Congédiement à Montréal: Geoff Molson crée la commotion

Congédiement à Montréal: Geoff Molson crée la commotion

Par David Garel le 2025-08-14

La nomination d’Enrick Corneau comme nouvel adjoint à l’entraîneur vidéo du Canadien de Montréal aurait dû passer inaperçue.

Une note de bas de page dans la routine estivale du club. Et pourtant, derrière cette annonce synonyme de détail, se cache une histoire beaucoup plus trouble.

Une histoire dont personne ne parle. Une histoire qui commence par un nom : Éric Gravel.

Officiellement, le CH n’a jamais annoncé son départ. Aucune ligne, aucune mention, aucun remerciement. Rien.

Or, sans ce départ, jamais Enrick Corneau n’aurait pu entrer dans l’organigramme de l’équipe. La vérité, c’est qu’un homme a été remercié. Et pas n’importe qui.

Éric Gravel travaillait pour le Canadien depuis février 2015. Il était l’adjoint de Daniel Harvey, l’entraîneur vidéo principal depuis 2022.

À l’interne, Gravel était reconnu pour sa compétence, sa rigueur et surtout son sa chimie avec le groupe d'entraîneur.

Il était apprécié de tous. Et plus particulièrement de Martin St-Louis, l’entraîneur-chef, qui voyait en lui un collaborateur loyal et efficace.

Mais voilà que, sans explication, Gravel a été écarté. Rayé. Mis dehors.

Dans un monde normal, un tel départ aurait été expliqué. Surtout dans une organisation aussi surveillée que le Canadien.

Mais cette fois, rien. Pas un mot de Kent Hughes. Pas un mot de Jeff Gorton. Et surtout, aucun mot de Martin St-Louis, dont l’attachement envers Gravel était pourtant bien connu.

C’est ce silence qui rend l’affaire troublante. Comme si on ne voulait pas que ça se sache. Comme si on avait quelque chose à cacher.

Selon les informations du journaliste Maxime Truman, ce n’est pas Martin St-Louis qui aurait demandé ce congédiement.

Au contraire. Il aurait été pris de court. Et certains parlent même d’un malaise entre St-Louis et la haute direction à ce sujet. Car le « call » serait venu d’en haut. D’aussi haut que Geoff Molson lui-même.

Un congédiement signé Molson?

Depuis plusieurs jours, les rumeurs s’accumulent. Pourquoi Geoff Molson s’impliquerait-il personnellement dans le congédiement d’un adjoint à l’entraîneur vidéo? Ce n’est pas exactement son rayon d’action.

Le silence du propriétaire laisse place au doute. Et ce doute, il contamine tout.

Depuis quelques jours, l’affaire se propage dans les couloirs du Centre Bell. Plusieurs employés de soutien, du personnel hockey jusqu’aux responsables de la logistique, se posent des questions.

Si Éric Gravel peut être mis à la porte sans avertissement, pour des raisons nébuleuses, qui sera le prochain?

Certains y voient un virage plus autoritaire de Geoff Molson, décidé à serrer la vis, surtout quand il est question d'argent.

D’autres y voient une fracture entre la haute direction et l’équipe d’entraîneurs. Une fracture qui pourrait se traduire par une méfiance grandissante, un climat de travail alourdi… et des conséquences sur la glace.

Dans tout ce brouillard, un nom émerge : Enrick Corneau. Celui qui vient remplacer Gravel. Celui qu’on présente comme le nouveau bras droit de Daniel Harvey. Officiellement, il n’y est pour rien dans cette histoire. Mais son arrivée n’est pas neutre. Elle crée une tempête.

Corneau est un jeune analyste vidéo ambitieux, mais il n’a pas l’expérience de Gravel. Il n’a pas non plus la relation établie avec Martin St-Louis et les joueurs. Il devra composer avec ce vide, avec cette absence non expliquée qui plane dans son bureau.

Et surtout, il devra travailler avec une équipe qui, pour l’instant, ne comprend pas pourquoi Gravel a été écarté.

Une nouvelle ère de méfiance?

Ce n’est pas un scandale à la Marc Bergevin. Ce n’est pas un scandale sportif. Mais c’est peut-être plus vicieux. Parce qu’il s’agit ici d’un employé apprécié, discret, loyal… Et qu’on l’a laissé partir dans l’ombre, sans explication, sans reconnaissance.

Le Canadien avait l’occasion de montrer qu’il pouvait gérer les choses avec transparence et respect, même lorsqu’il y a faute. Il a choisi le silence

Et ce silence, aujourd’hui, résonne plus fort que le fracas d’une annonce officielle.

Le grand patron du Canadien n’a jamais eu peur de congédier, de couper, d’imposer un virage brutal lorsque cela sert ses intérêts.

Il l’a prouvé lorsque 159 employés des loges du Centre Bell, tous syndiqués, ont été remerciés sans ménagement à la veille d’un match contre les Sénateurs d’Ottawa la saison dernière.

À peine deux heures avant le début de la rencontre, une réunion expéditive a mis fin à leur emploi, causant des malaises, des larmes, et même des crises d’angoisse chez certains employés. Le choc a été immense.

Dans les faits, c’était une décision tactique, calculée. Le Groupe CH voulait éviter de renouveler la convention collective, éviter la pression syndicale, éviter les revendications salariales.

Alors on a balayé. On a « réorganisé ». On a laissé aux propriétaires de loges le soin d’embaucher eux-mêmes, ou encore de passer par une agence externe.

Résultat : on remplace une équipe loyale, expérimentée et appréciée par une structure plus manipulable. Moins coûteuse. Moins revendicatrice.

Et dans le cas d’Éric Gravel, c’est peut-être exactement le même réflexe qui s’est produit. Un geste unilatéral, venu d’en haut.

Une mise à la porte sans égard pour les années de loyauté, ni pour l’attachement du personnel d’entraîneurs. 

Mais ici, ce n’est pas d’un hôte ou d’une hôtesse dont il est question. C’est d’un membre du personnel hockey. Un homme de hockey.

Un homme engagé par Martin St-Louis lui-même, sous l’ère Gorton-Hughes. Un homme qui avait sa place dans l’équipe, qui était intégré au processus quotidien, qui contribuait aux performances du club. Et qu’on a pourtant remercié comme s’il n’était qu’un figurant de fond. Comme s’il ne comptait pas.

C’est là que la commotion se fait plus sourde. Car si même un entraîneur adjoint respecté peut être largué sans explication, sans réaction publique, sans remerciement… alors plus personne n’est à l’abri.

Ni au Centre Bell, ni dans les bureaux de Brossard, ni dans les gradins luxueux des loges corporatives.

Au fond, cette histoire d’Éric Gravel est peut-être le symptôme d’un problème plus grand : une organisation en quête de contrôle, prête à sacrifier ses gens, qu’ils soient serveurs ou coachs, pour imposer une logique d’efficacité à tout prix.

Ce congédiement résonne... comme un avertissement...