Congédiement de Jeff Gorton: Chris Drury rajoute de l'huile sur le feu

Congédiement de Jeff Gorton: Chris Drury rajoute de l'huile sur le feu

Par David Garel le 2024-12-31

La rivalité entre Chris Drury et Jeff Gorton atteint de nouveaux sommets.

Alors que les Rangers font face à une vague de critiques pour leur incapacité à franchir un cap décisif malgré des années de reconstruction, Drury semble déterminé à rejeter la faute sur son ancien patron, Jeff Gorton, qu’il accuse d’être responsable des échecs passés.

Pour Chris Drury, les erreurs du passé continuent de hanter l’organisation. Dans ses déclarations, il pointe directement les décisions prises sous l’ère Gorton, notamment :

Le contrat à long terme de Jacob Trouba : Considéré comme excessif pour un défenseur qui, bien qu’efficace, n’a jamais été une véritable pièce maîtresse. Ce contrat limite la flexibilité salariale des Rangers.

Les sélections manquées : Les échecs successifs de Lias Andersson (7e au total en 2017), Vitali Kravtsov (9e en 2018), et Kaapo Kakko (2e en 2019) continuent de peser lourdement.

Les propos de Drury sont tellement forts, qu'ils finissent même par influencer les patrons médiatiques du Québec.

Les doutes s’intensifient aussi autour de certaines décisions cruciales prises lors des repêchages récents à Montréal. Parmi les voix critiques, celle de Sylvain Chamberland, ancien directeur de l’information chez TVA et Radio-Canada ainsi qu’ancien vice-président chez Quebecor Média, est sans pitié.

Il n'a pas hésité è envoyer Jeff Gorton sous l'autobus dans l'extrait vidéo suivant:

Chamberland, connu pour grande connaissance du sport, a été cinglant face aux sélections de Juraj Slafkovsky en 2022 et de David Reinbacher en 2023.

Il aurait préféré voir Logan Cooley, sélectionné au 3e rang par les Coyotes de l’Arizona en 2022, et Matvei Michkov, pris au 7e rang par les Flyers en 2023, intégrer l’organisation du Canadien car "leurs plafonds est beaucoup plus élevés que Slaf et Reinbacher.

Cooley aurait donné au Canadien ce qu’il manque cruellement : un centre d’élite capable de transformer une équipe alors que Matvei Michkov était le talent générationnel dont Montréal avait besoin. 

Chamberland s'inquiète du contrat consenti à Slafkovsky et le compare au contrat que Gorton a donné à Jacob Trouba. Il se demande aussi si Gorton a répété les mêmes erreurs de repêchage de New York à Montréal. 

David Reinbacher va-t-il rentrer dans la même catégorie des Kakko, Andersson, Kravtsov et compagnie?

Chris Drury a réussi son objectif: placer le doute dans la tête des Montréalais, même chez les plus grands patrons des plus grands médias du Québec.

La rivalité entre le directeur général des Rangers de New York, et Jeff Gorton est bien plus qu’un conflit personnel.

Elle est le symbole des tensions et des conséquences d’années de décisions controversées et de luttes de pouvoir au sein de l’une des franchises les plus historiques de la LNH.

Aujourd’hui, Drury, acculé par les critiques sur sa gestion actuelle, rejette la responsabilité des échecs des Rangers sur Gorton, en pointant du doigt les sélections désastreuses et les contrats lourds hérités de son prédécesseur.

Est-ce de mauvaise foi? 

Oui et non. Car il faut l'avouer. Durant son passage comme DG des Rangers, Jeff Gorton a eu plusieurs occasions en or pour transformer l’avenir de la franchise grâce à des choix au repêchage dans le top 10 entre 2017 et 2020.

Malheureusement, des décisions douteuses ont coûté aux Rangers des joueurs d’impact qui auraient pu les mener à la gloire.

Andersson, 7e au total en 2017, est l’un des plus gros flops de l’histoire des Rangers. Pendant ce temps, des talents comme Nick Suzuki (13e choix) ou Jason Robertson (39e choix) étaient encore disponibles. Ces joueurs auraient comblé des lacunes majeures dans l’alignement.

Vitali Kravtsov, 9e au total, 2018, a été choisi pour son potentiel offensif, Kravtsov n’a jamais répondu aux attentes. Les Rangers ont manqué Evan Bouchard (10e choix) et Noah Dobson (12e choix), deux défenseurs qui brillent aujourd’hui dans la LNH.

Gorton n'a pas écouté ceux qui disaient que Kravtsov était un choix trop risqué. Mais il a écouté ceux qui dénigraienrt Matvei Michkov. Misère.

