Ça ne va pas bien pour l'avantage numérique du Canadien de Montréal.
C’est un constat brutal, presque humiliant pour une équipe qui, sur papier, devait être redoutable sur le "power play".
Avec Nick Suzuki Cole Caufield, Zachary Bolduc, Juraj Slafkovsky et Lane Hutson sur la première unité, et Patrik Laine, Ivan Demidov et Noah Dobson sur la seconde, le Canadien de Montréal devait terroriser la LNH.
Au lieu de cela, après quatre matchs, le club traîne un minable 17,7 % de conversion. Trois buts sur dix-sept occasions. Et la fameuse « attaque massive » de Martin St-Louis est en train de devenir la risée du circuit.
Ce n’est pas une question d’échantillon. C’est une question de chimie. Et, pour le moment, il n’y en a aucune.
Le plus grand mystère, celui qui rend les vétérans fous et les analystes perplexes, c’est la séparation entre Patrik Laine et Lane Hutson.
L’an dernier, les deux formaient un duo électrisant : huit des quinze buts de Laine en supériorité numérique venaient directement d’une passe de Hutson.
Le jeune défenseur gaucher savait exactement où placer la rondelle, avec le bon effet, le bon tempo, la bonne vitesse. C’était un réflexe, une relation intuitive entre un tireur et son passeur.
Aujourd’hui, cette complicité a disparu. Martin St-Louis a décidé de séparer les deux, un choix stratégique qu’on peine à comprendre.
C’est Noah Dobson qui a pris la place de Hutson sur la deuxième vague, et tout le monde voit que la greffe ne prend pas.
Laine, droitier, ne reçoit plus la rondelle au bon angle, le « sweet spot » qu’il évoquait déjà en 2024 dans une entrevue avec Eric Engels. À l’époque, il avait expliqué :
« J’ai besoin de la rotation d’un droitier pour marquer. Lane réussit à la recréer même s’il est gaucher. »
Cette phrase résume tout le problème : Dobson, lui, est un vrai droitier. Mais son style est rigide, mécanique. Il ne module pas la passe comme Hutson, et Laine doit souvent casser son élan pour ajuster son tir.
Le résultat donne des sueurs froides dans le dost : il manque le filet, ou il hésite. Et pour un tireur comme lui, le doute est mortel.
Comme si ce n’était pas assez, Laine est déjà blessé. Encore.
Il a raté l’entraînement de mercredi pour des traitements, une vieille douleur qui traîne depuis le camp.
Et pendant ce temps, il n’a toujours pas marqué un seul but cette saison.
Une seule passe en quatre matchs. Un différentiel négatif.
C’est le début de saison le plus inquiétant de sa carrière. Et dans un vestiaire où chaque joueur sent la concurrence derrière lui, Laine est en train de perdre non seulement son rôle, mais aussi le respect.
Les murmures sont de plus en plus évidents : il aurait demandé à Martin St-Louis de reformer le duo avec Hutson, convaincu que c’est sa seule chance de retrouver confiance.
Une requête qui n’a pas plu à tout le monde.
Selon plusieurs sources internes, St-Louis aurait mal digéré l’idée qu’un joueur dicte la composition des unités spéciales.
Mais dans les faits, il n’a pas tort : les statistiques sont claires.
Depuis la séparation du duo Hutson-Laine, l’efficacité du CH en supériorité numérique a chuté de 26 % à 17 %.
Noah Dobson n’est pas le problème, mais il symbolise le malaise.
Arrivé comme un défenseur offensif de calibre élite, il n’a pas encore trouvé le tempo montréalais. Son jeu est précis, mais trop prévisible.
Dans une entrevue cette semaine, il a lui-même admis que le dosage de ses passes à Laine n’était « pas encore naturel ».
« Il faut la bonne vitesse, pas trop fort, pas trop faible. Mais tout va si vite, tu n’as pas le temps d’analyser. »
En clair, le cerveau et les mains ne se synchronisent pas encore. Et quand l’unité perd sa spontanéité, c’est tout le système qui s’écroule.
L’avantage numérique, c’est une question de rythme. En ce moment, Montréal n’en a aucun.
Pendant ce temps, Juraj Slafkovský continue d’occuper une place intouchable sur la première vague.
Malgré un début de saison catastrophique, aucune implication en zone offensive, aucune finition, aucune lecture rapide du jeu, il reste sur la première unité avec Caufield et Suzuki.
Et tout le monde le remarque.
Les partisans grondent. Les joueurs s’interrogent.
Comment expliquer qu’un jeune sans production conserve un tel statut, pendant qu’un vétéran comme Laine, pourtant payé pour marquer, se retrouve exilé sur la deuxième vague ?
Cette incohérence alimente la tension. Et si Martin St-Louis ne trouve pas rapidement un équilibre, le malaise risque de se transformer en fracture.
De son côté, Lane Hutson ronge son frein.
Toujours aussi calme devant les caméras, il laisse deviner une irritation croissante.
Deux mentions d’aide depuis le début de la saison, aucune en avantage numérique. Pour un défenseur qui vit de créativité et d’instinct offensif, c’est un crève-cœur.
Et surtout, il voit que la chimie avec Laine était son meilleur outil de progression.
Depuis que Dobson lui a volé la place à la ligne bleue aux côtés de Laine, Hutson a perdu ses repères.
Tout le monde voit que ça ne marche pas.
Le contraste saute aux yeux : quand Hutson est sur la glace, la rondelle bouge. Quand il n’y est pas, l’attaque massive du Canadien se fige.
Dire que Lane Hutson jouait souvent les deux minutes au complet la saison dernière.
En conférence de presse, St-Louis continue d’affirmer qu’il est « encouragé » par le travail de ses joueurs. Il répète que « l’équipe bourdonne en zone offensive » et que « le momentum finira par payer ».
Mais le problème n’est pas dans l’effort. Il est dans la cohérence.
Pourquoi refuser de reformer un duo qui fonctionnait ?
Pourquoi maintenir un système où les rôles sont inversés et les automatismes brisés ?
La réponse tient peut-être à une logique de vestiaire : ne pas céder à la pression d’un joueur vedette qui réclame un ajustement.
Mais en agissant ainsi, St-Louis s’enferme dans une posture d’orgueil. Et pendant qu’il protège son autorité, l’avantage numérique du Canadien s’effondre.
Les chiffres parlent :
3 buts sur 17 jeux de puissance.
0 but de Laine.
0 point de Hutson en avantage numérique.
37 tirs bloqués par Toronto, 25 par Montréal : un indicateur clair que le CH tire, mais sans tranchant.
Ce n’est pas un hasard. C’est le symptôme d’un fiasco technique et émotionnel.
Le CH ne joue pas en symbiose. Et tant que St-Louis refusera de réunir Laine et Hutson, la panne risque de durer.
La situation devient critique. Le prochain match contre Nashville sera décisif. Une autre semaine sans production spéciale, et les appels au changement vont devenir assourdissants.
Martin St-Louis n’a pas besoin d’un miracle. Il a besoin d’humilité.
Remettre Hutson et Laine ensemble, c’est redonner un sens à l’avantage numérique.
C’est aussi reconnaître que certains duos ne se remplacent pas, peu importe les statistiques ou les statuts hiérarchiques.
Et si St-Louis ne le fait pas rapidement, il risque de perdre bien plus qu’un jeu de puissance : il pourrait perdre la confiance de ses meilleurs talents.