Certains gestes qui forgent une carrière, d’autres peuvent laisser un goût amer dans le vestiaire.
Quand Trevor Zegras s’est présenté devant les journalistes ce matin avec son sourire charmeur et ses mots tendres à l’égard de Cole Caulfield, c’est tout un pan de ce que le Canadien aurait pu être qui s’est effondré en silence.
Oui, Zegras et Caulfield sont des frères d’armes, des jumeaux de cœur, une alchimie née bien avant la LNH, bien avant les contrats et les agents.
Leur complicité aurait pu électrifier le Centre Bell. Et pourtant, elle s’épanouit maintenant à Philadelphie, loin de Montréal, loin du regard de Kent Hughes qui, une fois de plus, a préféré dire non au destin.
@rds.ca Trevor Zegras sait comment arrêter son bon ami Cole Caufield : « Il faut éviter la prolongation! » 😂 #zegras #caufield #nhl #LetsGoFlyers c. #GoHabsGo ♬ son original - RDS
On ne refera pas le passé, mais il faut en parler.
L’échange qui a envoyé Zegras aux Flyers n’a rien d’un blockbuster : Ryan Poehling, un choix de 2e ronde en 2025, un choix de 4e ronde en 2026.
C’est tout. Et ce n’est pas une blague. Kent Hughes avait l’espace sous le plafond.
Il avait les ressources. Il avait, surtout, l’obligation morale de donner à Caulfield ce qu’il attendait depuis toujours : jouer avec celui qui le connaît mieux que quiconque.
Mais non. À la place, il a offert des miettes, il a hésité, il a calculé. Et il a regardé passer le train.
Aujourd’hui, Zegras flambe à Philadelphie. Il joue 17 minutes 46 par match. Il est utilisé presque trois minutes en avantage numérique.
Ses deux dernières rencontres ? Plus de 20 minutes de temps de glace.
Et comme si le destin voulait en rajouter une couche, c’est lors de cette fameuse séquence du deuxième but des Flyers que la pilule est devenue encore plus difficile à avaler.
Un but magnifique, construit avec patience, flair et complicité… exactement ce qu’on espérait voir un jour entre Caulfield et un joueur qui parle le même langage créatif que lui. Mais non. Ce genre de magie, c’est maintenant ailleurs qu’on la voit.
L’étincelle est revenue. Il retrouve son jeu, sa magie. Il retrouve surtout ce qu’il cherchait : une équipe qui croit en lui comme moteur, comme pièce centrale.
Et qui retrouve-t-on à ses côtés sur le trio ? Christian Dvorak. Oui, ce même Dvorak que Montréal a fini par balayer discrètement.
Le même Dvorak qui, à défaut d’être spectaculaire, fait le sale boulot et permet à Zegras de briller.
Et pour pousser l’ironie encore plus loin, Zegras évolue aussi avec nul autre que Matvei Michkov.
Ce prodige russe que tout Montréal réclamait à grands cris en 2023. Celui que Kent Hughes a ignoré pour jeter son dévolu sur David Reinbacher, un défenseur dont personne ne parle aujourd’hui.
Michkov, Zegras, Caulfield : imaginez le chaos créatif que ce trio aurait pu semer.
Imaginez l’onde de choc, le buzz, les chandails vendus, les buts spectaculaires. On ne parle pas ici de nostalgie. On parle de vision. Et Kent Hughes l’a perdue.
Ce texte n’est pas une condamnation pure et simple. C’est un cri du cœur.
Parce que Caulfield mérite plus. Parce qu’il sourit encore, mais qu’on voit bien que son feu intérieur cherche un complice à sa hauteur.
Parce que l’occasion était là, sur un plateau. Et que Kent Hughes, aveuglé par ses propres plans, l’a laissée filer.
Il ne s’agit pas de refaire le monde. Il s’agit de le regarder en face et d’assumer. Il est peut-être trop tard pour réparer l’erreur, mais il n’est jamais trop tard pour s’excuser.
