C’est la fin pour Donald Brashear

C’est la fin pour Donald Brashear

Par Marc-André Dubois le 2025-02-15

Pendant des années, Donald Brashear a incarné la force brute sur la glace.

Craint par ses adversaires, respecté par ses coéquipiers, il faisait partie de cette race de joueurs dont le rôle principal était d’imposer la peur.

Mais aujourd’hui, son nom n’est plus synonyme d’intimidation sportive. Il est devenu un symbole de déchéance, une histoire tragique qui rappelle à quel point la vie après le hockey peut être cruelle pour ceux qui ne sont pas préparés à affronter la réalité loin des projecteurs.

Selon le service de police de la ville de Québec , Donald Brashear a été arrêté et placé en détention pour une accusation de violence physique envers une femme.

Contrairement à d’autres affaires où les accusés sont rapidement libérés en attendant leur procès, le procureur a refusé de le laisser sortir, craignant des récidives ou un risque pour la sécurité de la présumée victime.

Il est actuellement incarcéré au centre de détention de Québec, en protection pour sa propre sécurité.

Voilà est le dernier épisode d’une spirale destructrice qui semble impossible à arrêter.

Un homme qui, après avoir gagné plus de 15 millions de dollars en carrière, se retrouve aujourd’hui derrière les barreaux, incapable d’échapper à ses propres démons.

Donald Brashear n’a jamais eu une vie facile. Né dans une famille dysfonctionnelle, il a connu une enfance marquée par la maltraitance et l’instabilité.

Son père, violent, était un monstre domestique qui l’a forcé à se réfugier dans le hockey pour trouver une échappatoire.

Sur la glace, il a rapidement compris que la seule façon de s’imposer était d’utiliser ses poings. Repêché par les Canadiens de Montréal, il est devenu l’un des goons les plus redoutables de la LNH.

Ses combats contre des joueurs comme Georges Laraque, Tie Domi et Rob Ray sont entrés dans la légende, faisant de lui l’un des enforcers les plus respectés de son époque.

Mais derrière cette image de colosse indestructible se cachait une fragilité profonde. Le hockey ne lui offrait qu’un répit temporaire face à ses blessures psychologiques. 

Et lorsque la LNH a commencé à éliminer progressivement les bagarreurs, Brashear s’est retrouvé face à un mur : sans la violence, il n’avait plus de rôle à jouer.

Lorsque Brashear a quitté la LNH en 2010 après une dernière saison avec les Rangers de New York, il n’avait pas de plan B.

Contrairement à d’autres joueurs qui ont su se réinventer comme entraîneurs, commentateurs ou hommes d’affaires, il s’est retrouvé sans repères et sans véritable projet d’avenir.

Sa tentative d’investissement dans l’immobilier avec sa société Brash 87 a été un désastre. Accumulant des dettes de plusieurs centaines de milliers de dollars, il a été poursuivi à répétition par ses créanciers.

Son manque de gestion financière l’a mené à la faillite et à une perte totale de contrôle sur sa situation économique.

En 2019, il a été arrêté pour possession de cocaïne et méfait après avoir été surpris en train de détruire des objets dans un Tim Hortons.

Une scène presque surréaliste pour un ancien joueur de la LNH qui, à une époque, négociait des contrats de plusieurs millions de dollars.

Dans une tentative désespérée de retrouver un semblant de stabilité financière, Brashear a tenté un retour dans le hockey… mais pas dans la LNH.

Il a plutôt signé dans la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH), un circuit semi-professionnel reconnu pour ses bagarres et son niveau de jeu très inférieur à celui des grandes ligues.

À plus de 40 ans, il montait encore sur la glace pour se battre devant quelques centaines de spectateurs, affrontant des joueurs plus jeunes, prêts à en découdre avec une légende du pugilat.

Ce retour n’a pas été motivé par la passion du jeu, mais par la nécessité de gagner quelques dollars pour survivre.

Son ami et ancien rival Georges Laraque, inquiet pour lui, a publiquement dénoncé cette situation, affirmant que voir Brashear se battre encore à 52 ans était une honte.

L’un des moments les plus marquants de sa descente aux enfers a été la révélation qu’il travaillait dans un Tim Hortons de Québec, propriété de son ancien coéquipier Pierre Sévigny.

L’image était saisissante : un ancien millionnaire de la LNH, jadis une terreur sur la glace, portant un uniforme de commis et servant des cafés aux clients.

Cette nouvelle a suscité un mélange de sympathie et de consternation. Certains ont vu en lui un homme tentant de repartir à zéro, tandis que d’autres y ont vu une illustration parfaite de l’échec post-carrière chez les bagarreurs de la LNH.

Si les erreurs financières et les tentatives maladroites de se reconstruire pouvaient encore inspirer un certain respect, l’accusation de voies de fait sur une femme change complètement la perception du public.

Cet épisode marque une nouvelle étape dans la spirale destructrice de Brashear. Si jusqu’ici, on pouvait voir en lui un homme malchanceux ou dépassé par les événements, cette fois, il doit faire face à une accusation qui pourrait lui coûter bien plus qu’une réputation : sa liberté.

Que va-t-il advenir de Donald Brashear maintenant, lui qui occupe présentement le poste d'entraîneur-adjoint au sein du National de Québec, une équipe évoluant dans la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH).

Son parcours post-carrière était déjà marqué par une instabilité chronique, mais cette fois, la situation semble bien plus grave. Si les accusations contre lui sont prouvées en cour, il risque une peine de prison qui viendrait définitivement sceller son déclin.

Même s’il est reconnu non coupable ou s’il parvient à éviter une condamnation, la tache sur son dossier est désormais indélébile. Son nom ne sera plus jamais celui d’un simple ex-joueur de hockey, mais celui d’un homme ayant eu de graves ennuis avec la justice.

L’homme qui ne pouvait pas se réinventer

Ce qui frappe dans l’histoire de Donald Brashear, c’est son incapacité totale à se réinventer.

La violence a toujours fait partie de sa vie, que ce soit sur la glace ou en dehors.

Il n’a jamais trouvé de transition stable après le hockey.

Ses tentatives de retour, que ce soit en affaires, en LNAH ou même dans des emplois modestes, ont toutes échoué.

Il est la preuve vivante que certains joueurs de la LNH, surtout ceux qui ont bâti leur carrière sur la brutalité, sont particulièrement vulnérables après leur retraite.

Aujourd’hui, Donald Brashear n’est plus un joueur de hockey, ni un homme d’affaires, ni même un simple citoyen anonyme. 

Il est un détenu, un homme brisé par ses propres choix et son incapacité à trouver un second souffle après le hockey.

Ce qui aurait pu être une belle histoire de rédemption s’est transformé en une descente aux enfers sans fin, où chaque tentative de renouveau est aussitôt écrasée par un nouveau scandale.

L’avenir semble bouché pour lui. Il n’a plus d’argent, plus de réputation, et maintenant, plus de liberté. 

Reste à voir si cette fois, il parviendra enfin à briser le cycle, ou si ce n’est que le début d’un chapitre encore plus sombre de sa vie.