Entrevue honteuse: Cole Caufield rabaissé par Bill Guerin

Entrevue honteuse: Cole Caufield rabaissé par Bill Guerin

Par David Garel le 2025-11-25

Bill Guerin avait-il vraiment besoin d'humilier Cole Caufield sur la place publique?

Avait-il vraiment besoin de laver son linge sale par la bouche de Pierre LeBrun?

« Si tu ne frappes pas, les Jeux olympiques, ce n’est probablement pas le tournoi pour toi. » 

Rapportée par le réputé journaliste, cette phrase n’a pas été prononcée au hasard ni dans le vide. Elle s’inscrit dans une ligne éditoriale assumée par le directeur général de Team USA depuis la Confrontation des 4 Nations : choisir ses joueurs au nom de la robustesse, et marginaliser tout ce qui n’entre pas dans ce moule.

À Montréal, personne n’est naïf : même sans le nommer, le joueur ciblé, c’est Cole Caufield... et Lane Hutson...

Mais on savait tous qu'Hutson ne serait pas sélectionné avec Quinn Hughes et Adam Fox assurés de percer l'alignement.

Reste que pour Caufield, même si on sait que Guérin le déteste, on se disait que le DG des "USA" allait enfin allumer.

On s'est trompé. Guerin n'est pas le crayon le plus aiguisé de la boîte.

On peut préférer un profil à un autre, on peut juger qu’un tournoi court exige certaines caractéristiques. Mais la façon de le dire compte.

Et en répétant publiquement que l’exigence première est de « frapper », au moment précis où Caufield connaît la meilleure séquence de sa carrière (13 buts, 22 points en 21 matchs), où son jeu à 200 pieds a franchi un cap, où son implication sans la rondelle a fait un bond réel, Guérin ne se contente pas d’exposer un critère; il dévalorise un joueur en pleine ascension, comme si ce qu’il apporte aujourd’hui n’avait pas de valeur au mois de février.

Selon ce que Pierre LeBrun a expliqué, si la sélection olympique sortait aujourd’hui, Caufield n’y serait pas. Il est « proche », il est « sur la liste », il figure « dans la conversation »… mais il n’entre pas.

La justification avancée? Les six postes offensifs du top-6 seraient « pris », et l’état-major américain peine à définir un rôle utile à Caufield dans un bottom-six davantage orienté vers l’échec avant lourd.

On peut comprendre la logique interne : si l’on conçoit les troisièmes et quatrièmes trios comme des unités de papier sablé, on s’éloigne naturellement d’u modèle de sniper.

L'argument de Guerin est le tournoi des 4 Nations a prouvé que le Canada et les USA jouent de manière physique comme jamais.

Ces matchs à haute intensité de mises en échec et de douleur, ont laissé la conviction qu’il fallait « durcir » encore davantage l’alignement pour Milan/Cortina.

Mais les Jeux olympiques ne sont pas les 4 Nations : l’arbitrage y est plus serré, il y est interdit de se battre, les zones neutres moins tolérantes à l’obstruction, et les équipes qui gagnent sont celles qui finissent les actions avec précision... et vitesse...

Dans ce contexte, les buteurs d’élite qui se démarquent par la vitesse d’exécution et le relâchement éclair deviennent des armes décisives, même s’ils ne cognent pas comme des brutes. On n’a pas besoin de 12 bulldozers; on a besoin d’un mélange qui se complète.

C’est là où l’attitude publique de Guérin dérape. Hurler à la robustesse comme un mâle alpha complexé sans jamais reconnaître ce que Caufield apporte aujourd’hui, un volume de buts, une menace constante en entrée de zone, une lecture offensive de plus en plus mature, des séquences prolongées de possession en zone offesnive, c’est figer le joueur dans la caricature de 2024.

Aux yeux de Bill Guerin, tout part de Prague 2024. Le film qu’il se repasse est simple : un Cole Caufield attendu comme moteur offensi au cahmpionnat du monde, une équipe américaine éjectée en quart de finale par la Tchéquie, et, surtout, l’impression d’un joueur qui est venu pour faire la fête dans cette ville de party.

Autour du tournoi, les échos de nuits trop courtes et de femmes endiablées dans la chambre; Guerin n’a jamais eu la patience pour ce type de bruit.

Depuis, son discours ne change pas : priorité aux gars qui « se présentent, jouent lourd, ferment les matchs et vivent pour l’écusson ». Le reste, pour lui, c’est de la distraction.

Cette réputation a collé à la peau de Caufield. Quand l'attaquant du CH a décliné l’invitation suivante pour les Mondiaux 2025, Guérin a fermé le dossier. 

Oui, Cole a traîné la réputation d’un « party boy » après le Mondial de Prague; oui, cette perception a circulé dans les cercles de Team USA et a sans doute pesé.

Mais l’éditorial sportif honnête observe le présent : le Caufield 2025-26 n’est plus ce gars-là. Sur la glace, il a élargi son registre; hors glace, il a stabilisé son environnement, lui qui est maintenant en couple. Le réduire à un cliché, c’est paresseux. Le faire sur la place publique, c’est inutilement humiliant.

Et Lane Hutson dans tout ça? Le parallèle est trop évident pour être ignoré. Petit, offensif, créatif, il concentre contre lui la même suspicion: « et quand ça va brasser? ».

Comme si la seule réponse à la violence contrôlée était la masse et le gabarit. Or, l’histoire récente du hockey international est claire : la meilleure défense, c’est parfois la sortie de zone propre, l'offensive qui éteint la pression au lieu de la subir.

Les Jeux se gagnent avec le talent.. pas avec les mises en échec.

Guérin a oublié la dimension humaine. Le travail d’un DG est de protéger ses joueurs, même ceux qu'il ne chosit pas. Mais humilier? Quel bénéfice?

Dire publiquement « ce type de joueur n’est pas fait pour ce tournoi », c’est envoyer un signal qui dépasse Caufield; c’est dire à toute une génération de marqueurs américains de petit gabarit que leur plafond n’est pas olympique. Beau message, alors que les États-Unis n’ont pas monté sur la plus haute marche depuis 1980.

Soyons clairs : rien n’est joué. La liste définitive tombera au plus tard le 31 décembre. Des blessures peuvent rebattre les cartes.

Mais l’enjeu n’est plus seulement la case « oui/non » à côté d’un nom. L’enjeu est la philosophie que Guérin choisit d’afficher. Si Team USA manque cruellement d’un finisseur quand le jeu se refermera, son arorgante lui reviendra en pleine figure.

Alors, posons la vraie question, sans détour : Bill Guerin veut-il gagner, ou prouver qu’il avait raison au sujet d’un joueur qu’il a rangé trop vite dans la mauvaise boîte? 

Les Jeux ne pardonnent pas l’orgueil. Et la rondelle, tôt ou tard, finit toujours par choisir le camp de ceux qui savent la mettre dedans.