Le Canadien envoie un message sans pitié à Arber Xhekaj: il est déjà oublié.
Cette semaine, à Buffalo, le Canadien de Montréal a hurlé… sans dire un mot. En multipliant les rencontres avec des colosses, des machines de guerre, des spécimens physiques venus tout droit des légendes nord-américaines, Kent Hughes, Nick Bobrov et Martin Lapointe ont envoyé un message aussi froid que tranchant : le règne d’Arber Xhekaj est terminé. Définitivement.
Le Combine 2025 a viré au cauchemar pour Xhekaj et sa famille. Pendant que son nom circule dans tous les corridors de la LNH comme une pièce d’échange presque certaine, le Canadien discute à répétition avec des remplaçants potentiels. Des clones plus jeunes. Plus bruts. Plus explosifs. Des versions mises à jour de ce que Xhekaj représentait jadis.
Et le contraste fait mal. Très mal.
Il faut avoir le cœur solide pour affronter ce que vit la famille Xhekaj. Depuis des mois, Arber se bat pour préserver sa place à Montréal.
Il s’accroche à ses racines, à l’amour du public, à sa réputation de « Shérif ». Mais rien n’y fait. Martin St-Louis lui a enlevé son bouclier. L’organisation l’a effacé des matchs clés. Et aujourd’hui, on prépare son remplacement. Au grand jour. Sans gêne.
Son nom est partout au Combine. Non pas parce qu’il participe. Mais parce qu’il est proposé, vendu, marchandé à droite et à gauche.
La tragédie, c’est que Xhekaj ne vaut même pas, à lui seul, le prix de son propre remplacement. Sa valeur a chuté. Sa réputation de bagarreur sans intelligence le précède. Et dans un monde où la LNH se dirige vers des défenseurs mobiles, cérébraux et chirurgicalement efficaces, le Shérif n’est déjà plus qu’un souvenir
C’est pourquoi, aujourd’hui, son nom n’apparaît jamais seul. Il est toujours dans un « package ». Un lot. Une pièce d’appoint. Pas assez pour débloquer une transaction de haut niveau à lui seul.
Kent Hughes le sait. Pour espérer monter au repêchage, ou aller chercher un deuxième centre, ou encore un défenseur droitier établi, il faut ajouter des choix. Le 16e? Le 17e? Peut-être même les deux. Mais Arber Xhekaj, seul, n’ouvre plus aucune porte. Et ça, c’est sans doute le plus douloureux.
Pendant ce temps, le Canadien s’enflamme pour Brady Martin. Un jeune attaquant de 6’1” qui frappe comme un train et vit… à la ferme.
Un fermier des temps modernes. Martin passe son été à balancer du foin, à s’occuper des vaches et à se lever à 6 h du matin pour travailler dans l’étable. Ce n’est pas une image. C’est sa réalité. Et Montréal est tombé sous le charme.
« Je me suis à peine entraîné durant ma jeune carrière. J’ai grandi en balançant des tas de foin. »
Le kid est un tank. Il cogne fort. Très fort. Selon un recruteur cité par Elite Prospects, Martin serait l’un des joueurs qui frapperait le plus fort dans toute la LNH… dès maintenant. Le genre de joueur qu’on voit dans un rêve de scout : pur, brut, bestial. Et surtout, disponible.
Le CH lui a parlé plusieurs fois. Ce n’était pas une simple entrevue. C’était plusieurs meetings de suite.
Dans une entrevue savoureuse accordée à TVA Sports au Combine de Buffalo, Brady Martin a littéralement volé la vedette.
Rockstar malgré lui, le colosse de la OHL a conquis toutes les salles d’entrevue, une par une, en déclenchant des fous rires partout où il passait.
« J’essaye de m’amuser, » a-t-il lancé au journaliste de TVA Sports, Nicolas Cloutier.
« Chaque fois que je quittais la pièce, tout le monde riait. »
Mais derrière le charme de campagnue du fermier d’Elmira, petit village en Ontario, se cache une bête de puissance.
Un espoir qui n’a rien de typique, ni dans son mode de vie, ni dans sa manière de frapper.
