C’est terminé. Le rideau tombe sur le séjour de Christian Dvorak à Montréal.
Et cette fois, ce n’est plus une rumeur dans les coulisses du Centre Bell : c’est une vérité cinglante, confirmée par Elliotte Friedman, l’homme le mieux branché de la LNH.
Dans son balado 32 Thoughts, Friedman a lâché la bombe :
« Christian Dvorak est sur son départ. »
Cette phrase a résonné dans les couloirs du vestiaire montréalais comme une sentence définitive. Peu importe la fin de saison inspirée de Dvorak, peu importe sa rédemption soudaine, le Canadien ne veut plus de lui.
Le mal est fait. Les années de déception ont laissé une trace trop profonde pour être effacée en quelques semaines de bons matchs.
Et pourtant, quelle saga que celle de Dvorak à Montréal.
Arrivé comme une solution de rechange en catastrophe, dans la foulée de l’offre hostile des Hurricanes à Jesperi Kotkaniemi, Dvorak était censé stabiliser le centre du CH.
Kent Hughes n’était pas encore en poste, c’est Marc Bergevin qui l’avait acquis contre un choix de première ronde et un choix de deuxième ronde. On parlait à l’époque d’un coup sûr pour remplacer Phil Danault. Mais la suite a viré au cauchemar.
Dvorak a été invisible, blessé, surpayé, et considéré comme un poison dans le vestiaire, notamment en raison de sa colocation avec Cole Caufield dans un penthouse de Griffintown.
Une histoire sordide est même venue hanter l’organisation : une modèle OnlyF, proche du duo, a accusé Dvorak de tirer Caufield dans la mauvaise direction, de ruiner sa discipline, de transformer leur condo en party privé soir après soir.
La même femme avait confié sous le couvert de l'anonymat qu’elle fréquentait à l’époque Cole Caufield, mais que la dynamique du penthouse de Griffintown échappait complètement au jeune joueur.
Selon elle, Dvorak imposait sa présence, débarquait avec des invités sans prévenir, et changeait l’ambiance des soirées même quand Caufield souhaitait simplement du calme.
Ce témoignage, largement relayé dans les balados québécois et sur les plateformes sociales, avait contribué à cimenter l’image d’un Dvorak perçu comme une mauvaise influence, capable de faire dérailler la discipline de la jeune vedette du CH.
Ces propos avaient provoqué une onde de choc dans les cercles médiatiques montréalais, donnant à Dvorak une réputation qu’il traîne encore, malgré sa rédemption sur la glace.
Ce n’était plus un joueur de hockey. C’était une distraction. Un problème. Un embarras. Tout le monde voulait le voir partir.
Et puis… le miracle.
Blessé pendant la majeure partie de la saison en 2023-2024, Dvorak est revenu en force cette saison, jouant les 82 matchs du CH. Il a été un modèe dans les deux sens de la patinoire, il a joué dur, il a gagné ses mises en jeu.
Il est devenu l’un des meilleurs attaquants du Canadien dans les missions défensives, un modèle d’application. Il a coupé l’alcool et le party. Il a fait profil bas. Il a laissé parler son jeu.
Tout à coup, les partisans demandaient qu’on le garde. Il était passé de mal-aimé à sauveur du troisième trio. Mais le destin avait déjà scellé son sort.
Aujourd’hui, malgré une fin de parcours exemplaire, Dvorak est mis à la porte. Pas de cérémonie, pas de message officiel. Juste une fuite froide, glissée dans un balado : il s’en va.
Et c’est triste, parce que Dvorak avait enfin compris. Il avait enfin trouvé sa place, son rôle, son calme. Il avait cessé d’être un fléau pour Caufield, pour lui-même, pour l’équipe.
Il était devenu le joueur que tout DG rêve d’avoir sur sa quatrième ligne : fiable, expérimenté, modeste, capable de tuer des punitions et de garder la tête froide.
Mais le passé est tenace. À Montréal, le pardon est rare, surtout quand les réseaux sociaux vous ont cloué publiquement.
Les prochaines destinations potentielles ? Chicago, lui qui est originaire de l'Illinois et Saint-Louis, où il pourrait devenir un mentor silencieux dans une équipe qui a besoin d'un centre défensif.
Deux villes plus tranquilles, plus près de sa famille. Deux villes où on n’attendra pas de lui qu’il soit autre chose qu’un joueur de hockey.
Et pendant ce temps, à Montréal, le trou qu’il laisse derrière lui est bien réel. Pas tant sur la feuille de pointage que dans les détails : une mise en jeu en désavantage, un dégagement intelligent en fin de match, un calme en zone neutre. Ce sont ces petites choses qu’on ne remarque que quand elles disparaissent.
Christian Dvorak n’a jamais été une superstar. Mais il aura été une énigme, un survivant, un homme qu’on croyait fini… jusqu’à ce qu’il nous prouve le contraire. Et même là, ce n’était pas assez.
Il quitte Montréal la tête haute, le cœur amer, et l’histoire le jugera sans doute plus doucement qu’on ne l’a fait en temps réel. Parce qu’au fond, il aura été plus fort que la haine.
Mais ce départ, aussi brutal soit-il, n’efface pas la complexité de l’histoire. Car si Dvorak a été un poids mort à ses débuts, il est aussi devenu, en silence, une figure de résilience.
Et il ne faut pas oublier qu’à plusieurs moments cette saison, Martin St-Louis lui-même l’a utilisé dans des situations critiques.
En désavantage numérique, Dvorak était souvent le premier sur la glace. Quand l’équipe devait protéger une avance, c’est lui qu’on appelait au cercle des mises en jeu.
Ce n’est pas rien.
Son taux d’efficacité aux mises en jeu est monté à 55,8 %, parmi les meilleurs de la LNH dans son rôle. Il a même figuré dans le top 10 pour le temps d’utilisation en infériorité numérique chez les centres. Ce sont là des responsabilités qu’on ne confie qu’aux joueurs de confiance.
Alors pourquoi partir ?
La vérité, c’est que Kent Hughes regarde vers l’avenir. Dvorak, malgré sa renaissance, n’a jamais fait partie du noyau à long terme. Il a 29 ans. Il n’a jamais eu le cœur de la foule. Et à Montréal, si tu ne fais pas vibrer les gradins, ton espérance de vie est toujours plus courte.
Mais ailleurs, il pourrait être accueilli en héros discret. Un vétéran respecté. Un homme qui revient de loin.
Peut-être que c’est ce qu’il lui fallait depuis le début : un marché plus calme, moins cruel. Une ville où ses efforts ne seraient pas passés sous silence.
Et ça, c’est déjà une forme de victoire.