Commotion à New York: Patrick Roy a tout perdu

Commotion à New York: Patrick Roy a tout perdu

Par David Garel le 2025-03-05

Patrick Roy a-t-il perdu son feu sacré?

Patrick Roy, l’homme de caractère, le guerrier inflexible qui ne recule devant rien, s’est-il finalement incliné devant l’autorité de Lou Lamoriello?

C’est la question qui brûle les lèvres de tous ceux qui ont suivi l’intense rivalité qui oppose depuis des mois le bouillant entraîneur des Islanders et son inflexible directeur général.

Le moment était pourtant venu pour Roy de monter au front, d’envoyer un message clair à son vestiaire et à ses partisans.

Alors que Brock Nelson, l’un des piliers de son équipe, disputait peut-être son dernier match avec les Islanders dans une victoire cruciale de 3-2, tous les regards étaient tournés vers Roy. Il avait une occasion en or de démontrer qu’il était LE leader de cette équipe, qu’il refusait de voir son vestiaire être démantelé en pleine course aux séries.

Et pourtant…

Lorsque les journalistes lui ont demandé si Nelson venait de jouer son dernier match à New York, Roy a simplement répondu « Business is business. »

Un silence pesant. Un contraste frappant avec le Patrick Roy que l’on connaît.

Où est passé ce coach prêt à tout pour ses joueurs? Où est l’homme qui, il y a quelques semaines à peine, avait pris la défense de Jake Evans avec une telle intensité que Kent Hughes a fini par lui offrir une prolongation de contrat au lieu de l’échanger?

Où est le compétiteur acharné qui ne tolérait pas qu’un dirigeant vienne perturber son vestiaire en plein cœur de la saison?

Le vrai boss, c’est encore Lou Lamoriello

Roy s’est-il résigné? A-t-il compris qu’il ne peut pas faire plier Lou Lamoriello, ce dinosaure du hockey, ce maître absolu des décisions à Long Island?

Car si Roy a beaucoup de pouvoir derrière le banc, la réalité, c’est que c’est encore Lamoriello qui dicte les règles.

Depuis des mois, la relation entre les deux hommes est sur un fil de fer. Roy a constamment défié Lamoriello, refusant d’admettre que cette équipe vieillissante ne pouvait pas rivaliser.

Il a martelé encore et encore que les Islanders avaient tout ce qu’il fallait pour faire les séries. Il a tenu tête à son DG, s’opposant aux rumeurs de reconstruction.

Mais hier soir, tout a changé.

Son attitude passive, sa réponse résignée, son manque d’émotion trahissaient un homme qui venait peut-être d’accepter l’inévitable : à la fin de la journée, c’est toujours Lou Lamoriello qui décide.

Le contraste est frappant avec ce que l’on a vu cette saison. Lorsqu’il s’agissait de défendre Jake Evans, Roy avait explosé. Il avait lancé un message clair à Kent Hughes : Evans fait partie de mon équipe, et je refuse de le voir partir. Hughes avait fini par plier, lui accordant une prolongation de contrat.

Mais contre Lamoriello? Rien. Pas un mot fort, pas une prise de position tranchante. Juste un fade « Business is business. »

Roy n’a-t-il plus de carte à jouer?

Ceux qui pensaient que Roy allait dominer la dynamique interne des Islanders se trompaient peut-être. Depuis son arrivée, il a tenté d’imposer son autorité, de s’affirmer comme l’homme fort du vestiaire, mais il se heurte à un Lamoriello impassible, inflexible, intransigeant.

Pire encore, on voit que Lamoriello ne partage pas du tout la vision de Roy. Alors que ce dernier veut absolument se battre pour une place en séries et garder ses vétérans, Lamoriello, lui, voit l’opportunité de vendre et de rebâtir.

Il l’a prouvé avec Brock Nelson. Il veut échanger l’un des joueurs les plus respectés du vestiaire, alors que les Islanders ne sont qu’à quelques points d’une place en séries. C’est un message extrêmement clair : Lamoriello ne croit plus en cette équipe.

Et Roy, dans tout ça?

Il regarde, impuissant.

