C’est la fin pour Valérie Plante

C’est la fin pour Valérie Plante

Par David Garel le 2025-06-02

C’est le chaos à Montréal. Un véritable blitz de dernière minute. Car, ne nous mentons pas : le Grand Prix du Canada est toujours sur respirateur artificiel.

Les Montréalais ont encore en travers de la gorge le fiasco de l’édition 2024, et même si la Ville et le promoteur Octane tentent de redorer l’image de l’événement à coups de nouveautés bien orchestrées, le spectre d’un désastre persiste.

Et il a un nom : la STM. Oui, la Société de transport de Montréal, qui brandit en coulisses un mandat de grève qui pourrait littéralement anéantir tous les efforts pour sauver le Grand Prix de Montréal.

C’est le cauchemar absolu. Le scénario qu’aucun stratège en communication à l’hôtel de ville n’ose envisager à voix haute.

Mais les faits sont là : les chauffeurs d’autobus, les opérateurs de métro, les agents de station et les chauffeurs du transport adapté de la Société de transport de Montréal (STM) ont voté à 99 % en faveur d’un mandat de grève générale illimitée. Une bombe à retardement. Et elle pourrait exploser… en pleine fin de semaine du Grand Prix du Canada.

Valérie Plante voulait redorer son image avec une édition 2025 exemplaire du Grand Prix. Mais à quelques jours du plus grand événement touristique et économique de l’année, une mobilisation syndicale sans précédent menace de tout anéantir.

L’île Sainte-Hélène, théâtre de la course de Formule 1, pourrait devenir une forteresse impraticable. Les navettes ? Paralysées. Le métro ? À l’arrêt. Les autobus ? En panne sèche. Et l’image de Montréal, une fois de plus, projetée comme celle d’une ville dysfonctionnelle, incapable de tenir un événement mondial.

Et au cœur de ce chaos : la mairesse. Isolée. Détestée. Affaiblie.

Les employés de la STM, membres de la section locale 1983 du SCFP, n’ont jamais été aussi clairs. Le message lancé par ce vote quasi unanime est brutal : ils ne veulent plus de Valérie Plante. Selon des sources internes au syndicat, la frustration est à son comble. Ils dénoncent des reculs majeurs dans les horaires, la conciliation travail-famille, la sécurité d’emploi, et fustigent une proposition salariale « dérisoire » de la part de la Ville, dans un contexte où l’inflation fait exploser le coût de la vie depuis la pandémie.

Mais ce qui alimente leur rage, c’est aussi la privatisation rampante du service de transport adapté. Une trahison, selon eux. Une attaque directe contre le service public. Et ils rendent Valérie Plante responsable.

Les négociations piétinent depuis des mois. La convention collective est échue depuis le 5 janvier. Mais la mairesse est restée muette. Invisible. Elle a fui les caméras. Ignoré les mises en garde. Elle a choisi le pari du silence. Aujourd’hui, c’est le Grand Prix – et tout son héritage – qui risquent de voler en éclats.

Un désastre annoncé.

Montréal est l’une des rares villes au monde où 97 % des spectateurs d’un Grand Prix utilisent le transport collectif pour se rendre sur place. Si le métro ne fonctionne pas. Si les autobus ne circulent pas. Si les agents refusent d’ouvrir les stations. C’est terminé. Game over.

Même si une entente de dernière minute était signée, le climat de méfiance est tel que la réputation de l’événement est déjà affectée. Les équipes de Formule 1, les diffuseurs internationaux, les commanditaires et surtout Liberty Media – le promoteur mondial de la série – observent la situation avec un agacement grandissant.

On leur avait promis un virage à 180 degrés après la débâcle de 2024. On leur avait garanti une coordination exemplaire. Des paddocks étanches. Une nouvelle application. Une logistique simplifiée. Des zones de détente pour éviter les cohues. Mais tout ce plan pourrait s’effondrer d’un seul coup si le personnel de la STM appuie sur le bouton rouge.

Et Valérie Plante, elle, ne pourra plus dire qu’elle ne savait pas.

La colère à la STM a atteint un point de non-retour.

Ce n’est pas qu’un conflit de travail. C’est un rejet personnel et politique de la mairesse. Dany Levasseur, l’agent d’affaires du SCFP, a dénoncé avec force la faiblesse des offres patronales.

Mais en coulisse, les discussions sont bien plus dures. Des membres du syndicat parlent ouvertement de Valérie Plante comme d’une élue déconnectée, hautaine, et incapable de défendre les travailleurs.

On dit qu’ils « la détestent », qu’ils n’oublieront jamais sa gestion, et qu’ils la tiendront responsable si le Grand Prix est perturbé. Et ils ont raison.

Car cette grève, si elle devait éclater, serait la fin avec un F majuscule pour Valérie Plante. L’événement serait ruiné. Les retombées économiques perdues. Et Valérie Plante deviendrait, à jamais, la mairesse qui a laissé disparaître le Grand Prix de Montréal.

Souvenons-nous de 2024 : embouteillages monstres, accès chaotique à l’île Notre-Dame, loges inondées, spectateurs envahissant la piste, et même des terrasses du centre-ville fermées à la dernière minute par les inspecteurs du service d’incendie, envoyés par la mairesse elle-même.

