C'est terminé pour Sidney Crosby: le DG des Penguins prend sa décision

C'est terminé pour Sidney Crosby: le DG des Penguins prend sa décision

Par David Garel le 2025-10-08

On peut sentir le malaise à Pittsburgh. Pas un simple frisson passager ou une tension de vestiaire habituelle.

Un malaise profond, structurel et évident dans chaque décision de l’organisation. Depuis quelques semaines, tout le monde se demande si Sidney Crosby va un jour lever sa clause de non-mouvement pour quitter la Pennsylvanie.

Mais la vraie question est ailleurs : et si c’était Kyle Dubas lui-même qui attendait impatiemment que Crosby demande à partir ?

Le président et directeur général des Penguins ne le dira jamais publiquement. Il continuera à répéter qu’il respecte son capitaine, qu’il veut “gagner avec lui”.

Mais quand on regarde froidement ses gestes, le scénario ne pourrait pas être plus clair : Dubas est en train de pousser Sidney Crosby vers la porte de sortie, sans respect et sans tact.

Et ce qui était au départ une simple divergence de vision entre un DG et un joueur légendaire est en train de devenir une véritable fracture au sommet.

L’embauche estivale de Dan Muse a été le premier signal clair. À 43 ans, sans aucune expérience comme entraîneur-chef dans la LNH, Muse a été choisi non pas pour ménager les légendes, mais pour lancer une nouvelle ère axée sur le développement.

Il n’a pas hésité à confier des rôles importants à des jeunes recrues comme Benjamin Kindel ou Harrison Brunicke.

Benjamin Kindel, c’est le visage le plus visible du virage jeunesse imposé par Kyle Dubas. Repêché au 11e rang au total en 2025, ce centre de 18 ans est arrivé au camp sans complexe et a arraché un poste dès la première journée.

Pour son tout premier match dans la LNH, au Madison Square Garden, il a remporté quatre de ses cinq mises au jeu (80 %) et, fait encore plus frappant, il a même été utilisé sur le premier trio avec Crosby en fin de rencontre pour protéger une avance.

Ce genre de confiance donnée à un adolescent, dans un marché comme Pittsburgh, en dit long sur la direction que prend l’équipe. Kindel n’est pas là pour apprendre à distance : il est là pour prendre sa place, maintenant.

Harrison Brunicke, de son côté, est un défenseur droitier de 19 ans, choisi au 44e rang au total en 2024. C’est un défenseur mobile, offensif, qui vient du circuit junior canadien.

Ce n’est pas un géant (6 pieds, 180 livres environ), mais il bouge bien la rondelle et Dubas le voit déjà comme une pièce à développer rapidement dans une brigade défensive vieillissante.

Pour son premier match, il a été lancé directement dans l’action contre les Rangers, sans être protégé. Ce n’était pas parfait, quelques sorties hésitantes, mais le message était clair : les jeunes vont jouer, peu importe les états de service des vétérans.

Et Brunicke n’est pas seul. Dans le même match, Dubas et Muse ont laissé de côté Matt Dumba, 31 ans et 737 matchs dans la LNH, ainsi que Connor Clifton, un défenseur établi de 30 ans. Ils ont préféré donner la chance à Brunicke et à Ville Koivunen, une autre recrue de 22 ans, pour combler les trous autour de Crosby. 

Arturs Silovs, 24 ans, a été préféré à Tristan Jarry devant le filet, dans une décision encore plus symbolique : Jarry est payé 5,37 M$ par année, Silovs a été acquis pour des miettes (un jeune attaquant mineur et un choix de 4e ronde) et n’avait que 20 matchs de saison régulière derrière la cravate avant cette soirée. Il a répondu avec un blanchissage de 25 arrêts au Madison Square Garden.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que Dubas ne fait pas juste “intégrer” des jeunes comme complément. Il restructure l’équipe autour d’eux.

 Kindel est déjà utilisé comme centre du troisième trio dans une organisation qui, historiquement, faisait progresser les jeunes au compte-gouttes.

Brunicke a été lancé dans la mêlée sans bouée. Silovs s’est approprié le filet dès le premier match. Tout ça alors que Crosby, Malkin et Letang amorcent ensemble leur 20e ou 21e saison professionnelle.

Cruel pour Crosby. Pendant que le cœur historique du club avance vers la fin, Dubas installe son noyau pour l’avenir. Et ça crée une dynamique explosive.

Parce que quand un kid de 18 ans prend des mises au jeu cruciales à la place de vétérans, quand un gardien inconnu efface Jarry dès le premier soir, quand une défense composée de recrues est préférée à des joueurs établis… le message envoyé à Crosby est sans pitié : tu n’es plus le centre du projet.

C’est exactement cette jeunesse, Kindel, Brunicke, Koivunen, Silovs, qui est utilisée par Dubas pour accélérer la transition et, implicitement, faire comprendre au capitaine qu’il est désormais une pièce parmi d’autres.

C’est ce contexte précis qui nourrit aujourd’hui le malaise à Pittsburgh. Ce n’est pas une crise ouverte, mais une série de choix calculés qui dessinent l’après-Crosby… pendant qu’il est encore dans l’alignement.