Quand Zegras parle de Caulfield, il n’a pas besoin d’en faire trop.
« C’est mon boy. On a toujours été connectés. Je veux le voir exploser », a-t-il lancé aujourd’hui aux médias, juste avant d’affronter le Canadien.
Ceux qui les ont vus évoluer ensemble au sein du programme national américain le savent : c’était une évidence.
Des passes aveugles, des jeux improvisés, une anticipation télépathique.
Sur la glace, ils n’avaient pas besoin de parler. Ils devinaient. Ils ressentaient. C’était du hockey d’instinct, de flair, de magie.
Ce n’est pas un rêve de partisans. C’est une réalité qu’on a tous observée pendant les championnats mondiaux junior, pendant les stages de développement de USA Hockey, et même lors de leurs premières années pros.
Zegras était l’architecte. Caulfield, le finisseur.
Et chaque fois qu’ils portaient le même chandail, les filets adverses tremblaient.
Et pourtant, Kent Hughes, à l’été 2025, a regardé tout ça et a dit : « Non merci. »
Pour une raison que lui seul connaît, il a laissé Daniel Brière remporter le gros lot pour une poignée de choix et un Poehling usé.
Aujourd’hui, Cole Caulfield est au sommet. Il marque à un rythme effréné, il fait vibrer le Centre Bell, il confirme enfin qu’il peut porter l’attaque du Canadien sur ses épaules.
Mais même dans cette ascension spectaculaire, il manque quelque chose.
Ce je-ne-sais-quoi qu’on appelle l’alchimie parfaite.
Un partenaire qui le comprend sans parler, qui devine ses intentions, qui élève son jeu encore plus haut. Ce lien-là, il l’avait déjà.
Ce duo méritait de se retrouver. Et Montréal était l’écrin rêvé pour rallumer cette magie.
Quand on repense à cette transaction, on comprend que les Ducks voulaient libérer de l’espace.
Ils venaient de mettre la main sur Chris Kreider. Zegras, lui, voulait jouer au centre.
Mais à Anaheim, il était coincé derrière Leo Carlsson et Mason McTavish.
Alors ils l’ont envoyé à Philadelphie, là où Daniel Brière rêvait de le transformer en pivot de son top six.
Et c’est exactement ce qu’il est devenu. Ce n’était pas un pari. C’était une évidence.
On pourrait s’arrêter là. Mais ce serait oublier un détail fondamental.
Trevor Zegras voulait jouer à Montréal. Il ne l’a jamais dit publiquement, par respect.
Mais les échos étaient clairs. Il aurait aimé être réuni avec Caulfield. Il aurait aimé évoluer dans un marché passionné, dans une ville qui vibre au rythme du hockey.
Il aurait aimé être entouré d’un noyau jeune, talentueux, prometteur. Mais on ne l’a pas appelé. On ne lui a rien proposé. On ne l’a pas inclus dans les plans. Et maintenant, il construit ailleurs ce que le Canadien aurait pu bâtir ici.
Le plus triste dans tout ça, c’est que ce n’est pas une question de budget, ni de plafond salarial.
C’est une question de vision. Une question de lecture humaine.
Et dans ce dossier-là, Kent Hughes a échoué. Il avait une chance en or d’offrir à son marqueur étoile la meilleure combinaison possible. Il a préféré croire en un plan plus lent, plus froid, plus distant. Et c’est peut-être là sa plus grande erreur.
Alors oui, Cole Caulfield méritait mieux. Pas seulement un meilleur trio.
Pas seulement un meilleur contrat. Il méritait qu’on croit en son lien avec un joueur qui le connaît par cœur. Il méritait qu’on ose bâtir quelque chose de spécial. Kent Hughes ne lui a pas offert cette chance.
Et ça, ça mérite des excuses.
AMEN