Ce fut une humiliation internationale. Une honte diffusée en direct dans des dizaines de pays. À tel point que Stefano Domenicali, le grand patron de la F1, a dû lui-même présenter ses excuses officielles aux équipes et partenaires. Un geste rarissime. Et surtout, un signal d’alarme.

Cette année, les autorités tentent l’impossible pour éviter un autre scandale. Sous la pression intense de Liberty Media, du gouvernement du Québec et du promoteur Bell, la Ville de Montréal a mis en place un plan d’urgence, une série de modifications drastiques pour sauver la face.

D’abord, fini l’improvisation. Tous les intervenants – STM, SPVM, Mobilité Montréal, Octane, Ville de Montréal – sont désormais réunis autour d’une seule et même table pour assurer une coordination serrée.

Des navettes spéciales ont été déployées, de nouveaux débarcadères pour taxis et vélos ont vu le jour, et certains chantiers routiers seront exceptionnellement suspendus. Le message est clair : tout pour ne pas revivre l’enfer logistique de 2024.

Autre mesure : une nouvelle application mobile, pensée pour informer en temps réel les amateurs. Alertes météo, circulation, sécurité, événements en marge du Grand Prix, consignes alimentaires – tout est désormais centralisé pour éviter la confusion et l’ignorance qui avaient empoisonné l’événement l’an dernier.

Même les paddocks, qui s’étaient transformés en piscine l’an dernier, ont été entièrement rénovés et testés. « Le bâtiment le plus arrosé de Montréal », a résumé avec ironie la directrice du Parc Jean-Drapeau, Véronique Doucet. Cette fois, la pluie ne viendra pas humilier les techniciens de RDS ou tremper les dignitaires européens.

Et pourtant… malgré tous ces efforts, malgré l’argent public englouti, malgré les beaux discours rassurants… un nuage noir continue de planer au-dessus de l’événement. Un nuage qui pourrait se transformer en tempête fatale. Le mandat de grève voté par les employés de la STM.

Car si les promesses tiennent pour le week-end de course, rien n’est garanti pour les activités en marge de l’événement, prévues en semaine.

Un arrêt de travail, même partiel, même ciblé, pourrait suffire à tout faire dérailler. Une simple perturbation du service de métro ou d’autobus, et c’est l’enfer logistique qui recommence. Et cette fois, il n’y aura pas de deuxième chance.

Cette menace, les dirigeants de la F1 la prennent très au sérieux. Car Montréal n’est plus seule en lice. Bangkok, en Thaïlande, pousse avec une agressivité jamais vue.

Soutenue par la première ministre elle-même, qui a rencontré Domenicali à Monaco, la Thaïlande prévoit accueillir son premier Grand Prix en 2028.

Le projet est sérieux, le gouvernement est mobilisé, les commanditaires sont prêts. Même Alexander Albon, pilote F1 d’origine thaïlandaise, a été mis à contribution pour promouvoir le dossier.

Et ce n’est pas tout. L’Afrique du Sud, elle aussi, s’agite. Avec le soutien de Lewis Hamilton, elle prépare un retour fracassant de la F1 sur le continent africain, avec deux projets sérieux : un tracé urbain au Cap, et une résurrection du mythique circuit de Kyalami à Johannesburg.

Le ministre des Sports, Gayton McKenzie, promet une annonce d’ici la fin de l’année. Le message à Liberty Media est limpide : « L’Afrique est prête. »

Pendant ce temps, Montréal court après son souffle.

Les négociations entre Bell, Octane et Liberty Media sont au neutre. Aucune confirmation de prolongation de contrat après 2031. Le prochain Grand Prix sera jugé à la loupe. Et si le moindre problème survient, surtout un conflit de travail à la STM, ce pourrait être le clou final dans le cercueil du Grand Prix de Montréal.

Valérie Plante le sait. Elle le sent. Et pourtant, au conseil municipal, lorsqu’interpellée sur la question, elle a préféré ricaner, minimiser, faire semblant que tout allait bien.

Ce ricanement – capté en vidéo, analysé par les journalistes, qualifié de « malaise profond » – risque de la hanter. Car si la Formule 1 quitte Montréal, on ne retiendra pas les excuses. On retiendra son déni.

Le danger est réel. Il est immédiat. Il est brutal. Et même les mesures les plus spectaculaires, les paddocks étanches, les applications mobiles, les zones chill-out post-course, ne suffiront pas si la STM se met en grève. L’événement repose sur une fine corde, une ligne mince entre sauvetage et débâcle.

Bell, furieuse de la gestion municipale, n’a jamais écarté de déménager l’événement à Toronto. Non pas pour abandonner Montréal, mais pour garder le Grand Prix au Canada.

Et si Toronto est trop lente, Bangkok et Kyalami, elles, sont prêtes à foncer. Madrid, le Qatar, l’Argentine, la Thaïlande, l’Afrique du Sud : tous veulent leur part du gâteau. Et Montréal n’a plus l’avantage.

Le Grand Prix de 2025 sera un test. Une audition. Un jugement.

Et si la STM entre en scène, la sentence risque d’être irrévocable.