C’est une véritable commotion qui a secoué le paysage de la LNH en ce début de mois de juin : les Stars de Dallas ont congédié Peter DeBoer, l’un des entraîneurs les plus expérimentés du circuit Bettman, malgré une fiche remarquable en saison régulière et en séries. (trois finales de conférences de suite).
Et pendant que la poussière retombe dans les couloirs de l’American Airlines Center, une chose est déjà claire dans les échos médiatiques du Texas : si Martin St-Louis n’avait pas été prolongé par le Canadien de Montréal l’année dernière, il serait aujourd’hui à Dallas.
Jim Nill, le directeur général des Stars, ne s’est pas caché. Il voulait un changement. Mais pas n’importe lequel. Il cherche un entraîneur “player”, un coach moderne, connecté à ses joueurs.
« Un coach qui comprend ce que vivent les gars, qui peut bâtir une relation de confiance et pas juste imposer sa loi comme un général », a-t-il laissé entendre aux journalistes locaux.
Une déclaration qui sonne comme un procès à peine voilé envers Peter DeBoer, décrit par plusieurs comme un stratège froid, autoritaire, difficile à suivre dans les moments cruciaux.
Et qui incarne mieux le contraire de DeBoer dans la LNH actuelle que Martin St-Louis?
L’entraîneur de l’avenir… déjà pris..
Le discours à Dallas est clair comme de l'eau de roche: les Stars veulent un coach à la St-Louis. Un meneur d’hommes. Un motivateur. Un professeur, mais aussi un confident.
Plusieurs journalistes de Dallas ont même affirmé que St-Louis aurait été embauché « sur-le-champ » si Kent Hughes ne l’avait pas attaché au CH avec un contrat faramineux de 5 millions par saison jusqu’en 2027.
Oui, 5 millions. Troisième plus gros salaire de la LNH pour un entraîneur-chef, derrière Mike Sullivan (6 M$) à New York et Jon Cooper (5,3 M$) à Tampa Bay. Mais attention, même si St-Louis n’est pas le mieux payé, il est aujourd’hui de loin le plus riche coach de toute l’histoire de la LNH.
Avant même de toucher son premier chèque à 5 millions du Canadien, Martin St-Louis était déjà un homme d’affaires redoutable.
Le CH a placé St-Louis dans une autre galaxie. Il a investi, engrangé, et aujourd’hui, il récolte la protection de ne pas perdre son coach.
Tout ça, alors que St-Louis touche désormais 5 millions de dollars US par an comme entraîneur du Tricolore, ce que plusieurs personnes trouvent indécent. Mais la réalité est que St-Louis serait un coach des Stars au moment où l'on se parle s'il avait été congédié par Kent Hughes.
La fin de règne de Peter DeBoer à Dallas n’a rien d’un échec pur. 149 victoires en trois saisons. Trois participations aux séries. Une finale d’association. Mais une troisième élimination crève-cœur, deux fois face à Edmonton, et surtout… une cassure avec les joueurs.
Le congédiement a été précipité par un incident révélateur : le retrait de Jake Oettinger, gardien étoile, après deux tirs et deux buts en match éliminatoire.
DeBoer a justifié sa décision, parlant d’un électrochoc nécessaire. Mais ce qu’on a compris à Dallas, c’est que le vestiaire ne le suivait plus. Et dans un monde où les joueurs vedettes exigent plus de respect, plus d’écoute, plus de collaboration… DeBoer faisait figure de dinosaure.
C’est là que St-Louis apparaît comme l’anti-DeBoer parfait. Et ça rend la décision de Kent Hughes, de l’avoir blindé pour trois saisons à 5 millions l’an, encore plus brillante. En l’espace de deux ans, Martin St-Louis est passé de coach sans expérience à modèle pour une organisation qui rêve de la Coupe Stanley.
On peut critiquer sa gestion des trios. Sa patience envers certains jeunes. Sa proximité avec ses joueurs. Mais une chose est sûre : Martin St-Louis est aujourd’hui l’un des entraîneurs les plus respectés et désirés de la LNH.
Son charisme, son approche humaine, sa capacité à inspirer sans dominer, font de lui un modèle dans une ligue qui se modernise à la vitesse grand V.
Et avec Dallas qui jette DeBoer par-dessus bord, le message est clair : l’ère des entraîneurs autoritaires, distants et inflexibles tire à sa fin. Place aux coaches “player”, à la St-Louis.
Il faut le dire sans détour : si Kent Hughes ne l’avait pas signé à long terme, Martin St-Louis serait aujourd’hui en route vers le Texas.
L’intérêt des Stars était réel, et il n’y a rien d’illogique à ça. Un coach passionné, aimé par ses joueurs et par la base partisane la plus exigeante au monde? Il n’y a pas deux Martin St-Louis.
Mais attention : dans ce grand cirque médiatique qu’est le hockey à Montréal, Martin St-Louis a été traité comme un moins que rien par les mauvaises langues.
Jean-Charles Lajoie, figure de plus en plus décriée de TVA Sports, avait annoncé avec une assurance méprisante que Martin St-Louis allait démissionner avant Noël dernier.
Il parlait comme s’il détenait l’info béton, comme si la chute du coach était inévitable, comme s’il avait en main le scoop de l’année. Il n’avait rien, sinon une obsession malsaine pour créer le chaos. Résultat? Non seulement St-Louis n’a jamais démissionné, mais il a été récompensé par une prolongation de contrat historique, ce qui fait de lui l’un des entraîneurs les mieux payés du circuit.
Et ironie du sort, voilà que les Stars de Dallas, après avoir congédié Peter DeBoer, cherchent exactement un coach… comme Martin St-Louis.
Alors, qui rit maintenant? Lajoie, avec sa déclaration grotesque, a vu la réalité lui exploser au visage. Pendant que TVA Sports se prépare à perdre les droits de la LNH et que l’avenir de sa propre chaise est plus instable que jamais, c’est Martin St-Louis qui sort grandi, adulé et, surtout, blindé financièrement.
Le karma, parfois, c’est une leçon d’humilité en pleine face. Et dans cette histoire, c’est St-Louis qui a eu le dernier mot. Sans crier, sans frapper. Juste en gagnant le respect, le temps… et le gros lot.
Ce que Dallas vient de faire, soit virer un entraîneur pourtant performant pour moderniser son leadership, est un hommage indirect à ce que le Canadien a déjà compris. En donnant 5 millions par an à St-Louis, Geoff Molson et Kent Hughes ont sécurisé bien plus qu’un entraîneur : ils ont verrouillé un symbole.
Le Canadien n’est peut-être pas encore prêt pour une conquête. Mais au moins, dans la tempête des décisions impopulaires, il a fait le bon choix : garder Martin St-Louis.
Et à 5 millions par année, il est peut-être cher… mais comme toute chose rare et précieuse : il vaut chaque cent.