Commotion à Montréal: Martin St-Louis a perdu patience avec Patrick Roy

Commotion à Montréal: Martin St-Louis a perdu patience avec Patrick Roy

Par David Garel le 2025-03-19

Le match de jeudi entre le Canadien de Montréal et les Islanders de New York est bien plus qu’un simple affrontement dans la lutte pour une place en séries éliminatoires.

Il oppose deux entraîneurs que tout semble séparer, mais qui sont en réalité liés par une rivalité non dite, une guerre d’égo qui brûle depuis des années.

Dès son arrivée en poste, Martin St-Louis a été confronté à une pression gigantesque, un marché de hockey comme Montréal où chaque décision est scrutée à la loupe.

Pourtant, parmi toutes les critiques qu’il a dû encaisser, il y en a une qui lui est restée en travers de la gorge : l’ombre de Patrick Roy.

Pendant des mois, il a dû entendre son nom être comparé à celui de Roy. Dès son embauche, le choix de ne pas rappeler Roy avait été critiqué par plusieurs figures médiatiques, notamment Michel Bergeron, qui ne s’est jamais gêné pour remettre en question le style de St-Louis.

Trop soft. Pas assez d’expérience. Trop gentil avec ses joueurs. À l’inverse, Roy représentait tout ce que certains analystes estimaient nécessaire pour le Canadien : un coach avec une autorité maximale, une présence charismatique, une légende du hockey québécois.

Jean-Charles Lajoie, lui, est allé encore plus loin. Avant Noël, alors que le CH connaissait une séquence difficile, il a tout simplement annoncé en direct que Martin St-Louis allait démissionner. 

Selon lui, la pression était trop forte, St-Louis était à bout de nerfs et sur le point de jeter l’éponge. Il faut imaginer l’impact qu’une déclaration aussi fracassante peut avoir dans un marché comme Montréal.

 Chaque jour, chaque émission, chaque texte revenait sur cette prédiction. La conclusion était toujours la même : Martin St-Louis allait partir et Patrick Roy allait prendre sa place.

À ce moment-là, St-Louis ne pouvait plus entendre ce nom. Il le voyait circuler partout : les fans le réclamaient, les médias en parlaient comme si c’était déjà un fait accompli. 

Ce n’est donc pas un hasard si le département des communications du Canadien a fait tout son possible pour éviter que Roy ne devienne un sujet de conversation avec St-Louis. Lorsque Patrick a été engagé à Long Island, on ne voulait pas que les journalistes lui posent des questions sur Patrick Roy.

Pourquoi? Parce que la direction savait que St-Louis en avait assez.

Assez d’entendre qu’il n’était pas le bon choix.

Assez d’entendre qu’il allait échouer.

Assez d’entendre que Roy aurait dû être à sa place.

À chaque point de presse, à chaque entrevue, il devait prouver qu’il était à la hauteur. Il savait que la moindre erreur serait comparée à ce que Roy aurait fait à sa place. Et c’est probablement à ce moment-là que Martin St-Louis a juré qu’il aurait le dernier mot.

Et ce match contre Patrick Roy, il ne l’avouera jamais, mais c’est son match à lui. Un match où il veut régler ses comptes avec l’histoire.

D’un côté, Martin St-Louis, l’entraîneur qui a surpris tout le monde en faisant du CH une équipe compétitive malgré des attentes modestes.

De l’autre, Patrick Roy, la légende vivante, l’homme dont le nom a été crié haut et fort par les partisans lorsqu’est venu le temps d’embaucher un nouvel entraîneur-chef à Montréal.

Il y a une tension sourde entre ces deux figures du hockey québécois. St-Louis et Roy ne l’admettront jamais publiquement, mais tout laisse croire que l’un veut prouver qu’il est supérieur à l’autre.

Et ce jeudi, ils auront l’occasion de le faire sur la glace, dans un duel où la saison de leurs équipes respectives pourrait basculer.

Le parcours de Martin St-Louis est celui d’un combattant. Sous-estimé toute sa carrière, il est passé de joueur non repêché à membre du Temple de la renommée, remportant une Coupe Stanley avec le Lightning de Tampa Bay.

