Ce soir, pour la première fois depuis le début de la saison chaotique du Canadien de Montréal, les regards ne se tournent pas vers Martin St-Louis.
Habituellement, après une défaite humiliante ou une performance décevante, les partisans et les analystes réclament le congédiement de l’entraîneur-chef.
Après le revers en prolongation de 3-2 contre le Utah Hockey Club, St-Louis aurait encore dû être visé par les médias, surtout que le CH a seulement tiré 13 fois au filet et s'est fait donner une autre leçon de hockey.
Mais ce soir, c’est un autre homme qui est dans la ligne de mire : Kent Hughes. Le directeur général, pourtant choisi comme artisan de la reconstruction, est désormais vu comme le principal architecte d’une véritable débâcle nationale.
La soirée a pris une tournure dramatique lorsque Logan Cooley, a littéralement dansé autour de Juraj Slafkovsky. Ce dernier, premier choix au total en 2022, n’a jamais semblé en mesure de rivaliser.
Le pauve Slafkovsky a joué à peine 11 minutes ce soir, le joueur le moins utilisé.
Cooley, sélectionné immédiatement après lui, a démontré tout le contraire : vitesse, créativité et confiance. Pendant que Cooley multipliait la magie sur la glace avec 22 minutes de temps de jeu, Slafkovsky errait comme une ombre, incapable de suivre le rythme sur le 4e trio du CH.
C’est l’humiliation ultime pour Kent Hughes, qui avait fait le pari risqué de sélectionner Slafkovsky au premier rang.
Deux ans plus tard, ce pari semble être un échec monumental. Slafkovsky n’a jamais trouvé ses repères dans la LNH.
Fantôme d’un joueur que l’on présentait comme un futur pilier, il représente aujourd’hui l’une des décisions les plus controversées de l’histoire récente du CH.
Comme si cela ne suffisait pas, Matvei Michkov continue de briller sous les projecteurs. Le Russe, évité par plusieurs équipes lors du repêchage 2023 en raison de questions sur son contrat en KHL, est désormais le favori pour le trophée Calder, remis à la meilleure recrue de la ligue.
Sa créativité, son flair offensif et son impact immédiat le placent parmi les jeunes joueurs les plus électrisants de la LNH.
Pendant ce temps, David Reinbacher, le cinquième choix du même repêchage, est coincé sur la touche après une blessure grave.
Hughes avait misé sur le défenseur autrichien comme une pièce maîtresse de son plan de reconstruction. Mais l’absence prolongée de Reinbacher a mis en lumière la précarité du pari, et plusieurs experts commencent à se demander s’il ne deviendra pas le Kirby Dach des défenseurs : un joueur dont les blessures et l’irrégularité limiteront l’impact.
Kirby Dach, justement, incarne parfaitement l’échec du règne de Kent Hughes. Acquis à prix fort en échange d’un 13e choix au total obtenu pour Alex Romanov, Dach devait être le centre de deuxième trio tant attendu.
Mais aujourd’hui, Dach n’a plus rien du joueur que les fans espéraient. Blessures, manque de constance et performances décevantes ont marqué son passage à Montréal et il y a lieu de se demander s'il est vraiment un joueur de la LNH au moment où l'on se parle.
Pire encore, cette transaction a coûté au Canadien une chance de repêcher un jeune talent comme Jonathan Lekkerimaki.
Hughes a misé sur un joueur déjà en difficulté à Chicago, et cette décision hante aujourd’hui l’organisation.
Là où Martin St-Louis a souvent servi comme le principal coupable, Kent Hughes échappait généralement aux critiques directes.
Mais ce soir, cette dynamique a changé. Les fans ne sont plus naïfs. Ils voient clairement que les décisions de Hughes ont conduit l’équipe dans une impasse.
Juraj Slafkovsky s'effondre. Premier choix au total en 2022, il n’affiche pas le niveau d’un joueur élite. Encore moins le niveau d'un joueur qui va empocher 7,6 M$ par année étalés sur 8 ans.
David Reinbacher s'effondre avant même de jouer. Choisi avant Michkov, il est déjà freiné par les blessures. Et avant d'être sur la touche, on pouvait le voir la peur au ventre quand il joue et un manque de "swag' évident au niveau sportif et social.
Kirby Dach est déjà fini. Physiquement et mentalement. Une acquisition coûteuse qui n’a pas porté fruit.
On pourrait continuer comme ça pendant longtemps.
Plus qu’une série de mauvaises décisions, c’est une culture de country club qui semble s’être installée à Montréal sous la direction de Kent Hughes.
On parle d’une équipe sans identité claire, où les jeunes joueurs ne sont ni protégés ni poussés à se dépasser.
Martin St-Louis, bien que critiqué pour son approche parfois trop douce, n’a jamais été équipé pour réussir.
Hughes lui a fourni une équipe déséquilibrée, composée de joueurs blessés, surévalués ou mal préparés pour la meilleure ligue au monde.
