La honte commence à s’installer dans les bureaux des Blackhawks de Chicago. Et elle porte un nom : Kent Hughes.
Lorsque Davidson et Hughes ont entamé leur reconstruction respectivement à Chicago et à Montréal, plusieurs analystes ont salué la lucidité des deux hommes.
Deux projets, deux visions, deux promesses de renaissance. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de comparaison possible. L’un est en train de bâtir un véritable aspirant aux grands honneurs. L’autre est coincé dans les bas-fonds du classement, dans une "furie" de décisions louche et de développement douteux.
Kyle Davidson est en retard. Et tout le monde le sait.
Les journalistes de Chicago commencent à réclamer sa tête. La grogne monte dans les gradins. La reconstruction devait prendre du temps, certes, mais elle devait surtout avoir une direction claire, une progression visible, un ADN fort. Aujourd’hui, le seul fil conducteur chez les Blackhawks, c’est le flou.
Pendant que Kent Hughes enflamme Montréal avec une offensive jeune, spectaculaire, encadrée, et une vision à long terme qui commence à porter ses fruits (Demidov, Slafkovsky, Hutson et compagnie), Davidson patauge.
Malgré 21 sélections dans les trois premiers tours depuis 2022, l’organisation n’a toujours aucun noyau solide clairement défini.
Sur papier, Chicago a accumulé les choix comme une équipe qui sait ce qu’elle veut. Entre 2022 et 2024, Davidson a sélectionné Frank Nazar (13e), Kevin Korchinski (7e), Oliver Moore (19e), Sam Rinzel (25e), Artyom Levshunov (2e), Sacha Boisvert (19e), et bien d’autres au deuxième et troisième tour.
Mais au lieu d’assembler un noyau cohérent, l’organisation a empilé des pièces qui vont mal ensemble, avec peu de complémentarité ou de vision d’ensemble.
Nazar, petit centre ultra-rapide, commence à produire, mais est-il assez solide pour un rôle top-6 régulier dans la LNH? Peut-être. Korchinski a été envoyé trop vite dans la gueule du loup et en paie le prix. Moore n’est pas dominant offensivement. Rinzel brille ces jours-ci, mais il n’était même pas dans le plan immédiat il y a quelques mois.
Bedard est seul. Nazar progresse, Moore est un centre de troisième trio déguisé en ailier temporaire, et Levshunov, le joyau défensif sélectionné trois rangs avant Demidov, a déjà été relégué sur le troisième duo après avoir perdu sa place sur la première vague du jeu de puissance au profit de Sam Rinzel.
Et pendant ce temps-là? Ivan Demidov, celui que Davidson aurait pu obtenir, va faire ses débuts... contre Chicago, au Centre Bell. Réalité brutale.
La comparaison entre les deux clubs est devenue humiliante pour Chicago. Lundi soir, les Hawks vont aligner dix joueurs de 22 ans ou moins.
Un bel effort de rajeunissement? Peut-être. Mais quand la moitié de ton alignement est composée de "prospects" qui n’ont pas le calibre LNH, c’est un aveu d’échec.
À Montréal, la jeunesse est encadrée. Elle produit. Elle dérange l’adversaire. Elle gagne.
Demidov est prêt. Hutson est prêt. Slafkovsky est devenu une bête. Même Oliver Kapanen, un choix plus tardif, trouve une manière de contribuer. À Chicago, on aligne des jeunes pour justifier les défaites, pas pour bâtir des victoires.
Et c’est là que les critiques se multiplient : comment Hughes, avec moins de choix dans le top 5, a-t-il pu construire un groupe aussi cohérent, aussi efficace, en aussi peu de temps ?
Pourquoi Davidson, avec des actifs semblables voire supérieurs, semble-t-il tourner en rond ?
Le problème fondamental? On ne perçoit aucune colonne vertébrale claire. Les Canadiens ont Suzuki, Hutson, Caufield Slafkovsky et maintenant Demidov.
Ce sont des piliers identifiés, autour desquels on bâtit une culture et un système. À Chicago, Connor Bedard est seul dans l’œil du cyclone, avec des partenaires temporaires et des espoirs qui montent et redescendent de Rockford au gré des blessures.
L’alignement ressemble à un chantier désorganisé. Il y a de la jeunesse, oui. Mais aucune cohérence, aucun équilibre. On construit dans toutes les directions à la fois.
Le repêchage 2025 approche, et Chicago va terminer dans la cave. Une autre saison à repêcher dans le top 3. Une autre année où l’on demandera aux partisans d’être patients.
Mais jusqu’à quand ?
Davidson devrait survivre encore une saison, mais la soupe chauffe. Et si les Blackhawks sont encore une fois exclus de la course en novembre prochain, la pression pourrait devenir insoutenable.
À Montréal, Kent Hughes n’a pas le temps de regarder derrière. Il bâtit. Il avance. Il mord dans le succès.
À Chicago, Kyle Davidson regarde Hughes... et il serre les dents. Parce qu’il sait. Il sait que le vent tourne. Et que s’il ne réagit pas vite, il ne survivra pas à sa propre reconstruction.