Dans les coulisses de la LNH, une véritable course s’engage autour d’un nom qui circule avec insistance depuis la fin du camp d’entraînement montréalais : Jayden Struble.
Ce n’est plus seulement une simple rumeur. C’est une surenchère qui s’installe, impliquant plusieurs équipes aux profils et besoins bien différents. Et pour Kent Hughes, cette montée des enchères pourrait se transformer en levier stratégique majeur.
Struble n’est pas n’importe quel actif. À 23 ans, défenseur gaucher au profil robuste, mobile et extrêmement physique, il coche une série de cases que plusieurs clubs cherchent désespérément à combler.
À Montréal, il se retrouve coincé derrière une congestion à gauche qui le pousse actuellement vers un rôle de septième défenseur.
Mais ailleurs dans la ligue, il serait top-4 dans plusieurs formations. Cette réalité explique pourquoi les lignes téléphoniques du CH sont plus actives que jamais.
Les Bruins de Boston sont les premiers à avoir testé la valeur de Struble. Lors des discussions autour de Pavel Zacha, le nom de Struble a été proposé dans un package avec Joshua Roy et Oliver Kapanen. Boston a refusé, non pas parce qu’ils doutaient de Struble, mais parce que la barre était trop haute autour de Zacha.
Pourtant, leur intérêt pour le défenseur américain est bien réel. Les Bruins adorent son profil physique et sa mobilité, deux qualités qu’ils valorisent historiquement sur leur deuxième paire.
Ils continuent de le surveiller attentivement. Les recruteurs bostonnais ont d’ailleurs été présents aux matchs des recrues et au camp principal pour l’évaluer.
L’échéance de l’Action de grâce américaine, souvent considérée comme une première fenêtre importante d’échanges, pourrait ramener Boston à la charge si Hughes ajuste son offre.
Mais les Bruins sont loin d’être seuls. Barry Trotz et les Predators de Nashville ont clairement identifié la gauche de leur brigade défensive comme un point faible.
Derrière Roman Jos et Brady Skjeii, la profondeur est mince. Adam Willsby, 25 ans, n’a disputé que 23 matchs dans la LNH et n’a pas démontré qu’il pouvait s’imposer à temps plein. Nashville cherche un défenseur gaucher capable de jouer dès maintenant des minutes fiables sur une deuxième paire.
Struble correspond parfaitement à ce profil. Ce n’est pas un hasard si, dans les discussions potentielles autour d’un Ryan O’Reilly devenu échangeable en cas de mauvais départ des Preds, les noms d’Owen Beck et de Jayden Struble sont ressortis à plusieurs reprises.
Trotz aime les joueurs durs, fiables, capables de transporter la rondelle avec aplomb sans chercher l’effet de spectacle. Struble est exactement ce type de joueur.
Si Nashville s’effondre au classement en octobre-novembre, ils deviendront probablement l’un des partenaires les plus agressifs sur ce dossier.
L’autre front important est celui de la Pennsylvanie. Daniel Brière et les Flyers de Philadelphie cherchent activement à ajouter un défenseur gaucher robuste à moyen terme.
Leur groupe actuel est déséquilibré, et leur système mise de plus en plus sur une relance mobile et physique. Struble incarne exactement ce que Brière veut injecter dans son effectif : un défenseur de caractère, capable de défendre un contre un avec agressivité et de jouer dur devant le filet.
Un profil parfait pour devenir un "Broad Street Bully".
Les Flyers ont envoyé des dépisteurs à plusieurs matchs préparatoires montréalais. Leur direction adore le fait que Struble n’a pas besoin d’espace médiatique ou d’avantages numériques pour avoir un impact.
À Philadelphie, il aurait la voie libre pour s’imposer dans le top-4 dès cette saison. Brière a identifié Struble comme cible prioritaire parmi les jeunes défenseurs disponibles sur le marché.
Le problème est que les Flyers n'ont pas de joueur de centre à offrir, à part l'indésirable Sean Couturier.
En parallèle, plusieurs autres clubs suivent la situation de près. Les Penguins de Pittsburgh, présents avec deux dépisteurs lors de la confrontation des recrues à Buffalo, regardent Struble comme un élément potentiel dans une transaction plus large, par exemple, dans le cadre d’un package autour de Sidney Crosby si les négociations évoluent dans cette direction.
Le Kraken de Seattle, toujours à la recherche de défenseurs sous contrôle à coût raisonnable, ont également été mentionnés dans certains échanges préliminaires entre directeurs généraux.
Inutile de rappeler qu'un certain Jared McCann fait jaser pas à peu près à Montréal. Struble pourrait être un excellent throw-in dans une transaction impliquant d'autres éléments.
Ce qui est frappant, c’est que Struble n’est plus vu comme un simple joueur de profondeur. Sa performance au camp, notamment ses cinq mises en échec bien senties dans un seul match, a marqué les esprits.
Comme l’a souligné l’analyste Grant McCagg, ses gaps, sa mobilité et sa défense un contre un ont été parfaits et c’est en le regardant loin de la rondelle qu’on réalise à quel point il est sous-estimé.
Pour Kent Hughes et Jeff Gorton, cette effervescence représente une opportunité, mais aussi une décision lourde. Struble est NHL-ready, mais bloqué par une profondeur rare. Adam Engström a reçu les éloges de Martin St-Louis (« il a tout pour une belle et longue carrière dans la LNH »), et Arber Xhekaj conserve une aura populaire qui rend son départ politiquement difficile.
Garder Struble comme septième défenseur serait du gaspillage d’actif.
L’échanger maintenant, alors que sa valeur monte en flèche, pourrait rapporter un morceau essentiel... soit un centre établi
Chaque jour qui passe voit un peu plus de clubs s’intéresser à Struble. Entre les besoins criants à Nashville, le fit naturel à Philadelphie, l’intérêt historique de Boston et les scénarios plus larges à Pittsburgh ou Seattle, la surenchère est bien réelle.
Hughes le sait. Ce genre de profil, jeune, sous contrôle, robuste et mobile, est extrêmement recherché dans une ligue où les défenseurs fiables sont rares.
Montréal est assis sur une mine d’or défensive, et Struble pourrait bien en être la première pépite à être échangée.