John Tavares est peut-être le capitaine le plus poli de la LNH, mais même la politesse ne suffit plus pour calmer la tempête qui s’abat sur lui à Toronto.
À 34 ans, Tavares est au centre d’une chasse aux sorcières publique et médiatique que même ses pires détracteurs n’auraient pas pu imaginer il y a quelques années.
Le populaire journaliste Sid Seixeiro a mis le feu aux poudres avec un message aussi clair que brutal :
« Je ne comprends pas pourquoi les Leafs devraient re-signer John Tavares. Il a 34 ans. Il n’a plus de robustesse. Il affiche un différentiel de -15 en séries depuis qu’il est à Toronto. Il a commis 13 revirements durant les présentes séries. C’est sa pire performance en carrière. Peu importe son rôle ou le montant de son contrat. On ne gagnera jamais une Coupe Stanley avec John Tavares. »
Le ton est donné. L’ancien héros de l’Ontario, celui qui avait tourné le dos aux Islanders pour rentrer à la maison, est aujourd’hui déclaré persona non grata par une partie de la sphère torontoise.
Tout cela, parce qu’il a le malheur de gagner 11 millions par saison et d’avoir osé ralentir dans les séries.
Les chiffres sont sévères : écarté du jeu, lent, débordé, Tavares a terminé les séries 2025 avec une fiche de -6, seulement 2 passes en sept matchs, et 13 revirements. Son pire bilan en carrière. Mais faut-il le crucifier pour autant?
John Tavares n’a jamais été un joueur flamboyant. Il n’a jamais été rapide. Il a été efficace, discipliné, présent dans les moments-clés. Un leader.
Et aujourd’hui, alors qu’il est en fin de contrat et qu’il veut clairement rester à Toronto, il est déchiré en morceaux par les médias de sa propre ville.
« Je suis très optimiste que ça va marcher pour que je revienne », a dit Tavares avec le sourire en point de presse. Il serait même prêt à accepter un contrat de deux ou trois ans, à 4 ou 5 millions par année.
Un « pay cut » majeur, pour demeurer chez lui, auprès de sa famille. Un geste rare, dans cette ligue où tout le monde cherche à maximiser ses gains.
Mais voilà : Toronto veut peut-être de lui. Mais les médias semblent vouloir tourner la page. La masse salariale est étouffée, il faut signer Matthew Knies, et le souvenir de son contrat a laissé des cicatrices.
C’est Tavares qui a ouvert le bal des « contrats monstres » à Toronto. C’est lui, dans l’imaginaire collectif, qui a poussé Marner et Matthews à casser la banque.
Mais ce que plusieurs oublient, c’est que Tavares, en signant à Toronto, a changé l’image de la franchise. Il a donné de la crédibilité à une organisation qui était encore vue comme une blague. Il a servi de mentor. Il a été capitaine dans les bons comme dans les pires moments. Il a porté ce club sur ses épaules.
Aujourd’hui, des partisans sur X le traitent de « loser », de « snail on skates », de « boulet ». On parle de « reset », de « fresh blood ».
Des réactions sans pitié. Excessives, même. Mais elles reflètent l’ambiance toxique qui entoure le capitaine. Les autres médias lui tapent dessus sans relâche.
Il est traité comme un moins que rien, comme un frein à la progression du club. Et pendant ce temps, sa famille encaisse.
Sa conjointe est profondément affectée par la haine qui circule sur les réseaux sociaux. Ses enfants aussi. Ce n’est plus un simple marché passionné : c’est un feu nucléaire.
Voilà pourquoi, même si John Tavares souhaite rester à Toronto à rabais, comme il l’a dit à la presse, la porte s’entrouvre peut-être pour Kent Hughes.
Est-ce que le Canadien pourrait lui offrir un contrat à court terme, autour de 8 millions par saison, pour encadrer Ivan Demidov?
On oublie qu’il a marqué 38 buts cette saison. On oublie qu’il a encore une utilité dans un rôle de troisième centre. Parce que à Toronto, tout ce qui compte, c’est la dernière défaite. Et tant pis pour la mémoire.
Mais voilà que certains se posent la question : et si John Tavares répondait à la haine par un choix choc? Et si, humilié par sa propre ville, il signait à Montréal?
Impossible? Peut-être. Inimaginable? Pas tant que ça.
Sa famille est à Toronto. Montréal, c’est à une heure de vol. Ce n’est pas comme s’il déménageait à San Jose. Il ne viendrait pas pour 11 millions. Mais il ne viendra pas pour 4 ou 5 millions non plus. Il n'acceptera pas de salaire à rabais à Montréal.
Il viendrait pour 8 millions? Pour une saison ou deux? Pour prouver quelque chose. Pour finir avec classe. Pour aider un jeune comme Ivan Demidov à franchir la prochaine étape.
Tavares n’est pas Marner. Il n’a pas besoin d’être adoré. Il veut juste être respecté. Et en ce moment, à Toronto, il ne l’est plus.
Ce serait un coup de maître pour Kent Hughes. Pas un coup d’éclat. Un coup de sagesse. Tavares n’est pas venu à Montréal en 2018.
Il a choisi Toronto. Il ne reviendra pas pour être une vedette. Mais il pourrait venir pour finir en paix. Pour donner une leçon de leadership à un vestiaire qui veut grandir. Et pour répondre, à sa façon, à ceux qui l’ont tourné en ridicule.
La rumeur est faible. Mais elle existe. Et le fait même qu’elle circule prouve à quel point Toronto a brisé son capitaine. Reste à voir s’il leur pardonnera. Ou s’il leur fera payer.
La balle est dans le camp de Tavares.