui qui allait oser, qui allait construire une équipe en laissant la place aux talents modernes. Mais en 2025, dans une saison où le CH prétend miser sur la jeunesse, c’est toujours Brendan Gallagher qui reôit les bonbons du coach.
C’est Gallagher qui obtient les présences de prestige. C’est Gallagher qui joue plus que tous ceux qui pourraient faire avancer le club, mais qui doivent rester assis pendant qu’on honore le contrat d’un vétéran qui n’a plus les jambes.
Et c’est là que l’écœurement monte. Faut-il faire un dessin à St-Louis pour lui montrer que Gallagher a obtenu 7 maigres passes en 17 matchs depuis le début de l'année?
Il y a quelque chose de cruel, même d’absurde, dans cette obstination. Gallagher n’est pas à blâmer personnellement. Il donne ce qu’il peut. Il serre les dents. Il parle après les défaites.
Comme hier, il a fait son devoir. Et il était en furie de l'humiliation subie à la maison:
Mais il ne livre plus. Et lui donner plus de minutes que Demidov dans un match où le Canadien perd 7-0, c’est indéfendable. C’est presque du sabotage. C’est une insulte à ceux qui veulent bâtir, à ceux qui croient encore que cette équipe a une vision.
À quoi bon répéter que Demidov est un joyau, qu’il doit toucher à la rondelle, qu’il doit prendre confiance, si dans les pires défaites comme dans les grandes victoires, il est toujours le premier à se faire couper ses minutes?
Ce n’est pas en jouant 12 à 15 minutes par match qu’il va devenir une star. Ce n’est pas en regardant Gallagher gaspiller ses dernières gouttes de carburant qu’il va apprendre comment dominer la LNH.
Et si ce n’était qu’une fois, passe encore. Mais ce n’est pas un hasard. C’est tout le temps. Gallagher joue trop. Gallagher est protégé. Gallagher est au cœur d’un système qui ne veut pas se réinventer, qui préfère la loyauté au progrès.
Et Martin St-Louis est complice.
Il est où, le courage? Il est où, le pari sur l’avenir?
On sait déjà ce que Gallagher peut faire. Il n’y a rien à découvrir. Il est ce qu’il est, et il le sera jusqu’à la fin de son contrat que personne ne veut racheter, que personne ne peut échanger.
Le plus triste, c’est que dans tout ce chaos, dans ce 7-0, dans ce calvaire collectif, Gallagher est encore celui qui parle aux journalistes. Il est encore celui qui fait face. Il est encore celui qui écope pour tous les autres.
Mais ce n’est pas lui qu’on veut entendre. C’est les joueurs qui représentent le futur. C'est eux qu’on veut voir prendre leurs responsabilités.
Parce que tant que Gallagher jouera plus que Demidov, le message envoyé est clair : le passé est plus important que l’avenir.