« Je me suis à peine entraîné durant ma jeune carrière. J’ai grandi en balançant des tas de foin. »
Pour lui, la « farmer’s strength » n’est pas une image. C’est un mode de vie. Ses journées à la ferme sont réglées comme du papier à musique :
« Je me lève à 6 h pour aller à l’étable laitière. Ensuite, je m’occupe des bœufs dans la grange. Je termine vers 9 h 30, je déjeune, puis je retourne à la grange pour ramasser des roches. J’ai une autre pause, et je recommence vers 16 h. »
Et il ajoute, presque comme une note de bas de page : « À travers tout ça, je m’entraîne pour le hockey. »
Le plus percutant, c’est que ce garçon de la terre frappe déjà comme un adulte dans la LNH.
« Cette année, j’ai commencé à frapper plus fort. J’ai fait mal à des gens, je crois, » dit-il, sourire en coin. Et quand on lui demande s’il se retient sur la glace, la réponse fuse : « Euh, je ne me retiens pas. Je m’en fous! »
Un recruteur a même confié au site Elite Prospects, que Brady Martin pourrait être « l’un des joueurs qui frapperait le plus fort dans la LNH dès demain matin ». Une déclaration-choc qui résume bien la peur et l’admiration qu’il inspire.
Et pourtant, ce futur choix top 10 ne sera même pas sur place à Los Angeles le soir du repêchage.
« Ce n’est pas forcément à cause de la ferme, » précise-t-il. « Je voulais juste faire mes propres trucs. Et comme le repêchage est décentralisé, c’était moins intéressant de me déplacer. »
Un choix qui en dit long sur son caractère.
Mais le plus bouleversant reste sa lucidité :
« On verra quelle trajectoire prendra ma carrière dans la LNH. Mais si ça ne fonctionne pas, je serai sans doute un fermier. »
Une phrase qui pourrait sonner comme une résignation. Mais chez Martin, c’est une promesse de rester vrai. Et le Canadien le sait : ce genre de spécimen, ça ne se trouve pas dans les gyms de Brossard.
Et puis, il y a Mason West. Le "freak" athlétique. Le genre de gars qui choisit entre la NFL et la LNH en prenant son café. Six pieds six pouces. Ancien quart-arrière, il a mis de côté le football pour se consacrer au hockey… et maintenant, la moitié de la LNH le courtise. Dont le Canadien.
Un autre monstre de puissance qui a fait tourner les têtes au Combine. West est une anomalie physique. En entrevue avec TVA Sports, il a résumé sa décision avec aplomb :
« J’aime le hockey autant que le football. Mais j’ai choisi le sport où j’avais le plus de chances de réussir. »
Ce colosse du Minnesota, qui a terminé la saison avec neuf points en dix matchs dans la USHL, n’a même pas encore pleinement développé son potentiel. Et pourtant, 27 équipes ont tenu à le rencontrer. Dont le Canadien.
Ce qui fascine les recruteurs, c’est l’idée que Mason West pourrait devenir le prochain Tage Thompson. Il a déjà l’envergure, la coordination, l’instinct de jeu. Il reste à voir ce qu’il fera avec un entraînement exclusivement axé sur le hockey.
Et il en est conscient :
« Vers la fin de la saison, j’ai commencé à être dominant. Je m’attends à ce que ce soit permanent maintenant que je me concentre à 100 % sur le hockey. »
Mais attention : West ne veut pas être une simple brute. Il veut être un attaquant de puissance dominant, créatif, difficile à affronter.
« Je veux être différent des autres grands gabarits. Je veux être unique. Je veux foncer au filet, être dominant dans les endroits névralgiques. »
Pour le Canadien, le message est clair : entre Brady Martin, Mason West, et même le défenseur Kashawn Aitcheson (surnommé "Kash"), on cible un nouveau prototype.
Plus gros, plus dur, plus intimidant. Des joueurs qui pourraient facilement renverser des Tkachuk et des Sam Bennett en séries. Et pendant ce temps-là, Arber Xhekaj retient son souffle.
West a tout. La taille, la vitesse, la férocité, la personnalité. Il veut marquer. Dominer. Détruire… avec finesse.
Et quand on lui parle de Montréal, il sourit. Il connaît Ivan Demidov. Il veut apprendre. Il veut impressionner.