Et pendant ce temps, Crosby a été ménagé, lui aussi. Moins de 18 minutes de jeu au Madison Square Garden. Deux tirs au but, une présence correcte mais sans éclat.

Ce n’est plus le Crosby qui dictait chaque tempo, chaque possession. À 38 ans, il reste intelligent, mais son rôle a changé. Et Dubas en profite pour redessiner l’équipe autour d’une jeunesse assumée.

À Pittsburgh, tout est pensé pour que Crosby ne soit plus au centre du projet. C’est brutal, mais c’est la réalité. Le nouveau coach distribue le temps de glace de façon équitable.

Les décisions d’alignement laissent clairement entendre que le “projet Crosby” est terminé. Dubas veut reconstruire et pour ça, il doit créer un contexte où le capitaine en viendra lui-même à conclure qu’il n’est plus à sa place.

Et c’est précisément ce que Crosby ressent aujourd’hui. Lui qui a incarné la loyauté, qui a répété à maintes reprises qu’il voulait finir sa carrière à Pittsburgh, commence à vivre une contradiction insupportable.

Il a toujours dit qu’il ne “signait pas pour perdre des matchs”. Or, tout ce que fait Dubas, c’est préparer plusieurs années de reconstruction, accumuler des choix, donner des rôles à des jeunes, et tourner la page sur les années glorieuses.

Ce n’est pas juste une impression extérieure. Selon plusieurs sources proches du clan Crosby, Kyle Dubas et le père de Sidney ne peuvent plus se voir.

Troy Crosby déteste la façon dont Dubas traite son fils. Il considère que le DG manque de respect à une légende qui a tout donné à la ville.

Le refus d’envoyer Crosby au match préparatoire au Centre Bell en septembre a été vécu comme une gifle au visage. Crosby voulait ce moment symbolique avec les partisans montréalais. Dubas lui a dit non. Le message était clair : “Ce n’est plus toi qui décides.”

Dans l’entourage de Crosby, on sait exactement ce que Dubas est en train de faire. Il attend que le capitaine craque, qu’il dise lui-même “je veux partir”.

Parce que Dubas ne veut pas assumer la responsabilité historique d’échanger Sidney Crosby contre sa volonté. Il veut que ce soit lui qui fasse le premier pas. 

Pendant ce temps, à Montréal, la machine à fantasmes tourne à plein régime. Le Canadien cherche toujours un deuxième centre. Kirby Dach n’a pas convaincu. L’équipe est jeune, dynamique, et a l’espace salarial pour absorber Crosby.

Et surtout, Crosby a un lien unique avec cette ville. Son père a été repêché par le CH en 1984. Lui-même a grandi en portant le chandail tricolore, en rêvant au Centre Bell.

Ce n’est pas une simple rumeur inventée pour meubler une chronique d’été : c’est un scénario qui prend de plus en plus de consistance à mesure que le malaise s’installe à Pittsburgh.

Ce qui rend la situation encore plus explosive, c’est le rôle de Pat Brisson. L’agent de Crosby a déjà commencé à ouvrir subtilement des portes.

En entrevue avec Pierre LeBrun, il a refusé de fermer la porte à un départ. Une manière élégante de mettre la pression sur Dubas, mais aussi sur Crosby lui-même. Brisson sait qu’un dernier chapitre à Montréal, entouré d’Ivan Demidov, Lane Hutson et Nick Suzuki, serait une manière parfaite de conclure une carrière légendaire.

Kyle Dubas, lui, joue une partie froide. Il répète que “personne n’est plus grand que l’organisation”. Une phrase qui, dans le contexte Crosby, sonne comme une provocation.

À ses yeux, Crosby est une valeur à maximiser. Pas un monument à protéger. Il est convaincu qu’il ne gagnera pas avec l’effectif actuel, qu’il doit aller chercher Gavin McKenna ou un autre jeune élite au repêchage, et que pour y parvenir, il faut tourner la page sur l’ère Crosby-Malkin-Letang.

Mais cette stratégie a un coût humain. Crosby se sent trahi. Il croyait au pacte moral conclu à l’arrivée de Dubas : pas de reconstruction tant qu’il serait là. Aujourd’hui, ce pacte est brisé. Les vétérans sentent le vent tourner. Les jeunes prennent leur place. Et le public commence à murmurer : est-ce que le moment est venu ?

À Montréal, l’excitation monte. À Pittsburgh, la tension explose. Et à mesure que la saison avance, une certitude s’impose : cette situation ne pourra pas durer éternellement. Crosby ne restera pas pour être “de trop”. Dubas ne changera pas son plan. Quelque chose va céder.

Et ce jour-là, le marché sera prêt. Montréal sera prêt. Et Dubas pourra dire qu’il n’a rien forcé :

“C’est lui qui a demandé.”

Mais tout le monde saura la vérité. Kyle Dubas est en train de faire ce qu’aucun dirigeant n’avait osé avant lui : pousser Sidney Crosby vers la sortie.