Ça brasse entre TVA Sports et RDS, alors que Michel Bergeron et Alain Crête, deux anciens de Québec, s'envoient des salves verbales dans une querelle qui ne laisse personne indifférent.

Tout a commencé lorsque Crête a ridiculisé Trevor Zegras, la jeune étoile montante de la LNH que tous les partisans du CH veulent, en le qualifiant de joueur surévalué.

Bergeron, jamais à court de réplique, est sorti publiquement juste après en affirmant que Zegras était un Mike Ribeiro 2.0, avec un talent bien supérieur à celui de Martin Necas.

Selon Bergeron, le talent et la créativité de Zegras en font un joueur exceptionnel, capable de changer le cours d'un match à lui seul.

«Sais-tu à qui il me fait penser? Mike Ribeiro.»

«Quand je regarde Zegras, chaque fois que je le vois jouer, il y a quelque chose qui se passe. Je le vois bien, avec son âge 22 ans, compléter l’un des deux premiers trios de l’équipe.»

«Je m’en fous de son attitude ! Les dirigeants sont là pour diriger. S’il y a de petites anomalies, qu’on les corrige.»

Cependant, le problème pour Crête n'est pas tant le talent de Zegras, mais plutôt le risque qu'il devienne un autre Mike Ribeiro, dont la carrière prometteuse a été marquée par des problèmes hors glace, notamment liés à l'alcool.

Pour Crête, la comparaison avec Ribeiro soulève des inquiétudes sur la maturité et la discipline de Zegras, des aspects essentiels pour réussir au plus haut niveau.

Ce duel de mots entre les deux analystes  reflète une tension plus large entre TVA Sports et RDS, deux chaînes qui se disputent férocement les audiences et l'influence dans le monde du sport québécois.

Les deux stations perdent abonnés sur abonnés. TVA Sports et RDS ont besoin de chicane pour faire monter les cotes d'écoute dans cette crise des médias.

La télé sportive québécoise traverse une mauvaise passe sur le plan financier. L’encre rouge qui teinte la performance financière de TVA Sports depuis les débuts de la chaîne vient de ternir aussi les résultats de RDS.

Selon les chiffres publiés par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), les chaînes RDS, RDS Info et leur concurrente TVA Sports ont chacune perdu 9 millions de dollars pour la dernière année de diffusion.

Il y a quelques années seulement, RDS était la chaîne télé francophone la plus rentable au Québec, avec des profits totalisant 22,5 millions en 2016.

Cependant, TVA Sports a toujours été fortement déficitaire, perdant environ 220 millions de dollars en 11 ans. Leurs perte au total s'élève à 300 millions de dollars.

La perte d'abonnés, à un rythme de 5 % à 10 % par an, touche également les deux chaînes. Lors de la dernière année TVA Sports a perdu 9 % de ses abonnés, soit plus de 122 000, tandis que RDS en a perdu 7 %, soit près de 125 000.

En quatre ans, le nombre d’abonnés de TVA Sports est passé de 1,7 million à 1,3 million, et celui de RDS de 2,5 millions à 1,7 million.

Un autre souci majeur pour les chaînes sportives est la hausse du coût des droits de diffusion. Aux États-Unis, même ESPN, propriété de Disney, se questionne sur son modèle d’affaires.

Pour RDS, bien que les revenus aient augmenté de 7 % pour atteindre 153,1 millions de dollars, les dépenses de programmation et de production ont explosé de 27 %, atteignant 136 millions, ce qui a lourdement pesé sur la rentabilité.

TVA Sports a également enregistré une perte nette de 9 millions, comparée à une perte de 11 millions l’année précédente, malgré une diminution des dépenses de production et de programmation de 13 %.

La baisse des revenus publicitaires ajoute une autre couche de difficulté. La direction du Groupe TVA a souligné que la décroissance des revenus publicitaires était due à la crise touchant l’ensemble des médias, et qu’elle poursuit des négociations avec Bell pour ajuster les redevances de ses chaînes spécialisées, y compris TVA Sports, afin qu'elles reflètent leur juste valeur marchande.

Dans ce contexte économique tendu, la rivalité entre TVA Sports et RDS devient un spectacle en soi, destiné à attirer l’attention et à booster les cotes d’écoute.

Les échanges acerbes entre Michel Bergeron et Alain Crête ne sont donc pas seulement des divergences d’opinion, mais aussi des stratégies pour maintenir l’intérêt des téléspectateurs dans un marché de plus en plus difficile.

Les deux chaînes espèrent ainsi retenir et attirer un public qui, de plus en plus, se détourne de la télévision traditionnelle.

Au moins,cette confrontation médiatique ajoute du piquant à la couverture déjà passionnée du hockey au Québec. La question reste ouverte : Zegras pourra-t-il surpasser ces critiques et s'établir comme une véritable superstar, ou sera-t-il victime des mêmes pièges que Ribeiro?

Seul l'avenir nous le dira, mais une chose est certaine, la rivalité entre Bergeron et Crête continuera de faire couler beaucoup d'encre.

TVA Sports et RDS...à ne pas inviter au même party...

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