Congédiement à New York, Alexis Lafrenière à Montréal: la revanche de Jeff Gorton

Congédiement à New York, Alexis Lafrenière à Montréal: la revanche de Jeff Gorton

Par Marc-André Dubois le 2025-04-08

Le fiasco qui se déroule actuellement à New York est une humiliation retentissante pour l’une des plus grandes franchises de la LNH.

Les Rangers de New York, présentés en début de saison comme des aspirants sérieux à la Coupe Stanley, sont aujourd’hui la honte de la ligue. Une équipe désorganisée, mal dirigée, dépourvue d’identité et brisée par une gestion égocentrique et inefficace.

Et pendant que tout s’effondre au Madison Square Garden, un homme doit étouffer un rire amer dans son bureau montréalais : Jeff Gorton.

Oui, celui-là même que les Rangers ont sacrifié, humilié, poignardé dans le dos au profit de Chris Drury, son adjoint de l’époque.

Aujourd’hui vice-président des opérations hockey du Canadien de Montréal, Jeff Gorton regarde son ancien club couler, et son bourreau avec.

Le conflit Gorton-Drury est l’un des plus amers de l’histoire récente de la LNH. Gorton, artisan du renouveau des Rangers, avait amorcé une reconstruction brillante.

Il avait également été derrière l’acquisition de Mika Zibanejad, l’ajout d’Artemi Panarin, et la stabilisation d’une formation qui reprenait enfin du galon dans l’Est.

Mais Gorton était un homme de patience et de stratégie — pas un politicien. Et Drury, lui, rêvait du trône. Il est allé directement voir le propriétaire James Dolan pour lui vendre une vision plus “agressive” du succès, évinçant sournoisement Gorton du projet qu’il avait bâti de ses mains. Une trahison pure et simple.

Depuis? Le cirque. Une décision catastrophique après l’autre. Drury a brûlé les étapes, offert des contrats trop lourds, viré Gerard Gallant pour confier l’équipe à Peter Laviolette, perdu des morceaux importants pour tenter de sauver les meubles, et surtout, maltraité Alexis Lafrenière à un point où le jeune ailier pourrait bien devenir disponible cet été.

Avec 43 points en 77 matchs et un contrat de 52,15 M$ sur 7 ans qui lui colle maintenant à la peau comme une étiquette de flop, Lafrenière est devenu le bouc émissaire de toute l’organisation.

Le journaliste Larry Brooks l’humilie publiquement. Les partisans le traitent de clown. Et Chris Drury le laisse se noyer.

Mais voilà : Drury est sur le point de se faire congédier. Les médias new-yorkais n’en peuvent plus. Les fans non plus. Plusieurs réclament ouvertement le retour de Jeff Gorton pour remettre de l’ordre dans le chaos. La revanche ultime.

Et pendant que le feu fait rage à Manhattan, la porte s’entrouvre à Montréal. Un nouveau directeur général à New York voudra très probablement tourner la page sur le dossier Lafrenière. Et qui, mieux que Jeff Gorton, connaît les détails de son développement, ses besoins, ses limites et son potentiel?

Lafrenière à Montréal : ce n’est plus un fantasme. C’est une opportunité politique, symbolique et sportive. Il s’agirait d’un geste de revanche totale pour Gorton, qui rapatrierait à Montréal le joyau qu’on l’a empêché de faire briller à New York.

Et surtout, il pourrait offrir à Lafrenière un nouveau départ, dans un marché qu’il connaît, avec des gens qui croient encore en lui.

Depuis plusieurs mois, les rumeurs les plus folles ont circulé autour de Lafrenière. On l’a envoyé à Ottawa dans un échange impliquant Brady Tkachuk.

On a même dit qu’il avait été proposé à Vancouver dans une transaction pour ramener J.T. Miller à New York. Chaque fois, c’était la panique dans sa famille.

Les parents de Lafrenière, installés sur la Rive-Nord de Montréal, ont vécu une saison de stress continu. Ce n’est pas seulement un jeune joueur qui vit une pression insoutenable, c’est tout un entourage qui s’effondre avec lui.

Et il faut aussi se rappeler une chose : Jeff Gorton a juré qu’il ne quitterait pas son poste à Montréal avant d’avoir gagné la Coupe Stanley.

 Il l’a dit. Il le répète. Il en a fait une mission personnelle. Et il sait que pour y arriver, il devra ajouter du talent pur à l’avant. Or, quoi de mieux qu’un ailier de puissance, francophone, repêché premier au total, encore jeune, qui deviendrait le projet de Martin St-Louis?

Dans les coulisses, plusieurs agents et dirigeants le savent : si un nouveau DG prend les rênes à New York, la première chose qu’il fera, ce sera de nettoyer les dossiers chauds. Et le dossier Lafrenière est en tête de liste.

Ce sera alors à Jeff Gorton d’agir. De frapper vite. Et de faire ce que Drury n’a jamais su faire : offrir à Lafrenière un environnement stable, cohérent, humain.

La suite pourrait bien réécrire deux histoires : celle d’un joueur trop vite condamné, et celle d’un bâtisseur trahi qui refuse de tomber avant d’avoir tout reconquis.

Parce que le réel champion, dans cette saga new-yorkaise, ce n’est pas celui qui a le bureau au Madison Square Garden.

C’est celui qui prépare la réplique, patiemment, à Montréal.

Go Gorton go!