Ce que Cole Caufield comprend maintenant que d’autres n’ont pas encore saisi

Ce que Cole Caufield comprend maintenant que d’autres n’ont pas encore saisi

Par André Soueidan le 2025-10-04

Certains joueurs entendent les consignes, d’autres les ressentent avant même qu’on les formule.

Cole Caufield fait partie de cette rare espèce.

Devant les micros, samedi matin, à quelques heures du dernier match préparatoire du Canadien face aux Sénateurs d’Ottawa, son regard trahissait une certitude calme : il ne joue plus pour impressionner, mais pour comprendre.

Dans l’univers de Martin St-Louis, le talent brut ne suffit plus ... il faut savoir respirer le hockey comme lui, à chaque seconde, à chaque lecture, à chaque souffle.

« On joue différemment cette année, a résumé Caufield. On bouge mieux sans la rondelle, on se parle plus, on lit mieux les intentions des autres. Ça paraît. »

Cette phrase simple en dit long. Cole ne parle plus de statistiques, ni de buts, ni même de passes.

Il parle du tempo collectif, ce langage que St-Louis essaie d’inculquer depuis deux ans : penser avant d’agir, mais agir avant qu’il soit trop tard.

Martin St-Louis l’a dit sans détour en conférence de presse : « Cole, c’est un joueur qui veut comprendre le pourquoi. Quand il saisit le pourquoi, tout devient naturel. Il joue plus léger, plus libre. »

C’est probablement la plus grande transformation qu’on observe dans le jeu du #13: il n’est plus seulement le finisseur. Il devient le prolongement de la vision de St-Louis sur la glace.

Loin de la frénésie de l’avantage numérique, Caufield s’inscrit désormais dans le courant fluide du jeu à cinq, où chaque lecture de jeu pèse plus qu’un tir parfait.

Et ça, on le sent à travers ses mots.

« On ne se parle pas juste pour se parler. Quand Martin te parle, il veut que tu comprennes ce qu’il voit. Ce n’est pas juste une consigne, c’est un sens du moment. »

Le joueur formé au Wisconsin a toujours eu ce flair de buteur naturel, mais cette saison, il montre qu’il a ajouté la patience à son arsenal. Là où il tirait autrefois sans regarder, il cherche maintenant la meilleure option.

Et quand il tire, c’est parce qu’il sait que c’est le bon moment.

Le coach, lui, semble ravi de cette évolution.

« Cole comprend que le hockey, c’est une conversation continue. Il écoute, il apprend, il échange. Tu veux que tes joueurs ne réagissent pas, mais qu’ils anticipent. »

Ce mot ... anticiper ... revient souvent dans le discours de St-Louis.

Et chez Caufield, il s’est transformé en philosophie. Il ne cherche plus à être celui qu’on attend. Il veut être celui qui surprend, à chaque shift.

Le plus fascinant, c’est la maturité tranquille qui se dégage de ses propos. Quand on lui a demandé s’il se sentait prêt pour le vrai calendrier, il a répondu avec un sourire :

« Je pense qu’on a encore des choses à peaufiner, mais je me sens bien. On sait ce qu’on doit faire, et on sait aussi que ça ne sera jamais parfait. Ce qui compte, c’est comment on réagit. »

C’est exactement le message que St-Louis martèle depuis le premier jour : ne pas chercher la perfection, mais la cohérence. Et Caufield est en train de devenir le miroir parfait de cette approche.

Au Centre Bell, les partisans voient encore en lui le franc-tireur explosif, le gamin qui fait lever la foule d’un tir sec du poignet.

Mais derrière ce feu d’artifice, il y a aujourd’hui un joueur plus réfléchi, plus ancré, plus dangereux encore.

Il a compris que dans le hockey moderne, l’instinct doit s’appuyer sur la lecture, et la lecture sur la confiance. Et cette confiance, il la trouve chez son entraîneur.

« Martin, c’est quelqu’un qui croit en toi même quand tu doutes. Et ça, c’est énorme. »

Alors que le Canadien s’apprête à tourner la page du calendrier préparatoire, une certitude se dégage : Cole Caufield n’est plus un simple buteur. Il est devenu un rouage conscient d’un système en évolution.

Et pendant que certains cherchent encore à prouver leur valeur à coup de points, lui a déjà compris que la vraie valeur se trouve dans le moment juste avant la passe, dans le regard échangé avant le but, dans ce détail invisible que Martin St-Louis, lui, remarque toujours.

AMEN