Le guerrier inflexible qu’on croyait prêt à mourir sur le champ de bataille semble soudainement accepter son sort. Il sait très bien que s’il ose défier ouvertement Lamoriello, il pourrait lui-même être éjecté à la fin de la saison.

Le pion, ce n’est pas Nelson. C’est Roy.

L’ironie, c’est que pendant des années, Patrick Roy a été l’homme fort. Il ne prenait jamais d’ordres de personne. Il était celui qui dictait les termes de l’engagement, qui imposait sa vision et son autorité. Mais aujourd’hui, il se retrouve dans la position inconfortable d’un pion sur l’échiquier de Lou Lamoriello.

L’échange de Brock Nelson semble imminent. La reconstruction de Lamoriello semble déjà en marche. Et Patrick Roy, au lieu de s’opposer comme il l’a fait toute sa vie, s’est contenté d’un « Business is business. »

Un constat brutal s’impose : Patrick Roy n’est pas encore le vrai patron des Islanders.

Il veut l’être. Il rêve de l’être. Mais pour l’instant, il n’est qu’un soldat sous les ordres d’un général qui ne fléchira jamais.

La vraie question maintenant : combien de temps Roy acceptera-t-il ce rôle avant d’exploser?

Pendant que "Casseau" se retrouve coincé dans une guerre de pouvoir avec un directeur général qui ne l’écoute pas, Martin St-Louis est, lui, en parfaite symbiose avec Kent Hughes.

Et cette harmonie pourrait bien le mener vers le trophée Jack Adams si le Canadien réussit à se frayer un chemin vers les séries éliminatoires.

Ce qui distingue le CH des Islanders, c’est simple : une vision claire, une équipe à l'avenir radieux et une organisation qui fonctionne dans la même direction.

Kent Hughes a bâti une équipe jeune et dynamique, en pensant à long terme, et il a offert à St-Louis une marge de manœuvre totale pour instaurer sa culture, son système, son identité. 

Aucun conflit entre la direction et le banc. Aucune guerre intestine. Seulement un plan bien exécuté.

C’est là que tout devient cruel pour Patrick Roy. Lui qui a toujours eu l’ambition de diriger un club où il aurait les pleins pouvoirs, il se retrouve coincé sous l’emprise d’un Lamoriello qui ne voit pas plus loin que sa propre volonté.

Pendant ce temps, Martin St-Louis dirige avec l’aval total de son directeur général, sans être constamment contredit ou mis dans une situation inconfortable.

D’un côté, une organisation structurée et tournée vers l’avenir, où l’entraîneur et le DG fonctionnent main dans la main, bâtissant un projet solide pour les prochaines années.

De l’autre, une équipe en fin de cycle, avec un DG figé dans le passé qui ne prend aucunement en compte l’avis de son entraîneur.

Si le CH atteint les séries, Martin St-Louis deviendra un candidat naturel pour le trophée Jack Adams. On parle d’une équipe qui, sur papier, ne devrait pas encore être dans la discussion des séries, mais qui défie les attentes grâce à un travail colossal derrière le banc.

Le Canadien a un avenir. Les Islanders, eux, n’ont rien.

Le CH sera bon pendant longtemps avec des jeunes comme Nick Suzuki, Cole Caufield, Juraj Slafkovsky, Lane Hutson et Ivan Demidov qui vont dominer la LNH dans les prochaines années. 

Patrick Roy, lui, doit diriger une équipe en perdition, sans relève et en conflit permanent avec son directeur général.

On le sait : Roy déteste perdre. Roy déteste ne pas avoir le contrôle. Il bouille à l’intérieur. Il voit son rêve de diriger une équipe compétitive s’effondrer sous ses yeux.

Il voulait dominer la LNH, il voulait construire quelque chose de grand à New York. Mais au final, il est à la merci d’un directeur général passé date qui ne veut pas l'impliquer dans aucune décision.

Pendant ce temps, Martin St-Louis prospère. Il a une direction qui le soutient, une équipe qui croit en lui et un avenir doré devant lui.

Lequel des deux entraîneurs dort mieux la nuit en ce moment? Poser la question, c'est y répondre.