Commotion à Toronto: leur gardien impliqué dans un bain de sang

Commotion à Toronto: leur gardien impliqué dans un bain de sang

Par Marc-André Dubois le 2025-04-16

C’est une déclaration qui a fait frémir tout le monde du hockey canadien, et qui risque de laisser des traces bien au-delà de la glace.

Alors que les Maple Leafs de Toronto viennent tout juste de confirmer leur conquête du premier rang dans la section Atlantique, leur gardien Anthony Stolarz a lancé une bombe verbale d’une rare violence en évoquant la série à venir contre les Sénateurs d’Ottawa :

« Ce sera un bain de sang, une sorte de guerre », a-t-il prédit sans détour.

Dans un climat de rivalité déjà féroce entre Toronto et Ottawa, cette déclaration incendiaire a résonné comme un véritable appel au chaos.

Ce qui devait être une série éliminatoire intense s’est soudainement transformé en une source d’inquiétude nationale.

Les médias d’Ottawa sont en état de choc. Et on les comprend. Parce qu’un gardien de but — censé incarner le calme, la sérénité et la retenue dans un match souvent chaotique — vient littéralement de jeter de l’huile sur le feu en banalisant la violence.

Ce n’est pas simplement une mauvaise tournure de phrase. Ce n’est pas une maladresse anodine. C’est une déclaration lourde de symboles et de conséquences.

Dans un sport où les commotions cérébrales ruinent des carrières, où les coups à la tête sont encore trop nombreux, et où la LNH tente péniblement de redorer son image auprès des jeunes et des familles, entendre un joueur parler de « bain de sang » est profondément troublant.

Qu’un pugiliste mal encadré ou un ancien bagarreur lâche une phrase du genre dans un moment d’excitation est déjà préoccupant.

Mais que ce soit un gardien de but — censé être la voix posée de l’équipe, celui qui protège et qui observe, celui qui tempère — c’est carrément irresponsable.

Et ce qui rend tout cela encore plus grave, c’est l’absence de condamnation immédiate de la part de l’organisation des Maple Leafs.

Pas un mot de Brendan Shanahan. Silence radio de Craig BErube. Ni excuses, ni rectifications, ni mise en contexte du DG Brad Treliving.

On laisse Stolarz vendre la série comme une boucherie à venir. Et les fans, eux, absorbent ce discours violent comme s’il s’agissait d’un simple slogan promotionnel.

À Ottawa, la réaction ne s’est pas fait attendre. Les chroniqueurs, les anciens joueurs et les partisans sont outrés.

Certains parlent de provocation gratuite. D’autres rappellent qu’en période éliminatoire, le moindre mot peut devenir un carburant pour la haine. Il suffit de regarder les séries passées — les incidents entre les Bruins et le CH, les coups salauds entre les Flames et les Oilers — pour se souvenir que le feu peut rapidement se transformer en incendie.

Sur les ondes de la radio TSN1200, plusieurs animateurs ont dénoncé avec virulence la déclaration de Stolarz, qualifiant ses propos de « dérapage grave », voire de « mise en danger potentielle de l’intégrité physique des joueurs ».

L’ancien défenseur Chris Phillips, maintenant très impliqué dans la communauté sportive d’Ottawa, s’est dit « atterré » par les propos du gardien torontois, rappelant que « les enfants aussi regardent et entendent ce qui se dit. »

Le moment choisi pour cette déclaration est particulièrement inquiétant. À quelques jours d’un affrontement extrêmement attendu, alors que les tensions naturelles entre deux marchés ontariens rivaux sont déjà à leur comble, Stolarz vient d’allumer la mèche.

Et dans un contexte où la LNH fait l’objet de multiples critiques pour sa gestion douteuse de la violence sur la glace, on ne pouvait pas rêver pire comme déclaration publique.

Gary Bettman, toujours lent à réagir sur les questions sensibles, n’a pour l’instant rien dit. Mais dans les coulisses, on raconte que le bureau de la ligue est « extrêmement mal à l’aise » avec la tournure que prennent les choses.

Plusieurs experts des communications sportives, dont certains consultants pour les équipes de la ligue, affirment déjà que les relations publiques des Maple Leafs ont commis une erreur monumentale en laissant passer cette citation sans la corriger ou la désamorcer.

Car ce n’est pas qu’un simple commentaire. C’est aussi un précédent. Et un dangereux précédent. Que fera la LNH si un joueur des Sénateurs est blessé sérieusement lors du match numéro un?

Que dira-t-on si une mise en échec dévastatrice fait les manchettes le lendemain? On ressortira les paroles de Stolarz. Et elles résonneront comme une prédiction toxique. 

Et ce n’est pas anodin non plus que cette déclaration soit prononcée par un joueur américain, dans le contexte hyper nationaliste d’un affrontement Ontario vs Ontario, Canada vs Canada.

Il y a là une sensibilité politique à ne pas ignorer. Déjà, certains partisans d’Ottawa se disent prêts à boycotter les commanditaires des Leafs si la série dégénère.

Ce qui est peut-être le plus malaisant, c’est que Stolarz a toutes les raisons d’être confiant. Il est sur une lancée spectaculaire.

Huit victoires de suite. Trois blanchissages en quatre matchs. Il joue du hockey d’élite. Alors pourquoi tomber dans l’excès verbal? Pourquoi assombrir son propre momentum avec des propos aussi irresponsables?

Certains observateurs se demandent si cette sortie ne cache pas une fébrilité plus profonde. Une nervosité mal gérée.

Un besoin de projeter une image de dureté pour compenser une pression interne. Car n’oublions pas que Stolarz ne part pas avec le même capital de sympathie qu’un gardien de premier plan. Il doit prouver qu’il peut être « le gars » en séries. Et parfois, cela mène à des excès.

Mais dans cette ligue, les excès ont des conséquences. Et cette déclaration pourrait bien revenir le hanter.

Ce que Stolarz a dit, ce n’est pas juste une provocation. C’est une ligne rouge franchie. Une parole qui incite à la violence.

Une déclaration qui devrait être condamnée par tous les dirigeants responsables du hockey, à commencer par son propre entraîneur et ses coéquipiers.

Parce que dans le feu des séries, les mots deviennent des actes. Et les actes, parfois, laissent des séquelles irréversibles.

La bataille de l’Ontario ne devrait jamais être un bain de sang.

Mais à cause d’un gardien qui a voulu jouer au dur, elle pourrait bien devenir exactement cela. Et le pire dans tout ça? C’est que la LNH regarde ailleurs. Encore une fois.