Kaapo Kakko, 2e au total, 2019, a été un échec total, Kakko n’a jamais atteint le potentiel associé à son rang. Pendant ce temps, Cole Caufield (15e choix) et Moritz Seider (6e choix) sont devenus des stars de leurs équipes respectives.

Alexis Lafrenière, 1er au total en 2020, n'est pas une catastrophe. Mais même si Lafrenière montre des signes de progression, il reste loin des performances de Tim Stützle (3e choix) ou Lucas Raymond (4e choix).

Ces échecs successifs ont privé les Rangers d’une génération dorée de joueurs. Si Gorton avait maximisé ces opportunités, les Rangers auraient aujourd’hui un noyau de joueurs capables de transformer l’équipe en prétendante à la Coupe Stanley.

Cela n'enlève pas le fait que Chris Drury, alors adjoint de Gorton, a fait congédier ce dernier de manière honteuse et inhumaine.

Drury n’a jamais caché son ambition de devenir DG. Selon plusieurs sources, Drury aurait directement approché le propriétaire des Rangers, James Dolan, pour plaider en faveur du renvoi de Gorton et de son bras droit, John Davidson, en 2021.

Ces manigances auraient scellé le sort de Gorton, le privant de la chance de finaliser son projet de reconstruction.

Drury a justifié cette trahison en mettant l’accent sur les erreurs de Gorton. Cependant, les critiques estiment que Drury a utilisé ces erreurs comme prétexte pour s’emparer du poste de façon malhonnête.

La rivalité entre Gorton et Drury ne s’est pas limitée aux coulisses. Depuis leur séparation, les deux dirigeants se sont lancés des flèches à travers les médias.

Chris Drury a été cinglant.

"L’héritage de Gorton a laissé des trous dans notre alignement qui sont impossibles à combler rapidement. Ces décisions ont retardé notre progression."

Jeff Gorton a répliqué du tac au tac.

"Je suis fier de ce que nous avons construit à New York. Les fondations sont solides, et ce sont les dirigeants actuels qui doivent prouver qu’ils peuvent construire dessus."

Ces déclarations montrent une tension constante, avec Drury tentant de détourner les critiques de ses propres erreurs et Gorton cherchant à protéger son héritage.

Aujourd’hui, Jeff Gorton a une nouvelle mission : ramener la Coupe Stanley à Montréal. Chaque décision qu’il prend est pour rappeler à Drury qu'il est meilleur que lui. Chaque victoire du Canadien sera un pied de nez à son ancien adjoint.

Pour Drury, la pression monte à New York. Les Rangers, malgré des acquisitions clés comme Artemi Panarin et Adam Fox (recrutés sous Gorton), sont en train de chuter.

Le congédiement de Drury est maintenant demandé chez les fans des Rangers.

Drury, sous pression publique maximale, utilise alors les erreurs de Gorton comme bouclier pour détourner les critiques de sa propre gestion.

Pourtant, Drury refuse de se regarder dans le miroir. Sa gestion, marquée par des choix discutables et une incapacité à maximiser les talents disponibles, a elle aussi contribué à la chute des Rangers.

Ses décisions, comme l’incapacité à renforcer le groupe de soutien autour d’Artemi Panarin et Mika Zibanejad ou à faire progresser Alexis Lafrenière et Kakko, soulignent ses propres lacunes.

Depuis son arrivée à Montréal, Jeff Gorton est en quête de rédemption. Déterminé à rebâtir les Canadiens avec Kent Hughes, il vise à prouver que les critiques de Drury sont infondées.

Cependant, les défis sont immenses. Les partisans montréalais, exigeants et impatients, scrutent chaque décision avec attention.

Le choix de David Reinbacher au repêchage de 2023, en passant sur Matvei Michkov, et les performances fluctuantes de joueurs comme Kirby Dach continuent d’alimenter les débats.

Mais Gorton reste confiant, affirmant que la progression est visible et que les arrivées d'Ivan Demidov et Michael Hage la saison prochaine vont transformer l'équipe.

La rivalité entre Drury et Gorton dépasse le cadre personnel. Elle illustre deux philosophies de gestion différentes et deux visions pour l’avenir de leurs équipes respectives.

Alors que Drury lutte pour justifier ses choix à New York, Gorton cherche à transformer Montréal en une équipe championne.

Leurs trajectoires, intimement liées, pourraient déterminer le succès ou l’échec des deux franchises dans les années à venir.

Pour Gorton, chaque victoire future des Canadiens sera une réplique directe à Drury et à ceux qui doutent de ses capacités.

Pour Drury, chaque revers des Canadiens sera une validation de ses critiques. Cette rivalité est loin d’être terminée.

Les deux hommes ne doivent pas se croiser dans la rue. Ça va finir en bagarre.