Les partisans du CH en ont assez. Ils voient d’autres équipes, comme les Sharks et les Flyers, progresser grâce à des choix judicieux au repêchage et à une gestion claire.
Même si ces équipes perdent aussi plus souvent qu'autrement, on peut voir que la reconstruction va finir par payer ses fruits.
À Montréal, on semble condamné à une reconstruction éternelle, sans plan concret ni direction.
Ce soir, les appels au changement se concentrent sur Kent Hughes. Pour la première fois depuis son arrivée, c’est lui qui est vu comme le véritable problème. Les fans réclament des actions, et non des promesses vides.
Kent Hughes a été présenté comme l’homme de la situation, celui qui ramènerait le Canadien à sa gloire passée.
Mais aujourd’hui, ses décisions semblent avoir enterré l’équipe encore plus profondément. Les partisans, frustrés et désabusés, n’attendent plus des promesses de « développement » ou des explications sur la patience. Ils veulent des résultats.
Le Centre Bell, autrefois le temple du hockey, est devenu un théâtre de désillusion. Et ce soir, les projecteurs ne sont pas braqués sur Martin St-Louis, mais bien sur Kent Hughes, le véritable responsable de ce désastre.
L’homme qui devait redresser le navire semble avoir perdu la boussole. Avec une équipe en pleine déroute, des jeunes mal encadrés, et des décisions discutables à tous les niveaux, Hughes est perçu comme le principal responsable du marasme actuel.
Le Canadien de Montréal, une organisation fière de son histoire, mérite mieux. Les fans, fatigués de voir leur équipe stagner, demandent des réponses et des actions concrètes.
Et pour la première fois, ils regardent Kent Hughes comme le véritable problème.
Le temps presse pour le directeur général, car la patience des partisans et des médias s’effondre rapidement.
Kent Hughes bénéficie d’un privilège que peu de dirigeants peuvent se vanter d’avoir : un filet de sécurité solide et, pour le moment, intact.
Sa relation étroite avec Jeff Gorton, vice-président aux opérations hockey, agit comme un bouclier face aux critiques. et ceux qui demandent son congédiement.
En tant que meilleur ami et allié stratégique, Gorton a clairement protégé Hughes à plusieurs reprises, évitant que le marteau ne tombe sur lui malgré les nombreuses erreurs accumulées.
Mais cette immunité va bien au-delà de l’amitié. Hughes profite également d’une réalité unique au Québec : l’exigence culturelle qu’un directeur général du Canadien de Montréal parle français.
Ce critère, essentiel pour de nombreux partisans et pour l’identité même de l’équipe, place Hughes dans une position bien protégée.
Car dans un autre marché, sans cette obligation linguistique et sans l’ombre bienveillante de son ami, son congédiement aurait probablement déjà été confirmée et Gorton aurait déjà été nommé comme son remplaçant.
Le temps de se cacher derrière la reconstruction est terminé.
La reconstruction ne peut plus servir d’excuse indéfiniment. Si l’on comprend que bâtir une équipe gagnante nécessite du temps, il arrive un moment où les résultats doivent suivre, où la progression doit être sentie, où les décisions doivent porter leurs fruits, et où les discours doivent céder la place aux actions.
Ce moment approche à grands pas pour Kent Hughes.
Les partisans, les médias et même certains membres de l’organisation commencent à perdre patience. Hughes ne peut plus se réfugier derrière son rôle d’ancien agent de joueurs, souvent perçu comme hésitant et sans le courage de confronter ses joueurs.
Le temps est venu de prouver qu’il est capable de prendre des décisions courageuses, même si elles impliquent des choix difficiles et impopulaires.
Pour l’instant, Jeff Gorton continue de défendre Hughes, mais cette protection n’est pas éternelle. Gorton, un dirigeant expérimenté et de la vielle école, sait qu’il ne pourra pas se permettre de voir son propre projet de reconstruction s’effondrer à cause des lacunes de son directeur général.
Si Hughes ne redresse pas rapidement la situation, Gorton pourrait être contraint de prendre les rênes lui-même, sacrifiant son amitié pour le bien de l’organisation.
Kent Hughes se retrouve à un carrefour. Il a encore une chance de changer le narratif et de montrer qu’il est plus qu’un DG novice, plus qu’un ancien agent qui hésite à prendre des risques.
Mais cette chance ne durera pas éternellement. Les fans, fatigués d’attendre, veulent des résultats. Et à Montréal, une ville où le hockey est une religion, la patience est une vertu rare.
Hughes doit agir maintenant, car si la tempête continue de s’aggraver, même l’amitié avec Jeff Gorton et l’exigence linguistique ne pourront plus le sauver.
Le moment de vérité est arrivé, et le Québec tout entier attend de voir si Kent Hughes est à la hauteur de la tâche qu’il a acceptée, ou s’il ne restera qu’une parenthèse décevante dans l’histoire de cette organisation légendaire.