Nathan MacKinnon, le joueur le plus intense de la LNH, ne peut plus le cacher : il est furieux.
Furieux contre le DG Chris MacFarland.
Furieux contre le président Joe Sakic. Furieux contre tout ce que l’Avalanche du Colorado est devenue. Pendant que le reste du monde est excité de la performance de Team Canada au Championnat du monde, les journalistes présents en Suède ont vite compris une chose : le regard de MacKinnon ne ment pas.
Il n’est pas ici par plaisir. Il est ici parce qu’il a, selon ses propres mots, “rien d’autre à faire”. Cinglant.
« C’est le mois de mai, j’ai rien de mieux à faire », a-t-il lancé, en répondant à la question qui le hantait depuis des jours.
Et quand on lui demande s’il est heureux de jouer en Suède?
« Oui, c’est plaisant. Mais c’est optionnel. La saison en LNH, c’est stressant. Ici, je m’amuse ». Un sourire forcé, puis le regard noir refait surface. Car sous ce vernis de politesse, une tempête gronde.
Cette tempête, elle a un nom. Mikko Rantanen.
Son grand ami. Son partenaire d’attaque. Celui avec qui il croyait gagner plusieurs Coupes Stanley. Celui qui a été échangé, sans même un adieu. Celui qui vient tout juste d’éliminer l’Avalanche avec deux tours du chapeau contre eux. Et ça, MacKinnon ne le digère pas.
Il l’a dit. Il l’a répété. Il l’a martelé.
« Je suis encore sous le choc », a-t-il confié après l’élimination contre Dallas. « On était en contrôle. Et Mikko a pris le dessus. Il a fait la différence. C’était brutal. »
Mais ce n’est pas seulement la trahison Rantanen. C’est l’accumulation. En 2022, l’Avalanche était au sommet. Une dynastie à naître.
Trois ans plus tard, une seule série gagnée. Un choix de première ronde et un espoir de premier plan brûlés pour 26 matchs de Brock Nelson. Calum Ritchie, un joyau, liquidé. Des transactions sans lendemain.
Et pendant ce temps, Sidney Crosby brille avec Team Canada.
Crosby, son idole. Crosby, son mentor. Crosby, qu’il voulait à Denver. Mais l’Avalanche n’a ni les moyens financiers, ni la volonté de le faire venir. Et ça, c’est la claque ultime.
Dans les coulisses, plusieurs affirment que MacKinnon aurait réclamé l’arrivée de Crosby. Mais le contrat de 8,7M$ du #87 est tout simplement trop lourd pour une équipe qui a le couteau sous la gorge au niveau de la masse salariale.
Pendant ce temps, à Montréal, le rêve Crosby s’organise. Danny Dubé l’a dit : Crosby au Colorado, c’est impossible.
Le respect envers Rantanen s’est évaporé. L’effet domino a fait mal.
« Il y a une fraternité entre superstars », disait Dubé. Et Crosby n’ira pas rejoindre une équipe qui vient de poignarder son coéquipier de la Coupe du monde.
Le CH, lui, a les atouts. De l’argent. Des choix. Des espoirs. Une ville mythique. Et Ivan Demidov qui attend un centre de génie. Si Crosby part, ce ne sera pas pour jouer les baby-sitters dans une Avalanche qui coule.
Et là vient la plus grande question. Et si MacKinnon lui-même demandait une transaction? Il est signé à 12,6M$ jusqu’en 2031. Mais les murmures montent. Il se sent trahi.
Lui qui voulait devenir le Crosby de Denver se retrouve coincé dans une équipe sans vision. Un DG qui fait des coups de poker et un président (Sakic) qui reste silencieux.
Un dirigeant de la LNH, sous couvert d’anonymat, aurait confié :
« S’ils s'effondrent encore, MacKinnon va exploser. Il va demander à partir. »
MacKinnon n’est pas juste fâché. Il est humilié.
« J’adore jouer ici. Mais je devrais être en séries », avoue-t-il.
Tout est dit.
Le rêve s’est transformé en naufrage. Et si le DG MacFarland ne redresse pas le navire rapidement, Nathan MacKinnon, le guerrier, l’obsessionnel, l’ultra-compétitif… pourrait faire l’impensable.
Demander à partir.
L’avenir s’assombrit à Denver. Voilà pourquoi MacKinnon urge ses dirigeants à aller chercher Crosby cet été.
Mais dans le désastre de l’Avalanche se cache une opportunité en or pour Kent Hughes et Jeff Gorton. Pendant que MacKinnon rêve de reformer son duo mythique, les dirigeants du CH peuvent doucement se glisser dans la course, armés d’une flexibilité salariale que le Colorado ne pourra jamais égaler.
Armés de deux choix de premier tour. D’un bassin d’espoirs profond. Et d’une ville où l’on traite les légendes avec respect.
Mais attention : les rumeurs vont bon train. À Vegas, à Los Angeles, on salive aussi à l’idée de ramener Crosby vers le soleil ou les projecteurs d’Hollywood. L’avantage de Montréal? L’émotion. L’héritage. L’Histoire avec un grand H.
Et maintenant, la réalité cinglante pour le Colorado : non seulement Crosby ne viendra pas, mais MacKinnon, lui, pourrait en avoir assez.
À 29 ans, avec un contrat à 12,6 millions jusqu’en 2031, il a donné assez. Il a souffert assez. Trois années de suite à regarder la Coupe s’éloigner. Il le sent : sa fenêtre de domination se referme.
Et s’il n’obtient pas satisfaction, que restera-t-il? La menace ultime. Le geste que personne n’ose encore prononcer à haute voix, mais qui flotte dans l’air comme une odeur de brûlé : une demande de transaction de Nathan MacKinnon.
Crosby pourrait-il alors le rejoindre à Montréal plutôt qu’à Denver? Ce serait l’ultime retournement de situation. Mais une chose est claire : Kent Hughes doit agir vite. La météo émotionnelle de la LNH est instable, et un ouragan nommé Nate se prépare dans les coulisses. Il est furieux. Il est déçu. Et il veut sa revanche.
Une revanche... qui passe par Sidney Crosby...