Il aura suffi d’un nom pour déclencher une commotion médiatique à travers le pays : Ivan Demidov.
Le prodige russe n’a même pas encore disputé un seul match avec le Canadien de Montréal que déjà, les émotions débordent de partout, et les lignes de bataille se tracent non seulement sur la glace, mais aussi dans les studios de télévision et les tribunes médiatiques.
La dernière flèche? Elle vient de Darren Dreger, l’un des journalistes les plus en vue de TSN, et elle frappe droit au cœur des partisans montréalais.
Selon lui, la folie entourant l’arrivée de Demidov à Montréal est ridicule, voire carrément gênante.
« Les partisans du Canadien doivent se calmer. C’est fou à quel point ils s’emballent pour un joueur qui n’a même pas encore disputé un match. On dirait des groupies », a lancé Dreger, visiblement agacé.
Des groupies. Voilà comment un vétéran du paysage médiatique canadien qualifie l’attitude des amateurs de hockey les plus passionnés au pays.
Des fans qui rêvent depuis des décennies d’un sauveur, d’un joueur électrisant, d’un jeune phénomène capable de faire basculer une saison entière d’un coup de patin. Et aujourd’hui, au lieu de reconnaître cette passion, on leur crache au visage.
Ce n’est pas une critique, c’est une attaque. Dreger ne s’est pas contenté de calmer les ardeurs. Il a dénigré une ville entière, une base de fans parmi les plus loyales et ferventes du monde du sport. Selon lui, l’arrivée de Demidov crée une distraction malsaine pour l’équipe.
« Martin St-Louis essaie de garder ses joueurs concentrés. Il veut qualifier son équipe pour les séries. Et pendant ce temps-là, toute la ville ne parle que d’un joueur qui n’a pas encore mis les pieds sur la glace. C’est un cauchemar pour lui. »
Un cauchemar.
Darren Dreger, en ondes nationales, a affirmé que Martin St-Louis vivait l’arrivée de Demidov comme un véritable cauchemar, un fardeau psychologique, un obstacle à la mission de l’équipe. Rien de moins.
« St-Louis se tire par les cheveux. Il est furieux. Ce cirque autour de Demidov le rend complètement fou », a-t-il ajouté, catégoriquement.
Ce que Dreger oublie de dire, c’est que ce “cirque” n’est pas une invention des fans. Ce sont les médias nationaux, dont TSN, qui en font des segments entiers.
Ce sont les caméras qui suivent Demidov à l’aéroport, les bulletins de nouvelles qui comptent les secondes jusqu’à son arrivée, les analystes qui débattent de son numéro de chandail comme si c’était une crise constitutionnelle.
Et pendant ce temps, ce sont les partisans qu’on blâme.
Dreger ne fait pas que critiquer l’enthousiasme. Il incarne la vieille garde du hockey canadien, celle qui a toujours regardé d’un mauvais œil tout ce qui sort du cadre : les jeunes trop confiants, les Européens talentueux, les partisans trop émotifs, le marketing audacieux. Pour lui, Demidov est une menace pour le monde du hockey traditionnel...beige...inodore...incolore...
Mais ce n’est pas Demidov le problème. Ce sont les attentes d’un public qui en a assez des saisons sans lendemain.
Un public qui veut rêver, vibrer, croire en quelque chose de nouveau. Et Ivan Demidov est ce quelque chose de nouveau.
À Montréal, on n’attend pas un miracle, on veut juste de la magie, un peu d’électricité dans une Ligue nationale souvent ennuyeuse, verrouillée, conservatrice.
Martin St-Louis sous pression?
Le plus troublant, c’est que Dreger n’invente peut-être pas tout. Il est tout à fait possible que Martin St-Louis ressente une colère certaine. Il refuse systématiquement de parler de Demidov. Il évite les questions. Il coupe la parole aux journalistes.
« J’ai pas encore vu le gars patiner, on verra quand il sera là », a-t-il répété cette semaine, agacé.
St-Louis est un entraîneur intense. Il a bâti un groupe soudé, une culture de travail. Et oui, il redoute sans doute le choc que pourrait provoquer l’arrivée d’un phénomène médiatique comme Demidov dans un vestiaire en pleine course aux séries. Mais de là à parler de cauchemar?
C’est une déformation de la réalité. Et surtout, c’est un manque de respect pour Demidov, un jeune homme de 19 ans qui débarque dans un monde nouveau avec humilité, professionnalisme et une éthique de travail irréprochable.
Ce que Dreger et d’autres comme lui ne comprennent pas, c’est que le hockey est en pleine transformation. Le marketing, l’image, la connexion avec les fans – tout ça fait désormais partie du jeu. Ivan Demidov n’est pas une distraction, il est une opportunité.
Il attire des foules, des clics, des nouveaux partisans. Il fait vendre des billets, des chandails, de l’espoir.
À Toronto, à New York, à Los Angeles, les jeunes étoiles sont propulsées sous les projecteurs dès leur arrivée. Connor Bedard était à peine sorti de l’aéroport qu’il avait déjà sa pub Gatorade. Mais à Montréal, on voudrait que Demidov attende patiemment, en silence, dans l’ombre.
Non.
Le problème n’est pas Ivan Demidov. Le problème, c’est l’hypocrisie d’un vieux système médiatique qui craint le changement, qui se méfie de la passion, et qui dégueule sur les partisans au lieu de les écouter.
Le Canadien de Montréal a un joyau entre les mains. Et au lieu de le célébrer, des figures comme Darren Dreger préfèrent jouer les gardiens du temple, ceux qui décident comment, quand, et avec quelle intensité il est permis d’aimer ce sport.
Trop tard.
Le feu est pris à Montréal. Et ce feu s’appelle Ivan Demidov.
Mais au fond, la sortie de Darren Dreger en dit bien plus sur lui que sur les partisans du Canadien.
Parce que si Ivan Demidov débarquait à Toronto, si les Maple Leafs avaient mis la main sur un prodige russe aussi électrisant, Dreger serait le premier à faire le pied de grue à l’aréna.
Il serait là, à décrire chaque mouvement de patin, chaque sourire à l’entraînement, chaque lancer en échauffement comme si c’était un évènement royal. Il nous aurait même raconté ce que Demidov a mangé pour déjeuner.
C’est toujours la même chose. Quand ça se passe à Montréal, c’est "trop intense". Mais quand c’est à Toronto, c’est de la "grande couverture journalistique".
Encore un journaliste canadien-ontarien qui crache sur l’enthousiasme québécois parce qu’il ne le comprend pas. Ou pire : parce qu’il le craint.
Pendant que TSN nous pond des segments complets sur les ongles d’Auston Matthews ou sur la coupe de cheveux de Mitch Marner, les fans du CH, eux, ont le droit de rêver.
Et de le faire avec fierté et passion. Si ça dérange Darren Dreger, il peut simplement se taire. Ce n’est pas lui qu’on écoute de toute façon.
Parce qu’à Montréal, on aime notre hockey. Pendant qure Darren Dreger...est...passé date...