« Je suis excité d’en apprendre plus sur l’équipe. Je crois que tout le monde devrait être excité, en fait, parce que j’amène beaucoup de choses sur la table. »
C’est ce genre de phrases que la direction du CH veut entendre.
Imaginez une seconde Arber Xhekaj, seul dans son salon, en train de regarder les nouvelles de Buffalo. Il entend que Mason West et Brady Martin sont rencontrés par le CH. Et il sait. Il sent. Que c’est la fin.
Et c’est peut-être là le plus cruel pour Arber Xhekaj. Même si Mason West et Brady Martin sont des attaquants, ils viennent combler la seule chose qui faisait de Xhekaj un joueur unique à Montréal : la robustesse, la capacité de jeter les gants, de faire mal physiquement.
On parle ici de gars qui ont du talent, qui joueront dans le top 9, mais qui n’hésitent jamais à mettre en pièce un adversaire, à dicter l’intimidation dès la mise au jeu.
Quand tu peux avoir un attaquant format Tage Thompson qui frappe comme un train, tu n’as plus besoin d’un défenseur limité qui prend des pénalités à répétition, qui commet des revirements à la pelletée et qui ne sera jamais plus qu'un 7e défenseur.
Et que dire de Kashawn Aitcheson? Ce n’est pas un joueur. C’est une menace. Une arme vivante. Un défenseur format jumbo, gros, mobile, brutal, qui te regarde dans les yeux avant de t’enterrer dans la baie vitrée.
Plusieurs recruteurs le comparent à un Jacob Trouba version 2.0, mais avec encore plus de chien dans le regard et plus de talent offensif.
Il a cette capacité rare de changer le momentum d’un match avec une mise en échec, de faire lever le banc simplement en frappant, proprement, mais avec une dureté qui fait peur.
Et contrairement à Xhekaj, Aitcheson possède déjà un instinct défensif supérieur, un bon bâton, et une lecture du jeu qui le rend moins vulnérable.
Un recruteur a même affirmé : « Il est plus intelligent que Xhekaj et frappe plus fort. »
Voilà. Si Kent Hughes veut envoyer un message au reste de la LNH, il n’y a pas plus clair : Le prochain shérif du Canadien, c’est peut-être déjà lui. Il s’appelle Kashawn Aitcheson, et il cogne comme un tremblement de terre.
C’est cruel, mais c’est clair : si on peut remplacer la peur que propageait Xhekaj par trois espoirs plus jeunes, plus talentueux, plus complets, alors son rôle devient redondant.
Il sait que Martin St-Louis a donné son feu vert pour une tranaction. Que Denis Gauthier a déjà tout dit publiquement :
« Si le Canadien a besoin d’un morceau pour compléter une grosse transaction cet été, c’est Xhekaj qui va partir. »
Il sait aussi que ce qui se trame est plus gros que lui. Qu’on ne parle plus de « peut-être ». Que les discussions su rle marché des transactions sont réelles. Que ses jours à Montréal sont comptés.
Et malgré tout, il reste fidèle. Loyal. Silencieux.
Parce qu’Arber Xhekaj est tatoué CH. Parce qu’il n’a jamais voulu jouer ailleurs. Parce qu’il a tout donné. Ses poings. Son dos. Son âme. Et qu’aujourd’hui, on lui dit merci… et au revoir.
Le Combine 2025 n’est pas un événement comme les autres. C’est un miroir. Un reflet brut de la direction que prend chaque organisation.
Et pour le Canadien, c’est un message sanglant : la nostalgie est morte. Le passé est oublié. On construit pour l’avenir. Et si ça veut dire sacrifier le cœur pour ajouter des muscles neufs, alors qu’il en soit ainsi.
Arber Xhekaj n’est pas tombé en disgrâce. Il est simplement devenu passé date dans le système créatif de Martin St-Louis. Pas dans le cœur des partisans. Mais dans le tableau blanc de Martin St-Louis.
Et pendant que Montréal serre la main de Brady Martin, Mason West et tous les autres espoirs d’un futur plus robuste, plus rapide, plus jeune, Arber regarde tout ça de loin.
Il sait. Et il attend le coup de fil qui changera sa vie.