Son ascension en tant qu’entraîneur n’a pas été plus facile. Quand il a été nommé derrière le banc du Canadien en février 2022, plusieurs doutaient de ses capacités.

L’absence d’expérience professionnelle, son approche basée sur l’instinct et non sur la rigueur tactique traditionnelle, et surtout, le fait que son embauche ait été perçue comme improvisée par certains, ont alimenté les critiques. Il devait prouver qu’il était capable de diriger une équipe dans la LNH.

Patrick Roy, lui, est un monstre sacré. Quatre Coupes Stanley, trois trophées Conn Smythe, une carrière de coach enflammée dans la LHJMQ et un passage contrasté avec l’Avalanche du Colorado. Son nom a toujours été synonyme d’intensité et d’émotion brute.

Quand le Canadien a cherché un nouvel entraîneur en 2022, Roy était vu par plusieurs comme le candidat idéal. Son leadership naturel, sa connaissance du marché québécois, son expérience derrière un banc, tout semblait indiquer qu’il était le choix logique. Mais le CH ne l’a jamais appelé.

C’est Martin St-Louis qui a eu le poste. Et depuis, il n’a jamais cherché à mentionner Roy, à lui rendre hommage ou même à reconnaître son influence.

Il y a une ironie cruelle dans le fait que Martin St-Louis et Patrick Roy se retrouvent aujourd’hui face à face, dans un match crucial pour leur avenir respectif.

L’histoire a été écrite ainsi : St-Louis n’a jamais été un grand admirateur de Patrick Roy.

Quand on lui a demandé cette saison qui était le plus grand gardien de tous les temps, il a répondu Martin Brodeur. Pas un mot sur Roy. Un oubli? Impossible. St-Louis sait ce qu’il fait.

Il en avait tout simplement assez de devoir constamment se battre pour sa propre reconnaissance, comme si la comparaison éternelle entre lui et Roy lui pesait plus que jamais.

Voilà pourquoi le CH s’était arrangé pour que les journalistes ne posent pas trop de questions sur Patrick Roy.

Parce que tout le monde savait que Roy était le choix préféré de plusieurs analystes et partisans. 

St-Louis n’a jamais eu envie d’alimenter cette comparaison. Comme s’il refusait de reconnaître l’ombre qui plane sur lui depuis son arrivée en poste.

Comme s’il voulait tracer son propre chemin sans avoir à rendre hommage à celui qui aurait pu être là à sa place.

Le match de jeudi est d’une importance capitale.

Le Canadien et les Islanders se battent pour une place en séries. Une victoire permettrait au CH de prendre une avance de cinq points sur New York. Une défaite serrerait l’écart à un seul petit point.

Pour Patrick Roy, ce duel est une bataille de survie. Il est arrivé en cours de saison, a hérité d’une équipe vieillissante et limitée, et tente de tirer le maximum d’un effectif qui manque cruellement de profondeur.

De son côté, St-Louis dirige un groupe jeune, explosif et en pleine progression. Il incarne l’espoir et l’avenir du hockey à Montréal. Mais il doit prouver qu’il peut amener cette équipe en séries.

Si le CH échoue, la pression va monter, et les doutes sur sa capacité à être un entraîneur de premier plan vont revenir.

St-Louis doit gagner.

Roy veut gagner.

Et ce duel tant attendu va être une véritable guerre.

Peu importe l’issue de ce match, une chose est certaine : la rivalité entre Martin St-Louis et Patrick Roy ne s’arrêtera pas là.

Ils sont deux hommes de caractère, deux leaders, deux légendes à leur façon.

Ils ont deux visions du hockey, deux styles complètement opposés.

Et pourtant, leur destin semble inévitablement lié.

Jeudi, ils joueront pour plus qu’une simple victoire.

Ils joueront pour l’honneur. Pour la reconnaissance. Pour l’avenir.

Et dans cette rivalité cachée, il n’y aura qu’un seul vainqueur.