Martin St-Louis se couche devant Patrik Laine après avoir joué au dur.
Après avoir tenté de se montrer inflexible, après avoir fait son "tough", après avoir répondu froidement aux médias en disant « Si tu en joues 11, prouve-moi que tu devrais en jouer plus », voilà que Martin St-Louis a fini par se coucher devant Patrik Laine.
Dans un revirement pour le moins ironique, le coach du Canadien a finalement cédé, remettant Laine sur le deuxième trio avec Kirby Dach et Alex Newhook.
Lui qui voulait montrer son autorité, lui qui refusait catégoriquement de donner à Laine ce qu’il voulait, finit par lui offrir exactement ce qu’il demandait.
Pourquoi avoir joué au dur, pourquoi avoir tenu tête aux journalistes si c’était pour faire exactement le contraire quelques jours plus tard?
Un coach qui se contredit lui-même.
Si St-Louis voulait faire passer un message en ignorant totalement les performances de Laine au tournoi des 4 Nations, il vient de complètement saper son propre autorité.
Il avait l’occasion d’envoyer un message clair : ce n’est pas ce que tu fais ailleurs qui compte, c’est ce que tu fais avec nous.
Mais non. Il a reculé.
Il aurait simplement dû écouter son joueur dès le départ au lieu d’en faire une affaire d’ego. Maintenant, non seulement il revient sur sa décision, mais il prouve aussi que Laine avait raison de passer son message par les médias.
Deux poids, deux mesures.
Pendant ce temps-là, les médias continuent de matraquer Laine. Pourtant, il n’a pas été mauvais en Finlande. Il a terminé le tournoi avec 3 points en 3 matchs, et son entraîneur finlandais l’a publiquement défendu.
Mais ici, on ne lui pardonne rien. On continue de lui tomber dessus.
Pendant ce temps, Samuel Montembeault est glorifié pour avoir remporté une médaille d’or… en ne jouant pas une seule seconde.
On parle de son expérience, de sa présence dans le vestiaire, comme si cela valait autant qu’un vrai rôle sur la glace.
Patrik Laine, lui, a réellement joué, mais on préfère minimiser ses performances.
Et malgré tout, Laine n’a même pas l’air satisfait.
Oui, il est de retour dans le top 6, mais ce n’est pas avec Kirby Dach et Alex Newhook qu’il voulait jouer. Il voulait être avec Nick Suzuki et Cole Caufield.
Il sait qu’il joue mieux avec des joueurs qui pensent le jeu comme lui. Il sait qu’avec Suzuki et Caufield, il aurait de meilleures chances d’être productif. Mais St-Louis refuse de lui donner cette opportunité.
La prochaine fois, St-Louis y repensera
Au final, le coach du Canadien a perdu cette bataille. Il a tenté de montrer qu’il était en contrôle, mais il a fini par plier.
La prochaine fois qu’il voudra faire son dur, il y pensera peut-être à deux fois. Car Laine, malgré toutes les critiques, a obtenu exactement ce qu’il voulait.
La question à un million de dollars : St-Louis a-t-il vraiment décidé seul?
Car après avoir publiquement détruit Patrik Laine devant les médias, après avoir répété qu’il devait lui prouver qu’il méritait plus de temps de glace, il est difficile de croire que St-Louis a changé d’avis par lui-même.
« Mon but, ce n’est pas de faire jouer quelqu’un un certain nombre de minutes, c’est de me pousser à en donner plus. »
Ce sont ses propres paroles, et elles ne datent pas de la semaine dernière, mais de quelques jours à peine.
Alors qu’est-ce qui s’est passé en coulisses?
Est-ce que Kent Hughes ou Jeff Gorton sont descendus lui parler?
Est-ce que la direction du Canadien a forcé la main de St-Louis?
Parce que dans la logique des choses, après avoir pris une position aussi ferme, après avoir clairement montré qu’il ne voulait pas donner plus de responsabilités à Laine, il est étrange de le voir reculer aussi vite et replacer le Finlandais sur le deuxième trio.
Un message venu d’en haut?
Depuis le début de cette saga, Kent Hughes est resté étrangement silencieux. Mais lui et Jeff Gorton savent une chose : la valeur de Patrik Laine est au plus bas.
S’ils veulent le transiger, s’ils veulent récupérer quoi que ce soit dans un échange, ils doivent le remettre dans une position où il peut être productif.
Et ce n’est pas sur un quatrième trio ou avec 11 minutes de jeu que cela va arriver.
Alors est-ce que St-Louis a reçu des directives claires de la haute direction?
On sait que Hughes n’a jamais eu peur de s’impliquer dans les décisions du personnel d’entraîneurs. On sait aussi que les propriétaires ne veulent pas que leur investissement se détériore.
Serait-ce un ordre venant directement de Geoff Molson?
L’histoire ne le dira jamais officiellement, mais une chose est sûre : ce n’est pas le style de St-Louis de faire volte-face aussi rapidement.
Le problème, c’est que cette décision met en péril l’autorité de St-Louis.
Après avoir joué au dur, après avoir martelé que le temps de glace de Laine devait se mériter, il vient de donner exactement ce que Laine voulait.
Alors la prochaine fois qu’un joueur voudra contester son rôle dans l’équipe, que se passera-t-il?
Parce qu’on le sait : St-Louis déteste que ses joueurs passent des messages par les médias. Et pourtant, c’est exactement ce que Laine a fait.
Et ça a fonctionné.
Au final, ce n’est pas seulement Laine qui a gagné. C’est aussi un signal envoyé aux autres joueurs : si vous voulez plus de responsabilités, passez votre message publiquement, et peut-être que vous les aurez.
Martin St-Louis ne sort pas grandi de cette situation.
Et maintenant, la seule question qui reste est : pendant combien de temps va-t-il tolérer ce qu’il considère comme un affront?